Septembre 2005
ASSOCIATION POUR L’ETUDE DU PIC DU PETROLE ET DU GAZ
BULLETIN D’INFORMATION N° 57 – SEPTEMBRE 2005
L’ASPO est un réseau de scientifiques et autres, ayant pour but la détermination de la date et de l’impact du pic et du déclin de la production mondiale de pétrole et de gaz, dû aux ressources limitées.
Des sections nationales indépendantes existent ou sont en formation dans les pays suivants :en Australie, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Irlande, Italie, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas et Portugal.
Missions:
1. Evaluer les réserves mondiales de pétrole et de gaz et leurs définitions;
2. Etudier leur épuisement, en tenant compte des facteurs économiques, technologiques, politiques et de la demande;
3. Sensibiliser aux graves conséquences pour l’Humanité.
Bulletins d’information: Les bulletins d’information futurs seront compilés sous les auspices de ASPO Irlande qui tient à jour les archives complètes des numéros précédents sur www.peakoil.ie . Les éditions en langues étrangères sont disponibles comme suit :
Espagnole: www.crisisenergetica.org
Française: www.oleocene.org (cliquer sur “Newsletter”)
Toute communication peut être adressée à ASPO IRLANDE sur www.peakoil.ie
SOMMAIRE
593. Les conséquences économiques d'un pétrole cher
594. Evaluation d’un pays – les Pays-Bas
595. Les Réserves du Koweït
596. Réviser la base de données
597. Nouveaux livres
598. L’Agence Internationale de l’Energie: les prévisions 2005
599. Pétrole et Nourriture
600. La réponse du monde des investisseurs au Pic du Pétrole
601. Economiser le pétrole européen
602. Une attaque imminente contre l’Iran?
603. Le monde commence à se réveiller
604. Le New York Times évoque le pic du pétrole
605. Le pétrole léger aurait passé son pic
606. Rencontre de l'Académie Nationale des Sciences
607. Le maire de Denver prend le pic du pétrole au sérieux
Calendrier des conférences et réunions futures
Index des évaluations de pays avec la référence du bulletin d’information
Quantités (Gb) |
Débit journalier - Pétrole conventionnel (Mb/j) |
Total |
Année | ||||||||
Pétrole conventionnel |
|
2000 |
2005 |
2010 |
2020 |
2050 |
(Gb) |
du Pic | |||
Passé |
Futur |
Total |
US-48 |
4.5 |
3,4 |
2,7 |
1,7 |
0,4 |
200 |
1971 | |
Champs connus |
Nouveaux |
|
Europe |
6.3 |
5,2 |
3,7 |
1,9 |
0,3 |
75 |
2000 | |
945 |
760 |
145 |
1850 |
Russie |
6.3 |
9,1 |
8.4 |
5,4 |
1,5 |
220 |
1987 |
|
905 |
|
MO et Golfe |
19 |
20 |
20 |
20 |
12 |
680 |
1974 | |
Tous les liquides |
Autres |
28 |
28 |
25 |
17 |
6 |
675 |
2004 | |||
1040 |
1360 |
2400 |
Monde |
64 |
66 |
60 |
46 |
20 |
1850 |
2004 | |
Scénario de base de 2004 |
Débit journalier - Autres (Mb/j) |
|
| ||||||||
Le Moyen-Orient produisant à capacité |
Lourd, etc. |
1.7 |
2,3 |
3 |
4 |
4 |
151 |
2021 | |||
(reporting anormal corrigé). |
|
Eaux prof. |
1.7 |
4,8 |
7 |
6 |
0 |
70 |
2014 | ||
Le pétrole conventionnel exclut le pétrole de |
Polaire |
1.0 |
0,9 |
1 |
2 |
0 |
52 |
2030 | |||
charbon, de schiste, de bitume, lourd, en eaux |
LiquidesGN |
6.3 |
8,0 |
9 |
10 |
8 |
275 |
2027 | |||
profondes, polaire et liquides de gaz naturel. |
arrondis |
0 |
2 |
2 |
2 |
| |||||
Révision du 17/07/2005 |
|
TOTAL |
74 |
82 |
80 |
70 |
35 |
2400 |
2007 |
593. Les conséquences économiques d'un pétrole cher
L'article suivant explique comment les bourses occidentales semblent crier leurs derniers hourras avant le crash, tandis que les pays pauvres subissent déjà les conséquences de prix du pétrole élevés. Ceux-ci sont élevés parce que les capacités d'approvisionnement sont dépassées, et donc les prix ne peuvent qu'augmenter, sauf en cas de baisse de la demande. En réduisant leur demande, les pauvres aident à l'évidence à supporter la bourse pour le moment.
La crise du pic du pétrole : le point au milieu de l'été
www.fcnp.com/521/peakoil.htm
Par Tom Whipple
Le monde n'a jamais atteint son pic de production de pétrole auparavant, donc il se peut que nous ne comprenions pas ce à quoi nous assistons. Il y a quelques mois, toutes les personnes informées auraient dit qu'un pétrole à 60$ aurait provoqué un tsunami économique. Mais, ô surprise ! Nous y voici, et il semble que les affaires se poursuivent en Amérique avec des profits en bonne santé, la bourse qui grimpe toujours, et, grâce à des prix attractifs, les 4X4 et les pickups se vendent comme des petits pains aux Etats-Unis.
Jusqu'ici cet été, les prix du pétrole ont augmenté ou baissé, en fonction des ouragans qui menacent ou non les champs pétroliers offshore, des chiffres hebdomadaires des stocks de pétrole américains, et d'un soupçon de « que se passe-t-il en Chine ? ». L'Agence Internationale à L'Energie (gardienne des chiffres de l'offre mondiale de pétrole, et qui soit dit en passant n'a pas fait de pronostics réalistes récemment) nous explique que la demande — plus particulièrement celle de Chine — n'est pas au niveau supposé à ce moment de l'année, et que nous pouvons donc nous reposer un peu et profiter du reste de l'été. On n'assiste donc peut-être pas à une répétition de 1914, après tout.
Cependant, sous l'horizon radar des lecteurs les plus assidus, les premiers troubles liés au pic du pétrole commencent à se manifester. Sans surprise, l'essentiel de ces reportages vient des parties du monde les plus pauvres, où un pétrole à 60$ est simplement trop élevé pour les économies fragiles.
Voici quelques uns de ces articles:
• La semaine dernière la BBC a rapporté que des douzaines de personnes ont été tuées au Yémen dans des émeutes pour du carburant, lorsque le gouvernement a retiré les subventions, avec comme conséquence des augmentations des prix dramatiques.
• Dans toute l'Indonésie, les gens faisaient la queue aux stations services, suite aux pénuries de carburant en cours. Dans une ville, la moitié des transports publics était à l'arrêt à cause d'un manque de carburant.
• Au Zimbabwe, le gouvernement à fait le choix de libéraliser l'approvisionnement de carburant à cause d'importantes pénuries qui ont eu comme conséquences des heures d'attente pour les bus, des queues interminables aux stations services, et une pénurie de pain. Le prix de l'essence au marché noir est actuellement dix fois plus élevé que le prix officiel.
