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"Le bois, un avenir certain"

26 octobre 2005

Septembre 2005

ASSOCIATION POUR L’ETUDE DU PIC DU PETROLE ET DU GAZ

BULLETIN D’INFORMATION N° 57 – SEPTEMBRE 2005

L’ASPO est un réseau de scientifiques et autres, ayant pour but la détermination de la date et de l’impact du pic et du déclin de la production mondiale de pétrole et de gaz, dû aux ressources limitées.

Des sections nationales indépendantes existent ou sont en formation dans les pays suivants :en Australie, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Irlande, Italie, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas et Portugal.

Missions:

1. Evaluer les réserves mondiales de pétrole et de gaz et leurs définitions;

2. Etudier leur épuisement, en tenant compte des facteurs économiques, technologiques, politiques et de la demande;

3. Sensibiliser aux graves conséquences pour l’Humanité.

Bulletins d’information: Les bulletins d’information futurs seront compilés sous les auspices de ASPO Irlande qui tient à jour les archives complètes des numéros précédents sur www.peakoil.ie . Les éditions en langues étrangères sont disponibles comme suit :

            Espagnole: www.crisisenergetica.org

            Française:  www.oleocene.org (cliquer sur “Newsletter”)

Toute communication peut être adressée à ASPO IRLANDE sur www.peakoil.ie

SOMMAIRE


593.     Les conséquences économiques d'un pétrole cher

594.     Evaluation d’un pays – les Pays-Bas

595.     Les Réserves du Koweït

596.     Réviser la base de données

597.     Nouveaux livres

598.     L’Agence Internationale de l’Energie: les prévisions 2005

599.     Pétrole et Nourriture

600.     La réponse du monde des investisseurs au Pic du Pétrole

601.     Economiser le pétrole européen

602.     Une attaque imminente contre l’Iran?

603.     Le monde commence à se réveiller

604.     Le New York Times évoque le pic du pétrole

605.     Le pétrole léger aurait passé son pic

606.     Rencontre de l'Académie Nationale des Sciences

607.     Le maire de Denver prend le pic du pétrole au sérieux

                       Calendrier des conférences et réunions futures

Index des évaluations de pays avec la référence du bulletin d’information


Données globales de l’épuisement

PRODUCTION ESTIMEE JUSQU’EN 2100       (fin 2004)

Quantités (Gb)

Débit journalier - Pétrole conventionnel (Mb/j)

Total

Année

Pétrole conventionnel

2000

2005

2010

2020

2050

(Gb)

du Pic

Passé

Futur

Total

US-48

4.5

3,4

2,7

1,7

0,4

200

1971

Champs connus

Nouveaux

Europe

6.3

5,2

3,7

1,9

0,3

75

2000

945

760

145

1850

Russie

6.3

9,1

8.4

5,4

1,5

220

1987

905

MO et Golfe

19

20

20

20

12

680

1974

Tous les liquides

Autres

28

28

25

17

6

675

2004

1040

1360

2400

Monde

64

66

60

46

20

1850

2004

Scénario de base de 2004

Débit journalier - Autres (Mb/j)

Le Moyen-Orient produisant à capacité

Lourd, etc.

1.7

2,3

3

4

4

151

2021

(reporting anormal corrigé).

Eaux prof.

1.7

4,8

7

6

0

70

2014

Le pétrole conventionnel exclut le pétrole de

Polaire

1.0

0,9

1

2

0

52

2030

charbon, de schiste, de bitume, lourd, en eaux

LiquidesGN

6.3

8,0

9

10

8

275

2027

profondes, polaire et liquides de gaz naturel.

arrondis

0

2

2

2

Révision du 17/07/2005

TOTAL

74

82

80

70

35

2400

2007

593. Les conséquences économiques d'un pétrole cher

L'article suivant explique comment les bourses occidentales semblent crier leurs derniers hourras avant le crash, tandis que les pays pauvres subissent déjà les conséquences de prix du pétrole élevés. Ceux-ci sont élevés parce que les capacités d'approvisionnement sont dépassées, et donc les prix ne peuvent qu'augmenter, sauf en cas de baisse de la demande. En réduisant leur demande, les pauvres aident à l'évidence à supporter la bourse pour le moment.

La crise du pic du pétrole : le point au milieu de l'été

www.fcnp.com/521/peakoil.htm

Par Tom Whipple

Le monde n'a jamais atteint son pic de production de pétrole auparavant, donc il se peut que nous ne comprenions pas ce à quoi nous assistons. Il y a quelques mois, toutes les personnes informées auraient dit qu'un pétrole à 60$ aurait provoqué un tsunami économique. Mais, ô surprise ! Nous y voici, et il semble que les affaires se poursuivent en Amérique avec des profits en bonne santé, la bourse qui grimpe toujours, et, grâce à des prix attractifs, les 4X4 et les pickups se vendent comme des petits pains aux Etats-Unis.

Jusqu'ici cet été, les prix du pétrole ont augmenté ou baissé, en fonction des ouragans qui menacent ou non les champs pétroliers offshore, des chiffres hebdomadaires des stocks de pétrole américains, et d'un soupçon de « que se passe-t-il en Chine ? ». L'Agence Internationale à L'Energie (gardienne des chiffres de l'offre mondiale de pétrole, et qui soit dit en passant n'a pas fait de pronostics réalistes récemment) nous explique que la demande — plus particulièrement celle de Chine — n'est pas au niveau supposé à ce moment de l'année, et que nous pouvons donc nous reposer un peu et profiter du reste de l'été. On n'assiste donc peut-être pas à une répétition de 1914, après tout.

Cependant, sous l'horizon radar des lecteurs les plus assidus, les premiers troubles liés au pic du pétrole commencent à se manifester. Sans surprise, l'essentiel de ces reportages vient des parties du monde les plus pauvres, où un pétrole à 60$ est simplement trop élevé pour les économies fragiles.

Voici quelques uns de ces articles:

• La semaine dernière la BBC a rapporté que des douzaines de personnes ont été tuées au Yémen dans des émeutes pour du carburant, lorsque le gouvernement a retiré les subventions, avec comme conséquence des augmentations des prix dramatiques.

• Dans toute l'Indonésie, les gens faisaient la queue aux stations services, suite aux pénuries de carburant en cours. Dans une ville, la moitié des transports publics était à l'arrêt à cause d'un manque de carburant.

• Au Zimbabwe, le gouvernement à fait le choix de libéraliser l'approvisionnement de carburant à cause d'importantes pénuries qui ont eu comme conséquences des heures d'attente pour les bus, des queues interminables aux stations services, et une pénurie de pain. Le prix de l'essence au marché noir est actuellement dix fois plus élevé que le prix officiel.

• Presque tous les pays les plus pauvres produisent de l'électricité avec des génératrices diesel. Le Nicaragua, un des pays les plus pauvres d'Amérique Centrale, a récemment commencé à éteindre l'électricité des territoires les plus pauvres entre 19 et 22H, les heures de consommation la plus forte.

• La Tanzanie, qui a les taxes sur l'essence les plus élevées d'Afrique orientale et un système de vente du pétrole chaotique, voit son envie de croissance étouffée par le pétrole cher. Le pays achemine également le carburant pour le Malawi, le Rwanda, le Congo orientale, le Burundi et l'Ouganda, des pays enclavés.