• Presque tous les pays les plus pauvres produisent de l'électricité avec des génératrices diesel. Le Nicaragua, un des pays les plus pauvres d'Amérique Centrale, a récemment commencé à éteindre l'électricité des territoires les plus pauvres entre 19 et 22H, les heures de consommation la plus forte.
• La Tanzanie, qui a les taxes sur l'essence les plus élevées d'Afrique orientale et un système de vente du pétrole chaotique, voit son envie de croissance étouffée par le pétrole cher. Le pays achemine également le carburant pour le Malawi, le Rwanda, le Congo orientale, le Burundi et l'Ouganda, des pays enclavés.
• Plus proche d'ici, Maxjet a remis au printemps prochain ses projets d'offrir des vols bon marché entre Baltimore et Londres, avec l'espoir que les prix du carburant auront baissé.
Au plus fort de l'été, la situation de l'offre et de la demande reste la même. L'OPEP doit augmenter sa production journalière de 500 000 barils, et l'activité accrue des tankers en est une preuve. Dans le même temps, la production des pays hors OPEP semble être 1,2 million de barils sous les prévisions de l'AIE pour le premier semestre.
Et donc, on s'aperçoit qu'un pétrole à 60$ et de l'essence à 2,30$ le gallon n'ont pas changé les habitudes de conduite américaines. Il n'y a pas encore de dégâts sur l'économie, et ne il pousse pas le congrès à prendre quelque action sérieuse que ce soit, hormis un projet de loi sur l'énergie sans intérêt. Avec une croissance économique en forme, la demande de pétrole aux Etats-Unis continue à augmenter.
Les Chinois continuent à revendiquer une croissance qui se porte bien, ce qui suggère une demande accrue de pétrole dans l'avenir proche.
L'OPEP et les Russes — ceux qui peuvent encore accroître leur production— semblent, en ayant augmenté leur production pour endiguer des prix qui menacent la croissance, avoir tiré leur dernière cartouche. Au même moment, une bonne partie des plus vieux puits de pétrole hors OPEP accuse des baisses de productions dramatiques.
En rassemblant les pièces de ce puzzle, il est difficile de ne pas conclure que nous sommes actuellement très proches du pic de Hubbert, et qu'un jour, on déclarera que 2005 fut l'année du pic de production de pétrole.
(Référence fournie par William Tamblyn)
594. Evaluation d’un pays – les Pays-Bas
Les Pays-Bas sont un pays relativement petit de 42 000 km² sur la côte nord-ouest de l'Europe. Ils reposent sur le delta du Rhin et sont frontaliers de l'Allemagne et de la Belgique. Une large mer intérieure partiellement reprise, connue comme la mer de Zuider, s'étend dans la mer du Nord, tandis qu'une chaîne d'îles court parallèlement à la côte. La majorité du pays est d'une faible hauteur, avec environ un cinquième sous le niveau de la mer derrière un système complexe de digues, certaines existant depuis le moyen-âge. Le delta s'enfonce et la mer monte, rendant le pays de plus en plus vulnérable aux inondations: une telle inondation en 1953 causée par des orages et de grandes marées a coûté la vie a près de 2000 personnes. La population du pays est passée d'environ 3 millions vers 1850 à 16 millions de nos jours, en en faisant une région très peuplée avec une densité de population de 400/Km², dont environ 5% sont des immigrants Musulmans, beaucoup d'anciennes colonies.
Pays-Bas Pétrole conventionnel Gaz Tcf Population M 8.8 Taux Mb/j Tcf/a Consommation 2004 1.0 1.5 par personne b/a (Mcf/a) 23 0.1 Production 2004 0.044 2.4 Prévision 2010 0.033 2.4 Prévision 2020 0.021 2.4 Découverte moyenne à 5 ans Gb 0.001 .01 Quantité Gb Tcf Production Passée 0.87 82 Réserves prouvées rapportées* 0.11 62 Production Future - total 0.33 62 De champs connus 0.27 53 De nouveaux champs 0.06 10 Production passée et future 1.20 145 Taux d’épuisement actuel 4.5% 3.9% Date de mi-point d’épuisement 1991 2000 Date du pic de découverte 1980 1957 Date du pic de production 1987 1976 *Oil & Gas Journal
L'état moderne naquit effectivement en 1814 en tant que monarchie sous le Roi William 1er, suite à la défaite de Napoléon, bien qu'il vit la sécession de ce qui est maintenant la Belgique en 1830. Le langage fut un élément décisif : le Hollandais avec ses racines Germaniques et Scandinaves distingue les région côtières de l'intérieur principalement Francophone de ce qui est maintenant la Belgique. Une certaine friction continue de persister entre les deux communautés.
Les territoires outre-mer, notamment les Indes Hollandaises Orientales (maintenant l'Indonésie) et l'Afrique du Sud furent acquis, partiellement colonisés et développés dans les 19ème et 20ème siècles. Amsterdam devint un important centre financier.
Les Pays Bas étaient neutres durant la première guerre mondiale et ont tenté de l'être encore durant la seconde, jusqu'à ce qu'ils soient envahis par l'Allemagne en 1940. La Reine Wilhelmina s'échappa en Angleterre ou elle présida un gouvernement en exil. La période après guerre vit un rétablissement économique graduel, avec le pays jouant un rôle central dans l'Union Européenne et l'OTAN, tandis qu'il abandonnait son empire.
En termes physiques, la majorité du pays est couverte par des dépôts récents du delta obscurcissant la géologie sous-jacente, dont la connaissance a largement reposé sur les résultats de l'exploration pétrolière. Le pays a une expertise considérable dans ce domaine, étant la patrie de Royal Dutch, le membre fondateur du groupe Shell, qui fit tôt des découvertes dans les Indes Hollandaises Orientales. L'intérêt pour la patrie d'origine se manifesta par accident en 1936 quand un derrick en opération, exhibé dans une foire industrielle, rencontra de façon inattendue des indications mineures de pétrole. Cela déclencha une recherche terrestre, spécialement durant la seconde guerre mondiale, qui donna un certain nombre de petites découvertes de pétrole issu du jurassique inférieur et de roches sources permiennes. Une seconde surprise vint en 1957 quand un problème de communication mena à l'approfondissement accidentel d'un puit près de Groningen dans le nord du pays. Il pénétra un grès issu d’un désert du permien, qui n'avait pas été regardé comme intéressant, et qui pourtant prouva contenir un énorme dépôt de gaz couvert par des couches de sel, fournissant le sceau critique. Le gaz lui même était dérivé de gisements de charbon sous-jacents par un processus de cuissson naturelle. Cette découverte géante stimula la recherche de gaz offshore dans la Mer du Nord ou un certain nombre de découvertes majeures fut fait dans les eaux Hollandaises et Britanniques.
Un total de quelques 1100 puits d'exploration ont été creusés au Pays-bas, sur terre comme sur mer, permettant de découvrir environ 1,1 Gb de pétrole et 145 Tcf de gaz, dont respectivement environ 870 Mb et 83 Tcf ont été produits. Le perçage de puits d'exploration a atteint un pic en 1985 quand 45 puits furent creusés, mais est maintenant tombé à environ un quart de ce niveau alors que de moins en moins de projets viables demeurent. C'est maintenant une région très mature, et les découvertes futures ne devraient pas dépasser environ 60 Mb de pétrole et 10 Tcf de gaz.
(De façon surprenante, les statistiques pétrolières sont sujettes à une certaine incertitude avec des chiffres largement différents rapportés pour les réserves et la production par BP, World Oil, et le Oil & Gas journal).
La production de pétrole a commencé en 1946. Elle a atteint un premier pic de 45 kb/j en 1965, est tombée à 24 kb/j en 1980, avant d'augmenter et d'atteindre un second pic maximum de 91 kb/j en 1987, quelques années avant le point d'épuisement médian en 1991. On prévoit un déclin depuis son niveau actuel de 44 kb/j à environ 5% par an. La consommation est d'environ 1Mb/j à un taux de consommation par tête très élevé de 22 b/a, pour laquelle la production indigène fait une contribution insignifiante. Le pays produit aussi environ 19kb/j de gaz liquides depuis des centrales à gaz.
Le graphique illustre comment la production de pétrole et de gaz marque une période relativement courte de l'histoire suggérant que l'Union Européenne, à laquelle les Pays-Bas appartiennent, opèrent selon les principes économiques dépassées d'hégémonie économique et financière appropriés à la première moitié de l'âge du pétrole. La seconde moitié appellera à plus de décentralisation. Les Néerlandais, qui ont déjà rejeté la constitution proposée de l'UE dans un référendum, pourraient mener le mouvement et même redécouvrir les bénéfices d'une monnaie locale par laquelle mieux gérer leurs affaires. Le tournant vers un nouveau réalisme pourrait venir si le gouvernement interdisait l'exportation de gaz, en reconnaissant tardivement qu'il fournit des ressources critiques devant être préservées pour un usage local, améliorant les sévères tensions de la transition. Peut être la plus sérieuse menace vient elle des risques croissants d'inondations: beaucoup d'énergie est utilisée pour pomper l'eau hors des régions situées sous le niveau de la mer.
595. Les Réserves du Koweït
Il y a quelque chose de résolument douteux sur les réserves reportées du Koweït. Il doit être rappelé que ce pays annonça une augmentation massive de ses réserves en 1985 passant de 64 à 90 Gb bien que rien de particulier n’ait changé dans ses gisements de pétrole. La production cumulative jusqu’en 1984 se montait à 22Gb, donnant les découvertes totales, à ce moment là, à 86 Gb, ce qui est juste au dessous du nouveau chiffre de 90 Gb. Cela suggère que le pays commença à reporter les découvertes totales (Réserves Originales), non les Réserves Restantes. Mais une interprétation alternative est que le premier chiffre reflète un facteur de recouvrement traditionnel d’environ 30%, donnant une valeur du pétrole-en-place de 286 Gb. En augmentant le recouvrement à 40%, les réserves s’enrichissent à 92 Gb (286 x 0,4 –22), près de la nouvelle estimation reporté en 1985.
Le principal gisement du Koweït, Burgan, a été trouvé il y a longtemps en 1938, suggérant qu’il doit être maintenant grandement épuisé, ce qui explique peut-être pourquoi leur attention se tourne vers les gisements plus petits du Nord en étendant même les forages au delà de la frontière, comme le suggère l’article suivant. En effet, c’était précisément ce problème qui se couvait derrière la première Guerre du Golfe, quand Saddam Hussein avait tenté d’arrêter le pompage que le Koweït effectuait sur la partie sud du gisement Rumaila qui enjambait la frontière déjà mal défini. Il fût encouragé par les mots de l’ambassadeur américain d’alors, April Glaspie, quand il dit, quelques jours avant l’invasion, que les disputes sur les frontières entre les pays arabes ne concernaient pas les Etats-Unis. Les prix étaient alors trop bas et mettait à mal les producteurs indépendants du Texas. Aussi, il faisait sens alors de tenter de restreindre la capacité du Koweït à produire, mais malheureusement, il semble que Saddam ait mal compris le clin d’œil et chercha un incident de frontière.
Les véritables réserves du Koweït sont ici estimés à environ 55 Gb (bien en dessous du chiffre officiel de 99 Gb) mais cela délivre un taux de déplétion très faible de seulement 1,3%, suggérant que même cette estimation basse pourrait ne pas être assez basse. Pourquoi seraient-ils en train de chercher des ennuis en effectuant des forages franchement déviés au-delà de leur frontière et en tentant de développer leur propre plus petits gisements au Nord si l’augmentation de la production était juste une question d’ouverture de valves dans les gisement de Burgan ?
C’est une question cruciale qui reste à résoudre, ayant beaucoup d’influence sur la manière dont les autres pays du Moyen-Orient reportent leurs réserves, qui eux-mêmes comportent de bien plus importantes implications politiques.
Les irakiens accusent le Koweït de leur voler du pétrole
Par « The Associated Press »
Publication : 2 août 2005
Bagdad, Irak (AP) – les législateurs irakiens ont accusé le Koweït de voler leur pétrole, aussi bien que de rogner sur leur territoire national à la frontière – ces allégations étant similaires à celles utilisés par Saddam Hussein pour justifier son invasion du Koweït qui commença il y a 15 ans tout juste mardi dernier.
Une délégation irakienne était prévue pour venir au Koweït mercredi pour discuter des incidents le long de la frontière koweitienne. « Il y a eu des violations où des forages pétroliers horizontaux ont été effectués pour pomper le pétrole irakien » disait le législateur Jawal al-Maliki, Président de la Commission de Sécurité et de Défense du parlement, à l’Assemblée Nationale mardi. Avec des puits horizontaux, au lieu de forer verticalement, les koweitiens foreraient avec un angle soit pour poursuivre sous terre dans le territoire irakien , soit pour chercher du pétrole depuis des réserves du territoire irakien. Il disait aussi que les koweitiens s’étaient appropriés des territoires jusqu’à un demi mile à l’intérieur de l’Irak.
« Nous pensons que nous avons surmonté le passé et que nous avons ouvert une nouvelle page de relations encourageantes. Ces relations doivent être respectés par le Koweït » disait al-Maliki, un membre du parti Dawa du Premier Ministre Ibrahim al-Jaafari.
Les relations entre l’Irak et le Koweït ont repris après l’invasion conduite par les américains en 2003 qui renversa Saddam et les postes frontières furent rouverts. Samedi, un responsable koweitien disait que des maisons et des fermes irakiennes avaient empiété à l’intérieur du Koweït dans la zone frontière de Umm Qsar dans le sud de l’Irak. Les responsables disaient qu’ils voulaient résoudre le problème frontalier par des négociations.