• Plus proche d'ici, Maxjet a remis au printemps prochain ses projets d'offrir des vols bon marché entre Baltimore et Londres, avec l'espoir que les prix du carburant auront baissé.

Au plus fort de l'été, la situation de l'offre et de la demande reste la même. L'OPEP doit augmenter sa production journalière de 500 000 barils, et l'activité accrue des tankers en est une preuve. Dans le même temps, la production des pays hors OPEP semble être 1,2 million de barils sous les prévisions de l'AIE pour le premier semestre.

Et donc, on s'aperçoit qu'un pétrole à 60$ et de l'essence à 2,30$ le gallon n'ont pas changé les habitudes de conduite américaines. Il n'y a pas encore de dégâts sur l'économie, et ne il pousse pas le congrès à prendre quelque action sérieuse que ce soit, hormis un projet de loi sur l'énergie sans intérêt. Avec une croissance économique en forme, la demande de pétrole aux Etats-Unis continue à augmenter.

Les Chinois continuent à revendiquer une croissance qui se porte bien, ce qui suggère une demande accrue de pétrole dans l'avenir proche.

L'OPEP et les Russes — ceux qui peuvent encore accroître leur production— semblent, en ayant augmenté leur production pour endiguer des prix qui menacent la croissance, avoir tiré leur dernière cartouche. Au même moment, une bonne partie des plus vieux puits de pétrole hors OPEP accuse des baisses de productions dramatiques.

En rassemblant les pièces de ce puzzle, il est difficile de ne pas conclure que nous sommes actuellement très proches du pic de Hubbert, et qu'un jour, on déclarera que 2005 fut l'année du pic de production de pétrole.

                                                                                           (Référence fournie par William Tamblyn)

594. Evaluation d’un pays – les Pays-Bas

Les Pays-Bas sont un pays relativement petit de 42 000 km² sur la côte nord-ouest de l'Europe. Ils reposent sur le delta du Rhin et sont frontaliers de l'Allemagne et de la Belgique. Une large mer intérieure partiellement reprise, connue comme la mer de Zuider, s'étend dans la mer du Nord, tandis qu'une chaîne d'îles court parallèlement à la côte. La majorité du pays est d'une faible hauteur, avec environ un cinquième sous le niveau de la mer derrière un système complexe de digues, certaines existant depuis le moyen-âge. Le delta s'enfonce et la mer monte, rendant le pays de plus en plus vulnérable aux inondations: une telle inondation en 1953 causée par des orages et de grandes marées a coûté la vie a près de 2000 personnes. La population du pays est passée d'environ 3 millions vers 1850 à 16 millions de nos jours, en en faisant une région très peuplée avec une densité de population de 400/Km², dont environ 5% sont des immigrants Musulmans, beaucoup d'anciennes colonies.

Pays-Bas

Pétrole conventionnel

Gaz

Tcf

Population M

8.8

Taux

Mb/j

Tcf/a

Consommation              2004

1.0

1.5

    par personne b/a  (Mcf/a)

23

0.1

Production                  2004

0.044

2.4

Prévision 2010

0.033

2.4

Prévision 2020

0.021

2.4

Découverte moyenne à 5 ans Gb

0.001

.01

Quantité

Gb

Tcf

Production Passée

0.87

82

Réserves prouvées rapportées*

0.11

62

Production Future - total

0.33

62

De champs connus

0.27

53

De nouveaux champs

0.06

10

Production passée et future

1.20

145

Taux d’épuisement actuel

4.5%

3.9%

Date de mi-point d’épuisement

1991

2000

Date du pic de découverte

1980

1957

Date du pic de production

1987

1976

*Oil & Gas Journal

Plusieurs sites archéologiques confirment une présence depuis le paléolithique. Le Rhin formait la limite nord de l'Empire Romain, avec les dénommés bas pays, incluant ce qui sont maintenant les Pays-Bas, à la frontière. Les dunes de sable mouvantes, les canaux et les marécages du delta furent colonisés par des tribus Germaniques, qui furent à leur tour sujettes aux invasions et colonisations des Vikings. Le Moyen-Âge vit le développement de cités états et de principautés, souvent en conflit entre elles et faisant face aux pressions externes successives de l'Empire Franc, du Saint Empire Romain, des ducs de Bourgogne, des dynasties de Hasbourg d'Espagne et d'Autriche, et finalement de Napoléon. Les divisions religieuses ont contribué à l'évolution politique, laissant le pays majoritairement protestant. La province des Flandres devint un centre de tissage, sécurisant sa laine depuis l'Angleterre. Le commerce et la banque fleurirent durant les 17 et 18ème siècles, construits en partie sur la vie maritime et la localisation géographique du pays à l'embouchure du Rhône, une importante route commerciale. Il y avait aussi un épanouissement culturel mis en évidence par des peintres célèbres tels que Rembrandt et Van Gogh.

L'état moderne naquit effectivement en 1814 en tant que monarchie sous le Roi William 1er, suite à la défaite de Napoléon, bien qu'il vit la sécession de ce qui est maintenant la Belgique en 1830. Le langage fut un élément décisif : le Hollandais avec ses racines Germaniques et Scandinaves distingue les région côtières de l'intérieur principalement Francophone de ce qui est maintenant la Belgique. Une certaine friction continue de persister entre les deux communautés.

Les territoires outre-mer, notamment les Indes Hollandaises Orientales (maintenant l'Indonésie) et l'Afrique du Sud furent acquis, partiellement colonisés et développés dans les 19ème et 20ème siècles. Amsterdam devint un important centre financier.

Les Pays Bas étaient neutres durant la première guerre mondiale et ont tenté de l'être encore durant la seconde, jusqu'à ce qu'ils soient envahis par l'Allemagne en 1940. La Reine Wilhelmina s'échappa en Angleterre ou elle présida un gouvernement en exil. La période après guerre vit un rétablissement économique graduel, avec le pays jouant un rôle central dans l'Union Européenne et l'OTAN, tandis qu'il abandonnait son empire.

En termes physiques, la majorité du pays est couverte par des dépôts récents du delta obscurcissant la géologie sous-jacente, dont la connaissance a largement reposé sur les résultats de l'exploration pétrolière. Le pays a une expertise considérable dans ce domaine, étant la patrie de Royal Dutch, le membre fondateur du groupe Shell, qui fit tôt des découvertes dans les Indes Hollandaises Orientales. L'intérêt pour la patrie d'origine se manifesta par accident en 1936 quand un derrick en opération, exhibé dans une foire industrielle, rencontra de façon inattendue des indications mineures de pétrole. Cela déclencha une recherche terrestre, spécialement durant la seconde guerre mondiale, qui donna un certain nombre de petites découvertes de pétrole issu du jurassique inférieur et de roches sources permiennes. Une seconde surprise vint en 1957 quand un problème de communication mena à l'approfondissement accidentel d'un puit près de Groningen dans le nord du pays. Il pénétra un grès issu d’un désert du permien, qui n'avait pas été regardé comme intéressant, et qui pourtant prouva contenir un énorme dépôt de gaz couvert par des couches de sel, fournissant le sceau critique. Le gaz lui même était dérivé de gisements de charbon sous-jacents par un processus de cuissson naturelle. Cette découverte géante stimula la recherche de gaz offshore dans la Mer du Nord ou un certain nombre de découvertes majeures fut fait dans les eaux Hollandaises et Britanniques.

Un total de quelques 1100 puits d'exploration ont été creusés au Pays-bas, sur terre comme sur mer, permettant de découvrir environ 1,1 Gb de pétrole et 145 Tcf de gaz, dont respectivement environ 870 Mb et 83 Tcf ont été produits. Le perçage de puits d'exploration a atteint un pic en 1985 quand 45 puits furent creusés, mais est maintenant tombé à environ un quart de ce niveau alors que de moins en moins de projets viables demeurent. C'est maintenant une région très mature, et les découvertes futures ne devraient pas dépasser environ 60 Mb de pétrole et 10 Tcf de gaz.

(De façon surprenante, les statistiques pétrolières sont sujettes à une certaine incertitude avec des chiffres largement  différents rapportés pour les réserves et la production par BP, World Oil, et le Oil & Gas journal).

La production de pétrole a commencé en 1946. Elle a atteint un premier pic de 45 kb/j en 1965, est tombée à 24 kb/j en 1980, avant d'augmenter et d'atteindre un second pic maximum de 91 kb/j en 1987, quelques années avant le point d'épuisement médian en 1991. On prévoit un déclin depuis son niveau actuel de 44 kb/j à environ 5% par an. La consommation est d'environ 1Mb/j à un taux de consommation par tête très élevé de 22 b/a, pour laquelle la production indigène fait une contribution insignifiante. Le pays produit aussi environ 19kb/j de gaz liquides depuis des centrales à gaz.

La production de gaz a augmenté sans interruption durant les années 1960 pour atteindre un plateau irrégulier dans les années 1990 d'une moyenne de 2,4 Tcf/a (1,2 Mb/j d'équivalent pétrole), qui devrait durer  jusqu'aux alentours de 2025, avant de décliner brutalement vers l'épuisement dix ans plus tard. La consommation de gaz est d'environ 1,5 Tcf/a, signifiant qu'il y a une capacité d'exportation d'environ 1 Tcf par an pour encore 20 ans.

Le graphique illustre comment la production de pétrole et de gaz marque une période relativement courte de l'histoire suggérant que l'Union Européenne, à laquelle les Pays-Bas appartiennent, opèrent selon les principes économiques dépassées d'hégémonie économique et financière appropriés à la première moitié de l'âge du pétrole. La seconde moitié appellera à plus de décentralisation. Les Néerlandais, qui ont déjà rejeté la constitution proposée de l'UE dans un référendum, pourraient mener le mouvement et même redécouvrir les bénéfices d'une monnaie locale par laquelle mieux gérer leurs affaires. Le tournant vers un nouveau réalisme pourrait venir si le gouvernement interdisait l'exportation de gaz, en reconnaissant tardivement qu'il fournit des ressources critiques devant être préservées pour un usage local, améliorant les sévères tensions de la transition. Peut être la plus sérieuse menace vient elle des risques croissants d'inondations: beaucoup d'énergie est utilisée pour pomper l'eau hors des régions situées sous le niveau de la mer.

595. Les Réserves du Koweït

Il y a quelque chose de résolument douteux sur les réserves reportées du Koweït. Il doit être rappelé que ce pays annonça une augmentation massive de ses réserves en 1985 passant de 64 à 90 Gb bien que rien de particulier n’ait changé dans ses gisements de pétrole. La production cumulative jusqu’en 1984 se montait à 22Gb, donnant les découvertes totales, à ce moment là, à 86 Gb, ce qui est juste au dessous du nouveau chiffre de 90 Gb. Cela suggère que le pays commença à reporter les découvertes totales (Réserves Originales), non les Réserves Restantes. Mais une interprétation alternative est que le premier chiffre reflète un facteur de recouvrement traditionnel d’environ 30%, donnant une valeur du pétrole-en-place de 286 Gb. En augmentant le recouvrement à 40%, les réserves s’enrichissent à 92 Gb (286 x 0,4 –22), près de la nouvelle estimation reporté en 1985.

Le principal gisement du Koweït, Burgan, a été trouvé il y a longtemps en 1938, suggérant qu’il doit être maintenant grandement épuisé, ce qui explique peut-être pourquoi leur attention se tourne vers les gisements plus petits du Nord en étendant même les forages au delà de la frontière, comme le suggère l’article suivant. En effet, c’était précisément ce problème qui se couvait derrière la première Guerre du Golfe, quand Saddam Hussein avait tenté d’arrêter le pompage que le Koweït effectuait sur la partie sud du gisement Rumaila qui enjambait la frontière déjà mal défini. Il fût encouragé par les mots de l’ambassadeur américain d’alors, April Glaspie, quand il dit, quelques jours avant l’invasion, que les disputes sur les frontières entre les pays arabes ne concernaient pas les Etats-Unis. Les prix étaient alors trop bas et mettait à mal les producteurs indépendants du Texas. Aussi, il faisait sens alors de tenter de restreindre la capacité du Koweït à produire, mais malheureusement, il semble que Saddam ait mal compris le clin d’œil et chercha un incident de frontière.

Les véritables réserves du Koweït sont ici estimés à environ 55 Gb (bien en dessous du chiffre officiel de 99 Gb) mais cela délivre un taux de déplétion très faible de seulement 1,3%, suggérant que même cette estimation basse pourrait ne pas être assez basse. Pourquoi seraient-ils en train de chercher des ennuis en effectuant des forages franchement déviés au-delà de leur frontière et en tentant de développer leur propre plus petits gisements au Nord si l’augmentation de la production était juste une question d’ouverture de valves dans les gisement de Burgan ?

C’est une question cruciale qui reste à résoudre, ayant beaucoup d’influence sur la manière dont les autres pays du Moyen-Orient reportent leurs réserves, qui eux-mêmes comportent de bien plus importantes implications politiques.

   

Les irakiens accusent le Koweït de leur voler du pétrole

Par « The Associated Press »

Publication : 2 août 2005

Bagdad, Irak (AP) – les législateurs irakiens ont accusé le Koweït de voler leur pétrole,  aussi bien que de rogner sur leur territoire national à la frontière – ces allégations étant similaires à celles utilisés par  Saddam Hussein pour justifier son invasion du Koweït qui commença il y a 15 ans tout juste mardi dernier.

    Une délégation irakienne était prévue pour venir au Koweït mercredi pour discuter des incidents le long de la frontière koweitienne. « Il y a eu des violations où des forages pétroliers horizontaux ont été effectués pour pomper le pétrole irakien » disait le législateur Jawal al-Maliki, Président de la Commission de Sécurité et de Défense du parlement, à l’Assemblée Nationale mardi. Avec des puits horizontaux, au lieu de forer verticalement, les koweitiens foreraient avec un angle soit pour poursuivre sous terre dans le territoire irakien , soit pour chercher du pétrole depuis des réserves du territoire irakien. Il disait aussi que les koweitiens s’étaient appropriés des territoires jusqu’à un demi mile à l’intérieur de l’Irak.

    « Nous pensons que nous avons surmonté le passé et que nous avons ouvert une nouvelle page de relations encourageantes. Ces relations doivent être respectés par le Koweït » disait al-Maliki, un membre du parti Dawa du Premier Ministre Ibrahim al-Jaafari.