Des fermes qui appartenaient à des irakiens furent rasés quand les Nations Unis remirent la frontière en 1993, deux ans après que la coalition internationale conduite pas les USA s’engagea dans la Guerre du Golfe qui mit fin à l’occupation de sept mois de ce pays par les irakiens, qui commença avec l’invasion pas Saddam le 2 août 1990. Les propriétaires irakiens furent dédommagés.
Le législateur Hassan al-Sunneid disait qu’une délégation de quatre membres de trois législateurs et le ministre des affaires étrangères Mohammed Haji Hmoud se rendraient au Koweït pour tenter de trouver une solution. « Il y a eu un problème frontalier avec le Koweït depuis que l’état irakien a été fondé » disait le législateur Mansour al-Basri. « Nous espérons que ces problèmes de frontières seront résolus selon des bases historiques et géographiques. »
Il accusa même les koweitiens de prendre possession de la partie des eaux profondes du port de Umm Qsar où des bateaux géants se mettent à quai. Des centaines d’irakiens ont manifesté à la frontière la semaine dernière pour arrêter la construction d’un barrière métallique entre les deux pays par le Koweït. Des coups de feu furent tirés à la frontière vers le Koweït, mais personne n’a été blessé et les gardes frontières koweitiens n’ont pas répliqué. Les koweitiens soutiennent que la barrière du pipeline, construite pour arrêter les véhicules qui traversaient illégalement le désert, était de leur côté de la frontière. La démarcation des Nations Unis donna aussi 11 puits de pétrole et une base naval ancienne qui se trouvaient normalement en Irak.
Quand Saddam était encore au pouvoir, le Koweït construisit une tranchée défensive le long de la frontière de 130 miles pour arrêter les infiltrations des deux côtés. Les soldats de la paix des Nations Unis patrouillaient encore à la frontière juste avant l’invasion de l’Irak.
596. Réviser la base de données
Quelques lecteurs ont cherché des explications sur les révisions périodiques du tableau au début du bulletin. C’est un résumé du modèle de déplétion et de base de données qui a été maintenu depuis 15 ans, étant sujet à des révisions continuelles et des ajustements. Il sera aisément compris que les données publiques sur les réserves et la production sont énormément sujettes à caution, et que même les données de l’industrie montrent des estimations largement différentes. Par conséquent, il est nécessaire de rechercher les tendances et les relations, ainsi que d’appliquer du bon sens et des connaissances géologiques, pour tenter d’arriver à des résultats réalistes. La prochaine révision pourrait bien voir une réduction des réserves possibles (Yet-To-Find), en extrapolant la tendance à la baisse des découvertes. De plus, modéliser la déplétion induit non seulement le calcul des taux de déplétion naturelle imposés par les lois immuables de la physique des réserves géologiques, mais est aussi reliée aux évaluations des facteurs politico-économiques, spécialement en relation avec l’approvisionnement crucial du Moyen-Orient. Les productions des pays, évalués d’abord individuellement, sont additionnées pour donner des totaux régionaux et mondiaux. Il est bien dit que tous les chiffres sont faux : le défi étant de déterminer de combien.
Beaucoup d’intérêt est consacré à la date du pic, mais cela manque vraiment ce qui est important. Ce n’est pas un pic isolé ou un seul point haut, seulement le maximum indiqué d’une courbe de production moyenne modéré. De petits changements dans les estimations et les modèles peuvent le modifier de quelques années dans un sens ou dans l’autre. Le Golfe du Moyen-Orient est un cas particulièrement sensible. La production a atteint un pic historique en 1974 à 21,2 Mb/j. Dans les modèles actuels, la production montera de 19,4 Mb/j en 2004 à 20,5 Mb/j cette année avant de décliner vers 19 Mb/j en 2030. Il pourrait vraiment faire sens de modifier légèrement le modèle et les estimations des réserves en Irak, par exemple, où il y a un large éventail de scénarios possibles, et ainsi de changer le pic de l’ensemble de la région de 1974 à une date ultérieure dans les prochaines années. Cependant, l’important n’est pas tant la date du pic lui-même mais la reconnaissance du long et implacable déclin qui suivra.
597. Nouveaux livres
Six nouveaux livres sur la question du pic de pétrole sont parus.
1. The end of Fossil Energy and the last chance for Sustainability par John. G. Howe (ISBN 0-9743404-0-5, de www.mcintirepublishing.com) est un excellent résumé, écrit par un ingénieur, qui explique à la fois le problème et offre des solutions pratiques.
2. Oil crisis par C.J.Campbell (ISBN 0906522-39-0 de la Multi-Science publishing Co, 5, Wates way, Brentwood, Essex CM15 9TB, U-K www.mscience@globalnet.co.uk) est un compte-rendu de 397 pages décrivant dans un style semi-autobiographique la nature et l'histoire du marché du pétrole, ainsi que les contraintes géologiques de production. Il décrit la première moitié de l'âge du pétrole avant d’aborder la seconde moitié qui débute aujourd’hui. Il évoque les tensions importantes liées à la transition vers un nouveau monde d'approvisionnement restreint en énergie, éveillant parfois à des réactions politiques virulentes. Il finit sur une note pleine d'espoir où les survivants à cette crise jouiront d’une vie plus simple, en meilleure harmonie avec eux-mêmes, les autres et l'environnement dans lequel la nature dicte ses lois. Le livre inclut un certain nombre d'entrevues avec entre autre des spécialistes du pétrole et des analystes. Des Statistiques et des graphiques sur le thème du pétrole, classés par pays, par régions et sur le monde dans son ensemble, s’efforcent de corriger les données publiques très peu fiables sur ce thème (voir le point 598). Une large bibliographie est incluse.
3. The collapsing bubble: growth and fossile energy par Lindsey Grant (ISBN 1-931643-58-X, seven Locks press, California) s'ouvre avec une bonne citation: « Toute personne croyant qu'une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste » - Kenneth Boulding (économiste). Ses titres de chapitre récapitulent son contenu: 1. Le Nouveau Siècle Américain? 2. Combien de temps avant le crépuscule? 3. Crépuscule ou aube? Il se concentre sur les réponses à apporter au pic pétrolier, en particulier par rapport aux prévisions des USA, liant l'invasion de l'Irak avec leur demande en pétrole afin de maintenir une croissance économique de plus en plus illusoire. Il exprime des inquiétudes particulièrement par rapport à l'environnement et au niveau de la population soutenable.
4. Pétrodollar warfare : oil, Irak and the future of the dollar: par William R.Clark (ISBN 0-86571-514-9, New Society) expose le subterfuge international et la manipulation de l'opinion publique pour expliquer les mécanismes cachés du gouvernement avant d’aborder le fond du sujet d'une façon convaincante et pénétrante.
5. The New Pearl Harbor par David Ray Griffin (deuxième édition ISBN 1-84437-036-4) fournit des données utiles sur les prétextes de la guerre contre la terreur, dont l’agenda pétrolier est repris en partie dans les autres travaux référencés.
6. Energy beyond oil par Paul Mobbs (ISBN 1-905237-00-6) est dédié en particulier à la réaction générale suite au pic de pétrole, examinant comment les sociétés devront réagir et se préparer, précisant que Noé avait commencé à construire l'Arche bien longtemps avant le déluge.