    Les relations entre l’Irak et le Koweït ont repris après l’invasion conduite par les américains en 2003 qui renversa Saddam et les postes frontières furent rouverts. Samedi, un responsable koweitien disait que des maisons et des fermes irakiennes avaient empiété à l’intérieur du Koweït dans la zone frontière de Umm Qsar dans le sud de l’Irak. Les responsables disaient qu’ils voulaient résoudre le problème frontalier par des négociations. 

      Des fermes qui appartenaient à des irakiens furent rasés quand les Nations Unis remirent la frontière en 1993, deux ans après que la coalition internationale conduite pas les USA s’engagea dans la Guerre du Golfe qui mit fin à l’occupation de sept mois de ce pays par les irakiens, qui commença avec l’invasion pas Saddam le 2 août 1990. Les propriétaires irakiens furent dédommagés.

    Le législateur Hassan al-Sunneid disait qu’une délégation de quatre membres de trois législateurs et le ministre des affaires étrangères Mohammed Haji Hmoud se rendraient au Koweït pour tenter de trouver une solution. « Il y a eu un problème frontalier avec le Koweït depuis que l’état irakien a été fondé » disait le législateur Mansour al-Basri. « Nous espérons que ces problèmes de frontières seront résolus selon des bases historiques et géographiques. »

    Il accusa même les koweitiens de prendre possession de la partie des eaux profondes du port de Umm Qsar où des bateaux géants se mettent à quai.  Des centaines d’irakiens ont manifesté à la frontière la semaine dernière pour arrêter la construction d’un barrière métallique entre les deux pays par le Koweït. Des coups de feu furent tirés à la frontière vers le Koweït, mais personne n’a été blessé et les gardes frontières koweitiens n’ont pas répliqué. Les koweitiens soutiennent que la barrière du pipeline, construite pour arrêter les véhicules qui traversaient illégalement le désert, était de leur côté de la frontière. La démarcation des Nations Unis donna aussi 11 puits de pétrole et une base naval ancienne qui se trouvaient normalement en Irak.

Quand Saddam était encore au pouvoir, le Koweït construisit une tranchée défensive le long de la frontière de 130 miles pour arrêter les infiltrations des deux côtés. Les soldats de la paix des Nations Unis patrouillaient encore à la frontière juste avant l’invasion de l’Irak. 

596. Réviser la base de données

Quelques lecteurs ont cherché des explications sur les révisions périodiques du tableau au début du bulletin. C’est un résumé du modèle de déplétion et de base de données qui a été maintenu depuis 15 ans, étant sujet à des révisions continuelles et des ajustements. Il sera aisément compris que les données publiques sur les réserves et la production sont énormément sujettes à caution, et que même les données de l’industrie montrent des estimations largement différentes. Par conséquent, il est nécessaire de rechercher les tendances et les relations, ainsi que d’appliquer du bon sens et des connaissances géologiques, pour tenter d’arriver à des résultats réalistes.  La prochaine révision pourrait bien voir une réduction des réserves possibles (Yet-To-Find), en extrapolant la tendance à la baisse des découvertes. De plus, modéliser la déplétion induit non seulement le calcul des taux de déplétion naturelle imposés par les lois immuables de la physique des réserves géologiques, mais est aussi reliée aux évaluations des facteurs politico-économiques, spécialement en relation avec l’approvisionnement crucial du Moyen-Orient. Les productions des pays, évalués d’abord individuellement, sont additionnées pour donner des totaux régionaux et mondiaux. Il est bien dit que tous les chiffres sont faux : le défi étant de déterminer de combien.

       Beaucoup d’intérêt est consacré à la date du pic, mais cela manque vraiment ce qui est important. Ce n’est pas un pic isolé ou un seul point haut, seulement le maximum indiqué d’une courbe de production moyenne modéré. De petits changements dans les estimations et les modèles peuvent le modifier de quelques années dans un sens ou dans l’autre. Le Golfe du Moyen-Orient est un cas particulièrement sensible. La production a atteint un pic historique en 1974 à 21,2 Mb/j. Dans les modèles actuels, la production montera de 19,4 Mb/j en 2004 à 20,5 Mb/j cette année avant de décliner vers 19 Mb/j en 2030. Il pourrait vraiment faire sens de modifier légèrement le modèle et les estimations des réserves en Irak, par exemple, où il y a un large éventail de scénarios possibles, et ainsi de changer le pic de l’ensemble de la région de 1974 à une date ultérieure dans les prochaines années. Cependant, l’important n’est pas tant la date du pic lui-même mais la reconnaissance du long et implacable déclin qui suivra.      

597. Nouveaux livres

Six nouveaux livres sur la question du pic de pétrole sont parus.

1.  The end of Fossil Energy and the last chance for Sustainability par John. G. Howe (ISBN 0-9743404-0-5, de www.mcintirepublishing.com) est un excellent résumé, écrit par un ingénieur, qui explique à la fois le problème et offre des solutions pratiques.

2. Oil crisis par C.J.Campbell (ISBN 0906522-39-0 de la Multi-Science publishing Co, 5, Wates way, Brentwood, Essex CM15 9TB, U-K www.mscience@globalnet.co.uk) est un compte-rendu de 397 pages décrivant dans un style semi-autobiographique la nature et l'histoire du marché du pétrole, ainsi que les contraintes géologiques de  production. Il décrit la première moitié de l'âge du pétrole avant d’aborder la seconde moitié qui débute aujourd’hui. Il évoque les tensions importantes liées à la transition vers un nouveau monde d'approvisionnement restreint en énergie, éveillant parfois à des réactions politiques virulentes. Il finit sur une note pleine d'espoir où les survivants à cette crise jouiront d’une vie plus simple, en meilleure harmonie avec eux-mêmes, les autres et l'environnement dans lequel la nature dicte ses lois. Le livre inclut un certain nombre d'entrevues avec entre autre des spécialistes du pétrole et des analystes. Des Statistiques et des graphiques sur le thème du pétrole, classés par pays, par régions et sur le monde dans son ensemble, s’efforcent de corriger les données publiques très peu fiables sur ce thème (voir le point 598).  Une large bibliographie est incluse.

  3. The collapsing bubble: growth and fossile energy par Lindsey Grant (ISBN 1-931643-58-X, seven Locks press, California) s'ouvre avec une bonne citation: « Toute personne croyant qu'une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste » - Kenneth Boulding (économiste). Ses titres de chapitre récapitulent son contenu:  1.  Le Nouveau Siècle Américain?  2.  Combien de temps avant le crépuscule?  3.  Crépuscule ou aube?  Il se concentre sur les réponses à apporter au pic pétrolier, en particulier par rapport aux prévisions des USA, liant l'invasion de l'Irak avec leur demande en pétrole afin de maintenir une croissance économique de plus en plus illusoire. Il exprime des inquiétudes particulièrement par rapport à l'environnement et au niveau de la population soutenable.

  4. Pétrodollar warfare : oil, Irak and the future of the dollar:  par William R.Clark (ISBN 0-86571-514-9, New Society) expose le subterfuge international et la manipulation de l'opinion publique pour expliquer les mécanismes cachés du gouvernement avant d’aborder le fond du sujet d'une façon convaincante et pénétrante.

5. The New Pearl Harbor par David Ray Griffin (deuxième édition ISBN 1-84437-036-4) fournit des données utiles sur les  prétextes de la guerre contre la terreur, dont l’agenda pétrolier est repris en partie dans les autres travaux référencés.