Il est intéressant de noter que les livres 2 et 4 recommandent le protocole de Rimini, qui est, dans un sens une initiative de l’ASPO, désormais cité sur les sites Internet de l’ASPO sur www.peakoil.ie. Le protocole de Rimini est un outil pratique à travers lequel les gouvernements et d'autres pourraient réagir et projeter de suivre l’évolution de la situation.
598. L’Agence Internationale de l’Energie: les prévisions 2005
Le dernier rapport de l’agence internationale de l’énergie est de bien meilleure qualité que ceux déjà publiés par cette organisation. Le rapport inclut dans le tableau 4 une liste des ressources mondiales pour 1995-2025. Les informations sur les réserves sont tirées du journal « oil and gas » (lequel définit de façon très large le conventionnel incluant par exemple 178,8 Gb pour le Canada comparé au World Oil’s report (rapport mondial sur le pétrole) donnant 5,0 Gb). la « croissance des réserves » et les estimations sur les « découvertes » sont tirées des valeurs moyennes données par l’USGS, aujourd’hui discréditées par les résultats portant sur les dix premières années de leur période d’étude. Le rapport est cependant parvenu à noter que les prix du pétrole sont plus du double que ceux prévus dans la dernière étude de l'organisation, mais ceci n’est pas jugé comme inquiétant puisque comme indiqué dans la figue 11 les cours chuteront encore et seront toujours en dessous des niveaux actuels en 2025.
Les gouvernements de l’OCDE, qui ont fondé l'organisation, seront très satisfaits de cette nouvelle étude, qui les dégage de toute responsabilité de devoir informer la population des conséquences de la situation de l’approvisionnement actuel en pétrole. La nature elle, ne ment pas.
599. Pétrole et Nourriture
La relation critique entre le pétrole et les approvisionnements en denrées alimentaires est discutée dans un papier complet et pertinent écrit par R.A.Leng, professeur dans une école de Science et d'agriculture rurales en Australie, comme résumé ci-dessous:
Les conséquences du déclin des réserves mondiales de pétrole sur la production future d’animaux d’élevage dans le monde.
Dans un avenir proche, une disponibilité réduite des ressources primaires ainsi que des questions environnementales, écologiques, sociales et politiques, auront des effets majeurs sur le développement rural. L’escalade des prix des carburants fossiles précipitera une cascade de changements environnementaux, économiques, politiques et culturels pour lesquels la société n’est pas préparée. Le déficit de l’offre et de la demande énergétique a la capacité d'éclipser le changement climatique comme idée directrice du développement durable. À l'avenir, le carburant et les autres coûts de production agricole seront inclus dans le prix de vente des produits et les modèles de culture actuels se dirigeront vers la production d'alcool, de biomasse et de bio-carburant, en particulier dans le monde industrialisé. La concurrence pour l’utilisation des récoltes dans la nourriture humaine, l’alimentation animale, la matière de base pour des industries de fermentation s’intensifiera et l'utilisation de céréales plus chères pour la production animale devra être sensiblement réduite. En conséquence, la protéine animale sera de moins en moins dérivée du porc, de la volaille, et du bétail industriel, mais plus par des ruminants nourris par fourrage et sous-produits de la production agricole. Les pays en voie de développement nécessiteront une stratégie dépendante du développement de carburants non fossiles, ce qui signifie que leurs sociétés seront organisées très différemment. La production de nourriture proviendra de plus en plus, des communautés plus localisées et plus décentralisées avec des fermes diversifiées (produisant des produits agricoles diversifiés, des animaux, des oiseaux et du poisson) qui remplaceront les fermes spécialisées produisant seulement quelques produits (rleng@ozemail.com.au).
600. La réponse du monde des investisseurs au Pic du Pétrole
Le Financial Times du 16 août publiait un article frappant de George Magnus de la Banque d'Investissement UBS, examinant les impacts de la production de pétrole déclinante sur l'économie mondiale, qui se conclue en recommandant que nous “gardions un œil méfiant sur les conséquences économiques quand les volants économiques actuels s'affaiblissent comme il se doit”.
On ne peut pas s'attendre à ce que le monde des investisseurs ait une connaissance réelle des affaires dans lesquelles ses membres investissent. Par le passé, ils ont œuvré sur la base de la confiance et de la transparence, avec pour but principal de percevoir dividendes et intérêts, mais cette époque est révolue, désormais investisseurs et managers des compagnies s'emploient uniquement à obtenir de leurs actions une cote satisfaisante pour le marché. En conséquence, le rôle des investisseurs s'est cantonné à des achats spéculatifs et des reventes à plus-value suivant les fluctuations du marché. Leur talent tient moins à l'identification des investissements prometteurs et réside plus dans le pistage de leurs actes respectifs, qui gouvernent le marché, et donc l'évolution de la valeur de leurs portefeuilles. Ils travaillent à deux niveaux: d'abord, protéger leur propre fortune et celles de leurs clients privilégiés, ensuite gérer les masses importantes d'argent institutionnel qui affluent continuellement vers eux. Naturellement, ils essayent de faire en sorte que le premier niveau prévale toujours sur le second, mais pour éviter d'être accusés de délits d'initiés, ils publient leurs recommandations pour la dernière rumeur avant de faire les placements pour le second niveau. L'afflux de ces derniers rémunérant les premiers.
En lisant entre les lignes, on peut comprendre que ce marché est conçu pour permettre aux investisseurs du premier niveau de se débarrasser à profit avant que le second niveau plonge en crash généralisé. C'est ce qui se passera quand il sera reconnu que le déclin des réserves pétrolières empêche toute possibilité de croissance économique, signifiant donc d'une part, que la plupart des dettes actuelles n'ont plus de nantissement et d'autre part, que de nombreuses sociétés cotées en bourse sont surévaluées par l'hypothèse d'un coût de l'énergie invariable.
Le principal souci du monde des investisseurs est d'éviter de perdre des clients, ce qui les amène à faire tout leur possible pour serrer les rangs et s'imposer mutuellement une façon unique de voir les choses et de réagir aux événements. Il est à ce propos remarquable que Goldman Sachs, dont le président est également vice-président de BP, prévoit dans le Financial Times du 19 août que le prix du pétrole restera au dessus des 60$ d'ici 2010, contrastant ainsi avec l'AIE (voir sujet 598).
Par le passé, la tâche des investisseurs était relativement simple dans une ère d'expansion générale et de prospérité, bien que sujette à des cycles de fond qui eux-mêmes offraient l'occasion de profits crapuleux. C'est ainsi qu'ils ont gravi le premier côté de la montagne économique durant le siècle dernier, mais maintenant, cela va être plus difficile alors qu'ils commencent à glisser de l'autre côté, beaucoup plus escarpé. Certains en prennent conscience (voir www.sprott.com/pdf/marketsataglance/08-22-2005.pdf).