6. Energy beyond oil par Paul Mobbs (ISBN 1-905237-00-6) est dédié en particulier à la réaction générale suite au pic de pétrole, examinant comment les sociétés devront réagir et se préparer, précisant que Noé avait commencé à construire l'Arche bien longtemps avant le déluge.

  Il est intéressant de noter que les livres 2 et 4 recommandent le protocole de Rimini, qui est, dans un sens une initiative de l’ASPO, désormais cité sur les sites Internet de l’ASPO sur www.peakoil.ie. Le protocole de Rimini  est un  outil pratique à travers lequel les gouvernements et d'autres pourraient réagir et projeter de suivre l’évolution de la situation.

598.    L’Agence Internationale de l’Energie: les prévisions 2005

Le dernier rapport de l’agence internationale de l’énergie est de bien meilleure qualité que ceux déjà publiés par cette organisation. Le rapport inclut dans le tableau 4 une liste des ressources mondiales pour 1995-2025. Les informations sur les réserves sont tirées du journal « oil and gas » (lequel définit de façon très large le conventionnel incluant par exemple 178,8 Gb pour le Canada comparé au World Oil’s report (rapport mondial sur le pétrole) donnant 5,0 Gb).  la « croissance des réserves » et les estimations sur les « découvertes » sont tirées des valeurs moyennes données par l’USGS, aujourd’hui discréditées par les résultats portant sur les dix premières années de leur période d’étude. Le rapport est cependant parvenu à noter que les prix du pétrole sont plus du double que ceux prévus dans la dernière étude de l'organisation, mais ceci n’est pas jugé comme inquiétant puisque comme indiqué dans la figue 11 les cours chuteront encore et seront toujours en dessous des niveaux actuels en 2025.

Les gouvernements de l’OCDE, qui ont fondé l'organisation, seront très satisfaits de cette nouvelle étude, qui les dégage de toute responsabilité de devoir informer la population des conséquences de la situation de l’approvisionnement actuel en pétrole. La nature elle, ne ment pas.

599.    Pétrole et Nourriture

La relation critique entre le pétrole et les approvisionnements en denrées alimentaires est discutée dans un papier complet et pertinent écrit par R.A.Leng, professeur dans une école de Science et d'agriculture rurales en Australie, comme résumé ci-dessous:

Les conséquences du déclin des réserves mondiales de pétrole sur la production future d’animaux d’élevage dans le monde.

Dans un avenir proche, une disponibilité réduite des ressources primaires ainsi que des questions environnementales, écologiques, sociales et politiques, auront des effets majeurs sur le développement rural. L’escalade des prix des carburants fossiles précipitera une cascade de changements environnementaux, économiques, politiques et culturels pour lesquels la société n’est pas préparée. Le déficit de l’offre et de la demande énergétique a la capacité d'éclipser le changement climatique comme idée directrice du développement durable. À l'avenir, le carburant et les autres coûts de production agricole seront inclus dans le prix de vente des produits et les modèles de culture actuels se dirigeront vers la production d'alcool, de biomasse et de bio-carburant, en particulier dans le monde industrialisé. La concurrence pour l’utilisation des récoltes dans la nourriture humaine, l’alimentation animale, la matière de base pour des industries de fermentation s’intensifiera et l'utilisation de céréales plus chères pour la production animale devra être sensiblement réduite. En conséquence, la protéine animale sera de moins en moins dérivée du porc, de la volaille, et du bétail industriel, mais plus par des ruminants nourris par fourrage et sous-produits de la production agricole. Les pays en voie de développement nécessiteront une stratégie dépendante du développement de carburants non fossiles, ce qui signifie que leurs sociétés seront organisées très différemment. La production de nourriture proviendra de plus en plus, des communautés plus localisées et plus décentralisées avec des fermes diversifiées (produisant des produits agricoles diversifiés, des animaux, des oiseaux et du poisson) qui remplaceront les fermes spécialisées produisant seulement quelques produits (rleng@ozemail.com.au).

600. La réponse du monde des investisseurs au Pic du Pétrole

Le Financial Times du 16 août publiait un article frappant de George Magnus de la Banque d'Investissement UBS, examinant les impacts de la production de pétrole déclinante sur l'économie mondiale, qui se conclue en recommandant que nous “gardions un œil méfiant sur les conséquences économiques quand les volants économiques actuels s'affaiblissent comme il se doit”.

On ne peut pas s'attendre à ce que le monde des investisseurs ait une connaissance réelle des affaires dans lesquelles ses membres investissent. Par le passé, ils ont œuvré sur la base de la confiance et de la transparence, avec pour but principal de percevoir dividendes et intérêts, mais cette époque est révolue, désormais investisseurs et managers des compagnies s'emploient uniquement à obtenir de leurs actions une cote satisfaisante pour le marché. En conséquence, le rôle des investisseurs s'est cantonné à des achats spéculatifs et des reventes à plus-value suivant les fluctuations du marché. Leur talent tient moins à l'identification des investissements prometteurs et réside plus dans le pistage de leurs actes respectifs, qui gouvernent le marché, et donc l'évolution de la valeur de leurs portefeuilles. Ils travaillent à deux niveaux: d'abord, protéger leur propre fortune et celles de leurs clients privilégiés, ensuite gérer les masses importantes d'argent institutionnel qui affluent continuellement vers eux. Naturellement, ils essayent de faire en sorte que le premier niveau prévale toujours sur le second, mais pour éviter d'être accusés de délits d'initiés, ils publient leurs recommandations pour la dernière rumeur avant de faire les placements pour le second niveau. L'afflux de ces derniers rémunérant les premiers.

En lisant entre les lignes, on peut comprendre que ce marché est conçu pour permettre aux investisseurs du premier niveau de se débarrasser à profit avant que le second niveau plonge en crash généralisé. C'est ce qui se passera quand il sera reconnu que le déclin des réserves pétrolières empêche toute possibilité de croissance économique, signifiant donc d'une part, que la plupart des dettes actuelles n'ont plus de nantissement et d'autre part, que de nombreuses sociétés cotées en bourse sont surévaluées par l'hypothèse d'un coût de l'énergie invariable.

Le principal souci du monde des investisseurs est d'éviter de perdre des clients, ce qui les amène à faire tout leur possible pour serrer les rangs et s'imposer mutuellement une façon unique de voir les choses et de réagir aux événements. Il est à ce propos remarquable que Goldman Sachs, dont le président est également vice-président de BP, prévoit dans le Financial Times du 19 août que le prix du pétrole restera au dessus des 60$ d'ici 2010, contrastant ainsi avec l'AIE (voir sujet 598).

Par le passé, la tâche des investisseurs était relativement simple dans une ère d'expansion générale et de prospérité, bien que sujette à des cycles de fond qui eux-mêmes offraient l'occasion de profits crapuleux. C'est ainsi qu'ils ont gravi le premier côté de la montagne économique durant le siècle dernier, mais maintenant, cela va être plus difficile alors qu'ils commencent à glisser de l'autre côté, beaucoup plus escarpé. Certains en prennent conscience (voir www.sprott.com/pdf/marketsataglance/08-22-2005.pdf).