Superposé à l'environnement boursier se trouve l'environnement fiscal, qui a été progressivement échafaudé pour privilégier les premiers en incluant nombre de distorsions et avantages utiles et souvent cachés. Les plus-values sont moins taxées que les dividendes. Les commodités permettant aux entreprises de déduire de leurs revenus imposables leurs frais d'exploitation, dont les charges énergétiques et les rémunérations managériales, ont été d'un énorme bénéfice, constituant en effet une forme de subvention. En outre, les taxes sur les plus-values ont permis de retenir les investisseurs à la bourse. En fait, toute une profession portant la casquette de conseiller fiscal est née pour aider les gens à exploiter au mieux ces anomalies. Ce que tout cela provoquera dans la pente descendante de la montagne reste à voir, mais il sera utile d'être attentif aux discours des investisseurs pour prédire leurs réactions au nouveau monde de déclin que la Nature impose.
601. Economiser le pétrole européen
L’Europe de l'ouest produit presque 5.4 Mb/j de pétrole et en consomme 10.6 Mb/j, ce qui en fait un importateur net de 5.2 Mb/j. Des trois pays de la mer du Nord qui exportent toujours, la Norvège est de loin le plus important, exportant 2.7 Mb/j, tandis que la Grande-Bretagne deviendra un importateur net l'année prochaine et le Danemark suivra dix ans après. Les Etats-Unis importent 11 Mb/j, faisant des achats croissants sur le marché spot de Rotterdam, ce qui a amené le prix du Brent quasiment à la parité avec le West Texas Intermediate. Les Européens pourraient en arriver à remettre en cause le bien-fondé d'exporter leurs précieuses ressources dont ils auront désespérément besoin quand les difficultés d'approvisionnement mondial augmenteront dans les années à venir. Demander ou payer la Norvège pour le stocker sous terre irait à l’encontre de toutes les règles du « mondialisme de la terre plate », mais ce serait dans le meilleur intérêt de la Norvège. Ses quatre millions d'habitants n’arrivent pas à dépenser les revenus énormes qu'ils reçoivent, ce qui a amené le gouvernement à établir un fond du pétrole de 120 milliards de dollars, le plus grand investissement du monde. Il est placé par les banques internationales sur les marchés mondiaux où il aura sans aucun doute disparu sous peu. Si au moins ils étaient au courant : le meilleur investissement que la Norvège pourrait faire serait en effet de conserver son pétrole et son gaz.
602. Une attaque imminente contre l’Iran?
Il y a eu plusieurs signes et rumeurs que les Etats-Unis projetaient d’exécuter la phase suivante de leur politique au Moyen-Orient avec une attaque de l'Iran en juillet, mais cela ne s’est pas produit, peut-être parce que la chaleur de l'été n'est pas idéale pour une campagne militaire. Cependant, les nouvelles pressions sur le pays augmentent sous prétexte de sa décision de reprendre la production d'énergie nucléaire. L'Irak, avec ses
26 millions d’habitants, s’est avérée très difficile à conquérir, tout en montrant des signes de désintégration entre ses factions kurde, shiite et sunnite, alors que le tribut quotidien de la mort continue à augmenter. L'Iran, avec sa population principalement shiite de 67 millions, pourrait être bien plus difficile. Entre temps, Mme Cindy Sheehan, la mère endeuillée d'un soldat tué à Bagdad, a campé près de la retraite d'été de M. Bush dans le Texas, réclamant sa récusation.
603. Le monde commence à se réveiller
Chaque jour apparaissent de nouveaux articles expliquant les tenants de la situation courante, la plupart écrits par des professeurs avisés. En voici un exemple typique:
La crainte d'un approvisionnement déclinant pourrait inciter les USA et autres grandes puissances à sécuriser les réserves pétrolières d'une manière qui déclencherait un conflit généralisé avec le mode musulman.
Athens Banner-Herald, samedi 20 août 2005
http://onlineathens.com/stories/082005/opi_20050820018.shtml
Le « Pic du Pétrole » approche, et nous n'y sommes pas prêts
par Steve A. Yetiv
Les déficits budgétaires explosent. L'inflation règne. Les bourses dégringolent. Les sociétés déposent leur bilan. Les grandes puissances s'affrontent. Cela pourrait être notre avenir si nous ne prenons pas de mesures énergétiques plus sérieuses que celles proposées dans le budget de l'énergie récemment signé par le président Bush. Avec des prix du pétrole atteignant des sommets historiques et la guerre embrasant l'Irak, des inquiétudes sérieuses sur le « Pic du Pétrole » sont apparues petit à petit à portée de radar médiatique. Dit simplement, le pic de pétrole est le tournant majeur quand la production globale de pétrole atteint son maximum et commence à décliner, indiquant une future diminution de l'approvisionnement.
Les analystes prédisent que le pic adviendra entre 2006 et 2011, que les réserves mondiales de pétrole sont beaucoup moins importantes que supposé car les principaux producteurs, tels que l'Arabie Saoudite, surestiment ou brouillent l'état de leur réserves, et que nous nous dirigeons vers une catastrophe énergétique.
De telles inquiétudes sont peut-être exagérées, mais nous devons quand même être plus zélés dans la prévoyance, car quelque soit la date du pic du pétrole, il aura trois conséquences auxquelles nous ne sommes pas préparés.
D'abord, en l'absence d'alternative sérieuse au pétrole, son prix dépassera certainement les 100$ le baril par anticipation d'une demande de pétrole progressivement supérieure à l'offre. Cela peut provoquer une récession mondiale ou pire. Même si l'augmentation des prix incite à la recherche d'alternatives, il faudra des années, peut-être des décennies, pour que l'économie mondiale s'y adapte car le pétrole est omniprésent dans nos vies. On ne peut pas le remplacer du jour au lendemain. Même si le pic de pétrole devait survenir en 2020 ou 2025, nous sommes encore dans l'urgence.
Deuxièmement, le Moyen-Orient va devenir un fournisseur de plus en plus prédominant, rendant le monde plus vulnérable à ses caprices. Il représente actuellement environ un tiers de la production mondiale de pétrole, mais il détient les deux tiers des réserves mondiales. Elles seront les ultimes restantes quand le pétrole s'épuisera un peu partout dans le monde.
Troisièmement, les craintes à propos du pic pourraient engendrer des conflits entre les grandes puissances. CNOOC, contrôlée par les Chinois, à retiré son offre sur la compagnie pétrolière américaine Unocal, mais ce cas préfigure l'avenir. Il souligne les craintes obsessionnelles de la Chine pour l'énergie et les craintes croissantes de Washington envers la Chine. Imaginez combien les relations sino-américaines vont devenir tendues dans un contexte de déclin des réserves pétrolières.
De tels conflits ne seront pas limités aux grandes puissances. Oussama ben Laden a longtemps clamé à tort que les Américains volaient le pétrole arabe. Le pétrole est ressenti comme une ressource arabe par des millions de Musulmans qui considèrent l'invasion de l'Irak par les Américains comme un hold-up pétrolier. La crainte d'un approvisionnement déclinant pourrait inciter les USA et autres grandes puissances à sécuriser les réserves pétrolières d'une manière qui provoquerait un conflit généralisé avec le monde Musulman.