Superposé à l'environnement boursier se trouve l'environnement fiscal, qui a été progressivement échafaudé pour privilégier les premiers en incluant nombre de distorsions et avantages utiles et souvent cachés. Les plus-values sont moins taxées que les dividendes. Les commodités permettant aux entreprises de déduire de leurs revenus imposables leurs frais d'exploitation, dont les charges énergétiques et les rémunérations managériales, ont été d'un énorme bénéfice, constituant en effet une forme de subvention. En outre, les taxes sur les plus-values ont permis de retenir les investisseurs à la bourse. En fait, toute une profession portant la casquette de conseiller fiscal est née pour aider les gens à exploiter au mieux ces anomalies. Ce que tout cela provoquera dans la pente descendante de la montagne reste à voir, mais il sera utile d'être attentif aux discours des investisseurs pour prédire leurs réactions au nouveau monde de déclin que la Nature impose.

601. Economiser le pétrole européen

L’Europe de l'ouest produit presque 5.4 Mb/j de pétrole et en consomme 10.6 Mb/j, ce qui en fait un importateur net de 5.2 Mb/j. Des trois pays de la mer du Nord qui exportent toujours, la Norvège est de loin le plus important, exportant 2.7 Mb/j, tandis que la Grande-Bretagne deviendra un importateur net l'année prochaine et le Danemark suivra dix ans après. Les Etats-Unis importent 11 Mb/j, faisant des achats croissants sur le marché spot de Rotterdam, ce qui a amené le prix du Brent quasiment à la parité avec le West Texas Intermediate. Les Européens pourraient en arriver à remettre en cause le bien-fondé d'exporter leurs précieuses ressources dont ils auront désespérément besoin quand les difficultés d'approvisionnement mondial augmenteront dans les années à venir. Demander ou payer la Norvège pour le stocker sous terre irait à l’encontre de toutes les règles du « mondialisme de la terre plate », mais ce serait dans le meilleur intérêt de la Norvège. Ses quatre millions d'habitants n’arrivent pas à dépenser les revenus énormes qu'ils reçoivent, ce qui a amené le gouvernement à établir un fond du pétrole de 120 milliards de dollars, le plus grand investissement du monde. Il est placé par les banques internationales sur les marchés mondiaux où il aura sans aucun doute disparu sous peu. Si au moins ils étaient au courant : le meilleur investissement que la Norvège pourrait faire serait en effet de conserver son pétrole et son gaz.

                                                                                                                

602. Une attaque imminente contre l’Iran?

Il y a eu plusieurs signes et rumeurs que les Etats-Unis projetaient d’exécuter la phase suivante de leur politique au Moyen-Orient avec une attaque de l'Iran en juillet, mais cela ne s’est pas produit, peut-être parce que la chaleur de l'été n'est pas idéale pour une campagne militaire. Cependant, les nouvelles pressions sur le pays augmentent sous prétexte de sa décision de reprendre la production d'énergie nucléaire. L'Irak, avec ses

26 millions d’habitants, s’est avérée très difficile à conquérir, tout en montrant des signes de désintégration entre ses factions kurde, shiite et sunnite, alors que le tribut quotidien de la mort continue à augmenter. L'Iran, avec sa population principalement shiite de 67 millions, pourrait être bien plus difficile. Entre temps, Mme Cindy Sheehan, la mère endeuillée d'un soldat tué à Bagdad, a campé près de la retraite d'été de M. Bush dans le Texas, réclamant sa récusation.

603. Le monde commence à se réveiller

Chaque jour apparaissent de nouveaux articles expliquant les tenants de la situation courante, la plupart écrits par des professeurs avisés. En voici un exemple typique:

La crainte d'un approvisionnement déclinant pourrait inciter les USA et autres grandes puissances à sécuriser les réserves pétrolières d'une manière qui déclencherait un conflit généralisé avec le mode musulman.

Athens Banner-Herald, samedi 20 août 2005

http://onlineathens.com/stories/082005/opi_20050820018.shtml
Le « Pic du Pétrole » approche, et nous n'y sommes pas prêts

par Steve A. Yetiv

Les déficits budgétaires explosent. L'inflation règne. Les bourses dégringolent. Les sociétés déposent leur bilan. Les grandes puissances s'affrontent. Cela pourrait être notre avenir si nous ne prenons pas de mesures énergétiques plus sérieuses que celles proposées dans le budget de l'énergie récemment signé par le président Bush. Avec des prix du pétrole atteignant des sommets historiques et la guerre embrasant l'Irak, des inquiétudes sérieuses sur le « Pic du Pétrole » sont apparues petit à petit à portée de radar médiatique. Dit simplement, le pic de pétrole est le tournant majeur quand la production globale de pétrole atteint son maximum et commence à décliner, indiquant une future diminution de l'approvisionnement.

Les analystes prédisent que le pic adviendra entre 2006 et 2011, que les réserves mondiales de pétrole sont beaucoup moins importantes que supposé car les principaux producteurs, tels que l'Arabie Saoudite, surestiment ou brouillent l'état de leur réserves, et que nous nous dirigeons vers une catastrophe énergétique.

De telles inquiétudes sont peut-être exagérées, mais nous devons quand même être plus zélés dans la prévoyance, car quelque soit la date du pic du pétrole, il aura trois conséquences auxquelles nous ne sommes pas préparés.

D'abord, en l'absence d'alternative sérieuse au pétrole, son prix dépassera certainement les 100$ le baril par anticipation d'une demande de pétrole progressivement supérieure à l'offre. Cela peut provoquer une récession mondiale ou pire. Même si l'augmentation des prix incite à la recherche d'alternatives, il faudra des années, peut-être des décennies, pour que l'économie mondiale s'y adapte car le pétrole est omniprésent dans nos vies. On ne peut pas le remplacer du jour au lendemain. Même si le pic de pétrole devait survenir en 2020 ou 2025, nous sommes encore dans l'urgence.

Deuxièmement, le Moyen-Orient va devenir un fournisseur de plus en plus prédominant, rendant le monde plus vulnérable à ses caprices. Il représente actuellement environ un tiers de la production mondiale de pétrole, mais il détient les deux tiers des réserves mondiales. Elles seront les ultimes restantes quand le pétrole s'épuisera un peu partout dans le monde.

Troisièmement, les craintes à propos du pic pourraient engendrer des conflits entre les grandes puissances. CNOOC, contrôlée par les Chinois, à retiré son offre sur la compagnie pétrolière américaine Unocal, mais ce cas préfigure l'avenir. Il souligne les craintes obsessionnelles de la Chine pour l'énergie et les craintes croissantes de Washington envers la Chine. Imaginez combien les relations sino-américaines vont devenir tendues dans un contexte de déclin des réserves pétrolières.

De tels conflits ne seront pas limités aux grandes puissances. Oussama ben Laden a longtemps clamé à tort que les Américains volaient le pétrole arabe. Le pétrole est ressenti comme une ressource arabe par des millions de Musulmans qui considèrent l'invasion de l'Irak par les Américains comme un hold-up pétrolier. La crainte d'un approvisionnement déclinant pourrait inciter les USA et autres grandes puissances à sécuriser les réserves pétrolières d'une manière qui provoquerait un conflit généralisé avec le monde Musulman.

Des études montrent que nous pouvons prendre trois mesures importantes pour tenter d'échapper à cet avenir.

Premièrement, nous devons considérer le plan énergétique comme un point de départ et non une finalité. Il comporte des avancées, mais ignore un fait fondamental: 70% du pétrole est utilisé dans le secteur des transports. Pour traiter cet aspect, nous devrons augmenter les taxes sur les produits pétroliers. Une étude de l'OCDE suggère que cela réduirait la consommation de pétrole et les émissions de CO2 de plus de 10%.