Des études montrent que nous pouvons prendre trois mesures importantes pour tenter d'échapper à cet avenir.
Premièrement, nous devons considérer le plan énergétique comme un point de départ et non une finalité. Il comporte des avancées, mais ignore un fait fondamental: 70% du pétrole est utilisé dans le secteur des transports. Pour traiter cet aspect, nous devrons augmenter les taxes sur les produits pétroliers. Une étude de l'OCDE suggère que cela réduirait la consommation de pétrole et les émissions de CO2 de plus de 10%.
Nous devons également revoir les normes de carburation, ce sur quoi le plan énergétique fait l'impasse. Un récent rapport de l'Agence pour la Protection de l'Environnement indique que les voitures et camions commercialisés aujourd'hui sont largement moins efficaces énergétiquement qu'ils ne l'étaient dans les années 80.
Le budget énergétique prévoit 14,6 milliards de dollars de subventions et crédits d'impôts, mais 9,2 milliards concernent la production électrique, qui n'utilise que 3% du pétrole, et 2,6 milliards additionnels vont aux compagnies pétrolières et gazières. Très peu est consacré à la diminution de la consommation de pétrole dans les transports ou à la promotion d'alternatives énergétiques.
Deuxièmement, nous devons informer le public de la lamentablement impréparation au pic pétrolier de l'économie américaine et mondiale. Cela est vital car les Américains, en particulier, voient encore le pétrole comme un droit. L'Amérique consomme 25% de l'énergie de la planète pour seulement 5% de sa population.
Troisièmement, il nous faut établir des règles de conduite évitant aux grandes puissances d'entrer en conflit à cause du pétrole. Sinon, le pétrole deviendra progressivement l'objet d'un jeu à somme nulle quand nous anticiperons sa raréfaction.
La technologie pourrait nous sauver de notre dépendance au pétrole. Mais de la même manière que nous prenons des assurances pour nous-même, nous devrions avoir une police d'assurance pour la sûreté énergétique des générations futures.
(Prof. Yetiv est professeur en sciences politiques et relations internationales à l'Université Old Dominion (Virginie) et auteur de "Explaining Foreign Policy").
604. Le New York Times évoque le pic du pétrole
Le New York Times du 21 août contenait un long article de Peter Maass, titré Le point de rupture, qui discutait du problème du pic du pétrole, avec une allusion à l'Arabie Saoudite. Il fait contraster le point de vue officiel promu par Al-Naimi, le président en exercice d'Aramco, avec les déclarations plus réalistes d'Al-Husseini, son prédécesseur, plus libre de parler car ayant quitté son poste. Ce qui suit est un bref extrait qui renvoie aux remarques explicites de ce dernier.
Nous avons parlé pendant plusieurs heures. Son message est clair : le monde se dirige vers une pénurie de pétrole. Son avertissement est bien différent des discours lénifiants que Naimi, d'autres Saoudiens, et les officiels américains nous offrent presque quotidiennement. Husseini nous a expliqué que la nécessité de produire plus de pétrole a deux origines. La plus évidente, c'est la hausse de la demande : ces dernières années, elle a augmenté de 2 millions de barils par jour tous les ans. (La consommation actuelle se situe à près de 84 millions de barils par jour.) Mais ce qui est moins évident, c'est que les producteurs épuisent leurs réserves à chaque fois qu'ils pompent un baril de pétrole. Cela signifie que pour maintenir leurs réserves en l'état, ils doivent remplacer le pétrole qu'ils extraient des champs dont la production décline. C'est l'équivalent géologique de courir pour rester sur place. Husseini reconnaît que de nouveaux champs vont être mis en production, comme sur la côte ouest africaine et dans le bassin de la mer Caspienne, mais ils ne seront pas assez productifs pour compenser ce besoin qui va en augmentant.
« En regardant un planisphère, on peut se demander d'où viennent les grandes augmentations de production. Et il n'y en a presque nulle part, sauf en Arabie Saoudite, » dit-il. « Le royaume et le champ de Ghawar ne constituent pas le problème. Il y a plus grave. Le problème est qu'on est passé de 79 millions de barils par jour en 2002 à 82.5 en 2003 puis à 84.5 en 2004. On grimpe de 2 à 3 millions de barils par an, et en couvrant les déclins, ça donne 4 à 5 millions. » En d'autres mots, si cette tendance de la demande et de l'épuisement des champs se prolonge, chaque année le monde devra mettre en route assez de champs ou de puits pour pomper 6 à 8 millions de barils supplémentaires par jour – au moins 2 millions de barils par jour pour la demande en hausse et 4 millions pour compenser le déclin de la production des champs existants. « C'est comme toute une nouvelle Arabie Saoudite toutes les deux ans, » selon lui. « Ca ne peut pas continuer indéfiniment. Ce n'est pas soutenable. »
Husseini parle calmement, comme un professeur qui espère que quelqu'un écoute. Il est dans la position enviable de celui qui sait de quoi il parle tout en ayant la liberté d'en parler ouvertement. Inquiet, il pense que la demande globale croissante pour le pétrole produira l'équivalent d'une surchauffe sur un moteur. Husseini ne veut pas que les réservoirs fragiles et irremplaçables du Proche Orient ne soient endommagés par une surproduction inutile. « Si vous accroissez la production si rapidement et sautez d’élevée à plus élevée et au maximum, sans prendre le temps de faire ce qu'il faut et d'évaluer la situation, vous pouvez endommager les réservoirs » explique t'il. « L'exploitation systématique n'est pas qu'une affaire d'argent. Il s'agit également de dynamique de réservoirs, d'analyse de leur contenu, et de traitement des données. Et c'est là que les professionnels interviennent, que l'expérience est requise. Ces ressources ne sont pas disponibles partout. »
605. Le pétrole léger aurait passé son pic
L'OPEP, au mois d'août, a publié son rapport sur les marchés pétroliers. Il présente quelques statistiques étranges, qui comparent la densité de la production de pétrole des années 2000 et 2004 entre les pays de l'OPEP et ceux hors OPEP. Il définit trois classes : Léger, Moyen (26-35o API) et Lourd (la limite pour le pétrole lourd, chiffrée à 26o API, est élevée par rapport à celle de l'ASPO, qui est située à 17.5o, celle du Venezuela à 22o et celle du Canada à 25o). Selon les chiffres et les pourcentages communiqués, la production mondiale de pétrole Léger (>36oAPI) est passée de 27.1 à 23.8 Mb/j entre 2000 et 2004, suggérant en cela qu'il aurait passé son pic. Mais la crédibilité de ces estimations est mise à mal quand, en faisant le total des productions OPEP et hors OPEP, on arrive à un total global de 93.8 et 99 Mb/j, pour 2000 et 2004 respectivement. On peut comparer ce total avec les chiffres de 74.95 et 80.26 Mb/j publiés dans la revue statistique de BP.