Nous devons également revoir les normes de carburation, ce sur quoi le plan énergétique fait l'impasse. Un récent rapport de l'Agence pour la Protection de l'Environnement indique que les voitures et camions commercialisés aujourd'hui sont largement moins efficaces énergétiquement qu'ils ne l'étaient dans les années 80.

Le budget énergétique prévoit 14,6 milliards de dollars de subventions et crédits d'impôts, mais 9,2 milliards concernent la production électrique, qui n'utilise que 3% du pétrole, et 2,6 milliards additionnels vont aux compagnies pétrolières et gazières. Très peu est consacré à la diminution de la consommation de pétrole dans les transports ou à la promotion d'alternatives énergétiques.

Deuxièmement, nous devons informer le public de la lamentablement impréparation au pic pétrolier de l'économie américaine et mondiale. Cela est vital car les Américains, en particulier, voient encore le pétrole comme un droit. L'Amérique consomme 25% de l'énergie de la planète pour seulement 5% de sa population.

Troisièmement, il nous faut établir des règles de conduite évitant aux grandes puissances d'entrer en conflit à cause du pétrole. Sinon, le pétrole deviendra progressivement l'objet d'un jeu à somme nulle quand nous anticiperons sa raréfaction.

La technologie pourrait nous sauver de notre dépendance au pétrole. Mais de la même manière que nous prenons des assurances pour nous-même, nous devrions avoir une police d'assurance pour la sûreté énergétique des générations futures.

(Prof. Yetiv est professeur en sciences politiques et relations internationales à l'Université Old Dominion (Virginie) et auteur de "Explaining Foreign Policy").

604. Le New York Times évoque le pic du pétrole

Le New York Times du 21 août contenait un long article de Peter Maass, titré Le point de rupture, qui discutait du problème du pic du pétrole, avec une allusion à l'Arabie Saoudite. Il fait contraster le point de vue officiel promu par Al-Naimi, le président en exercice d'Aramco, avec les déclarations plus réalistes d'Al-Husseini, son prédécesseur, plus libre de parler car ayant quitté son poste. Ce qui suit est un bref extrait qui renvoie aux remarques explicites de ce dernier.

Nous avons parlé pendant plusieurs heures. Son message est clair : le monde se dirige vers une pénurie de pétrole. Son avertissement est bien différent des discours lénifiants que Naimi, d'autres Saoudiens, et les officiels américains nous offrent presque quotidiennement. Husseini nous a expliqué que la nécessité de produire plus de pétrole a deux origines. La plus évidente, c'est la hausse de la demande : ces dernières années, elle a augmenté de 2 millions de barils par jour tous les ans. (La consommation actuelle se situe à près de 84 millions de barils par jour.) Mais ce qui est moins évident, c'est que les producteurs épuisent leurs réserves à chaque fois qu'ils pompent un baril de pétrole. Cela signifie que pour maintenir leurs réserves en l'état, ils doivent remplacer le pétrole qu'ils extraient des champs dont la production décline. C'est l'équivalent géologique de courir pour rester sur place. Husseini reconnaît que de nouveaux champs vont être mis en production, comme sur la côte ouest africaine et dans le bassin de la mer Caspienne, mais ils ne seront pas assez productifs pour compenser ce besoin qui va en augmentant.

« En regardant un planisphère, on peut se demander d'où viennent les grandes augmentations de production. Et il n'y en a presque nulle part, sauf en Arabie Saoudite, » dit-il. « Le royaume et le champ de Ghawar ne constituent pas le problème. Il y a plus grave. Le problème est qu'on est passé de 79 millions de barils par jour en 2002 à 82.5 en 2003 puis à 84.5 en 2004. On grimpe de 2 à 3 millions de barils par an, et en couvrant les déclins, ça donne 4 à 5 millions. » En d'autres mots, si cette tendance de la demande et de l'épuisement des champs se prolonge, chaque année le monde devra mettre en route assez de champs ou de puits pour pomper 6 à 8 millions de barils supplémentaires par jour – au moins 2 millions de barils par jour pour la demande en hausse et 4 millions pour compenser le déclin de la production des champs existants. « C'est comme toute une nouvelle Arabie Saoudite toutes les deux ans, » selon lui. « Ca ne peut pas continuer indéfiniment. Ce n'est pas soutenable. »

Husseini parle calmement, comme un professeur qui espère que quelqu'un écoute. Il est dans la position enviable de celui qui sait de quoi il parle tout en ayant la liberté d'en parler ouvertement. Inquiet, il pense que la demande globale croissante pour le pétrole produira l'équivalent d'une surchauffe sur un moteur. Husseini ne veut pas que les réservoirs fragiles et irremplaçables du Proche Orient ne soient endommagés par une surproduction inutile. « Si vous accroissez la production si rapidement et sautez d’élevée à plus élevée et au maximum, sans prendre le temps de faire ce qu'il faut et d'évaluer la situation, vous pouvez endommager les réservoirs » explique t'il. « L'exploitation systématique n'est pas qu'une affaire d'argent. Il s'agit également de dynamique de réservoirs, d'analyse de leur contenu, et de traitement des données. Et c'est là que les professionnels interviennent, que l'expérience est requise. Ces ressources ne sont pas disponibles partout. »

605. Le pétrole léger aurait passé son pic

L'OPEP, au mois d'août, a publié son rapport sur les marchés pétroliers. Il présente quelques statistiques étranges, qui comparent la densité de la production de pétrole des années 2000 et 2004 entre les pays de l'OPEP et ceux hors OPEP. Il définit trois classes : Léger, Moyen (26-35o API) et Lourd (la limite pour le pétrole lourd, chiffrée à 26o API, est élevée par rapport à celle de l'ASPO, qui est située à 17.5o, celle du Venezuela à 22o et celle du Canada à 25o). Selon les chiffres et les pourcentages communiqués, la production mondiale de pétrole Léger (>36oAPI) est passée de 27.1 à 23.8 Mb/j entre 2000 et 2004, suggérant en cela qu'il aurait passé son pic. Mais la crédibilité de ces estimations est mise à mal quand, en faisant le total des productions OPEP et hors OPEP, on arrive à un total global de 93.8 et 99 Mb/j, pour 2000 et 2004 respectivement. On peut comparer ce total avec les chiffres de 74.95 et 80.26 Mb/j publiés dans la revue statistique de BP.

Cet exemple souligne à quel point les statistiques pétrolières sont peu fiables. Apparemment, certaines bases de données se fient pour leurs chiffres à des agents maritimes équipés de jumelles, faisant le compte des tankers qui passent, et notant leur niveau de flottaison par rapport à la mer.                                                                                                                                                        (Référence fournie par Hans Jud

606. Rencontre de l'Académie Nationale des Sciences

L'Académie Nationale des Sciences organise une rencontre à Washington les 20 et 21 octobre, ayant pour sujet l'offre et la demande pétrolière. L'USGS et l'AIE seront représentés, et présenteront sans doute leur points de vue connus, tandis qu'Aleklett et Simmons fourniront les preuves pour un pic imminent de la production. Hirsch recommandera de se préparer au déclin et quelques compagnies pétrolières discuteront de la production des pétroles non-conventionnels.