Cet exemple souligne à quel point les statistiques pétrolières sont peu fiables. Apparemment, certaines bases de données se fient pour leurs chiffres à des agents maritimes équipés de jumelles, faisant le compte des tankers qui passent, et notant leur niveau de flottaison par rapport à la mer. (Référence fournie par Hans Jud
606. Rencontre de l'Académie Nationale des Sciences
L'Académie Nationale des Sciences organise une rencontre à Washington les 20 et 21 octobre, ayant pour sujet l'offre et la demande pétrolière. L'USGS et l'AIE seront représentés, et présenteront sans doute leur points de vue connus, tandis qu'Aleklett et Simmons fourniront les preuves pour un pic imminent de la production. Hirsch recommandera de se préparer au déclin et quelques compagnies pétrolières discuteront de la production des pétroles non-conventionnels.
Les organisateurs de conférences et les medias ont l'habitude de donner un poids égal à des points de vue opposés, donnant à l'audience l'occasion d'écarter le sujet, au motif qu'aucune action n'est nécessaire si les experts ne sont pas d'accord entre eux. Mais le débat peut ouvrir les portes à des subventions à la recherche.
607. Le maire de Denver prend le pic du pétrole au sérieux
Les 10 et 11 novembre 2005, la ville de Denver accueillera, avec l’ASPO-USA, une conférence de haut niveau pour discuter du défi mondial du pic de production de pétrole, et des réponses intelligentes locales.
Voici un extrait de l'invitation du maire :
Comme décrit à la une du magazine New York Time du dimanche 21 août, beaucoup de géologues, de scientifiques et d’analystes crédibles prévoient que la production mondiale de pétrole fera un pic dans les 10 à 15 années à venir et diminuera ensuite. Ensuite, le pétrole serait disponible, mais en quantités décroissantes.
Comme vous le savez probablement, j'ai commencé ma carrière en tant que géologue du pétrole. Dans mon rôle beaucoup plus récent de maire de Denver, j'ai parlé avec un certain nombre d'experts nationaux basés à Denver, y compris Tom Petrie de Petrie Parkman et Peter Dea de Western Gas Resources, au sujet de cette prévision et ai conclu qu'elle justifie une compréhension et une considération plus détaillées en terme d'impacts possibles sur la santé économique et le futur de la ville. Un rapport faisant autorité, financé par le ministère de l'énergie des Etats-Unis, parle du risque économique significatif attaché à un possible pic de la production mondiale de pétrole. Etant donné l'impact financier potentiellement puissant sur la région de Denver, nous aurons besoin de réponses proactives et nous aurons besoin d'elles bientôt.
Mon travail est d’équilibrer notre budget aujourd'hui et de dresser une carte d’une future gestion qui préserve des choix positifs pour les leaders et les citoyens de demain. Plusieurs des décisions politiques que nous prenons aujourd'hui affecteront non seulement la facture de carburant de la ville, mais également la consommation de carburant des entreprises et des citoyens de Denver. Toutes les municipalités seront affectées par le pic du pétrole.
J’accueille le forum mondial du pétrole de Denver parce que je crois que la discussion et l'action d’aujourd’hui non seulement amortiront les difficultés à venir mais créeront également de nouveaux choix et opportunités évidentes pour Denver. En tant que chef de cette communauté, je vous invite à vous joindre à moi. Veuillez le noter dans vos agendas afin d’être présent.
Pour toutes questions, n’hésitez pas à contacter soit le directeur de mon initiative de développement durable, Beth Conover, au 720 865 5429 ou le coprésident de la conférence Steve Andrews de l’ASPO-USA au 303-759-1998 ou à sbandrews@att.net. Plus de détails peuvent être trouvés sur www.aspo-usa.org.
Calendrier des conférences et réunions futures
Les membres de l’ASPO et associés [entre crochets] traiteront le sujet du pic pétrolier aux conférences et réunions suivantes:
23-25 septembre 2ème conférence U.S. sur le pic pétrolier et les solutions communautaires, Yellow Springs, Ohio
26-30 septembre Marchés de l’électricité verte; Le groupe Réforme, Salzburg, Autriche [Aleklett]
10-12 octobre Peak Oil II, Alexander Oil & Gas, Coblence, Allemagne [Campbell]
11 octobre Le pic de pétrole, la nourriture et l’écologie, Londres, GB (www.eafl.org.uk)
20-21 octobre Le pic de pétrole, Académies nationales américaines, Washington, USA [Aleklett]
27-28 octobre Le développement durable de la Baltique. Kaliningrad, Russie [Aleklett]
28-30 octobre Conférence de l’énergie de Pio Manzu, Rimini, Italie [Campbell]
5-6 novembre Les futurs de l’énergie, Lausanne, Suisse [Aleklett]
8-10 novembre Véhicules & carburants propres, Stockholm, Suède [Aleklett]
10-11 novembre Conférence sur le Pic Pétrolier, Denver, USA (ASPO-USA) [Gilbert]
14-16 novembre Sécurité et sécurisation des infrastructures énergétiques, Commission Européenne, Bruxelles [Aleklett]
28-30 novembre Conférence sur l’énergie solaire, Dunedin, Nouvelle-Zélande [Aleklett]
14 décembre L’Irlande dans la seconde moitié de l’ère du pétrole, ICA, Schull, Irlande [Campbell]
2006
12-13 avril La réponse de l’Irlande au pic de pétrole, Dublin [Campbell, Skrebowski]
Tout renseignement sur les événements futurs sont les bienvenus
Index des évaluations de pays avec la référence du bulletin d’information
Abu Dhabi |
42 |
Brunei |
54 |
Inde |
52 |
Mexique |
35 |
Trinidad |
37 |
Algérie |
41 |
Canada |
48 |
Indonésie |
18 |
Nigeria |
27 |
Turquie |
46 |
Angola |
36 |
Chine |
40 |
Iran |
32 |
Norvège |
25 |
USA |
23 |
Arabie S. |
21 |
Colombie |
19 |
Irak |
24 |
Oman |
39 |
Venezuela |
22 |
Argentine |
33 |
Danemark |
47 |
Italie |
43 |
Pays-Bas |
57 |
Vietnam |
53 |
Australie |
28 |
Egypte |
30 |
Kazakhstan |
49 |
Pérou |
45 |
|
|
Azerbaïdjan |
44 |
Equateur |
29 |
Koweït |
38 |
Roumanie |
55 |
|
|
Bolivie |
56 |
Gabon |
50 |
Libye |
34 |
Russie |
31 |
|
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Brésil |
26 |
GB |
20 |
Malaisie |
51 |
Syrie |
17 |
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Note
Ce bulletin d’information est distribué par ASPO IRELAND. Veuillez adresser tout commentaire ou contribution à www.peakoil.ie ou contactez Jake Gordon à jake@peakoil.ie. Veuillez éviter d’utiliser aspotwo@eircom.net pour autre chose que des messages personnels.
Permission est expressément donnée de reproduire ce bulletin d’information, avec mention de l’auteur.
Compilé par C.J.Campbell, Staball Hill, Ballydehob, Co. Cork, Irlande