Les organisateurs de conférences et les medias ont l'habitude de donner un poids égal à des points de vue opposés, donnant à l'audience l'occasion d'écarter le sujet, au motif qu'aucune action n'est nécessaire si les experts ne sont pas d'accord entre eux. Mais le débat peut ouvrir les portes à des subventions à la recherche.

607. Le maire de Denver prend le pic du pétrole au sérieux

Les 10 et 11 novembre 2005, la ville de Denver accueillera, avec l’ASPO-USA, une conférence de haut niveau pour discuter du défi mondial du pic de production de pétrole, et des réponses intelligentes locales.

Voici un extrait de l'invitation du maire :

Comme décrit à la une du magazine New York Time du dimanche 21 août, beaucoup de géologues, de scientifiques et d’analystes crédibles prévoient que la production mondiale de pétrole fera un pic dans les 10 à 15 années à venir et diminuera ensuite. Ensuite, le pétrole serait disponible, mais en quantités décroissantes.

Comme vous le savez probablement, j'ai commencé ma carrière en tant que géologue du pétrole. Dans mon rôle beaucoup plus récent de maire de Denver, j'ai parlé avec un certain nombre d'experts nationaux basés à Denver, y compris Tom Petrie de Petrie Parkman et Peter Dea de Western Gas Resources, au sujet de cette prévision et ai conclu qu'elle justifie une compréhension et une considération plus détaillées en terme d'impacts possibles sur la santé économique et le futur de la ville. Un rapport faisant autorité, financé par le ministère de l'énergie des Etats-Unis, parle du risque économique significatif attaché à un possible pic de la production mondiale de pétrole. Etant donné l'impact financier potentiellement puissant sur la région de Denver, nous aurons besoin de réponses proactives et nous aurons besoin d'elles bientôt.

Mon travail est d’équilibrer notre budget aujourd'hui et de dresser une carte d’une future gestion qui préserve des choix positifs pour les leaders et les citoyens de demain. Plusieurs des décisions politiques que nous prenons aujourd'hui affecteront non seulement la facture de carburant de la ville, mais également la consommation de carburant des entreprises et des citoyens de Denver. Toutes les municipalités seront affectées par le pic du pétrole.

J’accueille le forum mondial du pétrole de Denver parce que je crois que la discussion et l'action d’aujourd’hui non seulement amortiront les difficultés à venir mais créeront également de nouveaux choix et opportunités évidentes pour Denver. En tant que chef de cette communauté, je vous invite à vous joindre à moi. Veuillez le noter dans vos agendas afin d’être présent.

Pour toutes questions, n’hésitez pas à contacter soit le directeur de mon initiative de développement durable, Beth Conover, au 720 865 5429 ou le coprésident de la conférence Steve Andrews de l’ASPO-USA au 303-759-1998 ou à sbandrews@att.net. Plus de détails peuvent être trouvés sur www.aspo-usa.org.

Calendrier des conférences et réunions futures

Les membres de l’ASPO et associés [entre crochets] traiteront le sujet du pic pétrolier aux conférences et réunions suivantes:

23-25 septembre       2ème conférence U.S. sur le pic pétrolier et les solutions communautaires, Yellow Springs, Ohio

26-30 septembre       Marchés de l’électricité verte; Le groupe Réforme, Salzburg, Autriche [Aleklett]

10-12 octobre            Peak Oil II, Alexander Oil & Gas, Coblence, Allemagne [Campbell]

11 octobre                 Le pic de pétrole, la nourriture et l’écologie, Londres, GB (www.eafl.org.uk)

20-21 octobre            Le pic de pétrole, Académies nationales américaines, Washington, USA [Aleklett]

27-28 octobre            Le développement durable de la Baltique. Kaliningrad, Russie [Aleklett]

28-30 octobre            Conférence de l’énergie de Pio Manzu, Rimini, Italie [Campbell]

5-6 novembre            Les futurs de l’énergie, Lausanne, Suisse [Aleklett]

8-10 novembre          Véhicules & carburants propres, Stockholm, Suède [Aleklett]

10-11 novembre        Conférence sur le Pic Pétrolier, Denver, USA  (ASPO-USA) [Gilbert]

14-16 novembre        Sécurité et sécurisation des infrastructures énergétiques, Commission Européenne, Bruxelles [Aleklett]

28-30 novembre        Conférence sur l’énergie solaire, Dunedin, Nouvelle-Zélande [Aleklett]

14 décembre              L’Irlande dans la seconde moitié de l’ère du pétrole, ICA, Schull, Irlande [Campbell]

2006

12-13 avril                  La réponse de l’Irlande au pic de pétrole, Dublin [Campbell, Skrebowski]

Tout renseignement sur les événements futurs sont les bienvenus

Index des évaluations de pays avec la référence du bulletin d’information

Abu Dhabi

42

Brunei

54

Inde

52

Mexique

35

Trinidad

37

Algérie

41

Canada

48

Indonésie

18

Nigeria

27

Turquie

46

Angola

36

Chine

40

Iran

32

Norvège

25

USA

23

Arabie S.

21

Colombie

19

Irak

24

Oman

39

Venezuela

22

Argentine

33

Danemark

47

Italie

43

Pays-Bas

57

Vietnam

53

Australie

28

Egypte

30

Kazakhstan

49

Pérou

45

Azerbaïdjan

44

Equateur

29

Koweït

38

Roumanie

55

Bolivie

56

Gabon

50

Libye

34

Russie

31

Brésil

26

GB

20

Malaisie

51

Syrie

17

Note

Ce bulletin d’information est distribué par ASPO IRELAND. Veuillez adresser tout commentaire ou contribution à www.peakoil.ie  ou contactez Jake Gordon à jake@peakoil.ie. Veuillez éviter d’utiliser aspotwo@eircom.net pour autre chose que des messages personnels.

Permission est expressément donnée de reproduire ce bulletin d’information, avec mention de l’auteur.

Compilé par C.J.Campbell, Staball Hill, Ballydehob, Co. Cork, Irlande

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25 octobre 2005

Août 2005

ASSOCIATION POUR L’ETUDE DU PIC DU PETROLE ET DU GAZ

BULLETIN D’INFORMATION N° 56 – AOUT 2005

L’ASPO est un réseau de scientifiques affiliés à des institutions et universités européennes, ayant pour but la détermination de la date et de l’impact du pic et du déclin de la production mondiale de pétrole et de gaz, dû aux ressources limitées.

Les pays suivants sont représentés: Allemagne, Autriche, Danemark, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suède et Suisse.

Missions:

1. Evaluer les réserves mondiales de pétrole et de gaz et leurs définitions;

2. Etudier leur épuisement, en tenant compte des facteurs économiques, technologiques, politiques et de la demande;

3. Sensibiliser aux graves conséquences pour l’Humanité.

Bulletins d’information: Les bulletins d’information futurs seront compilés sous les auspices de ASPO Irlande qui tient à jour les archives complètes des numéros précédents sur www.peakoil.ie . Les éditions en langues étrangères sont disponibles comme suit :

            Espagnole: www.crisisenergetica.org

            Française:  www.oleocene.org (cliquer sur “Newsletter”)

Toute communication peut être adressée à ASPO IRLANDE sur www.peakoil.ie 

SOMMAIRE

575. La Grande Bretagne discute l'introduction d'un rationnement énergétique 

576. Réaction au sujet 573: Le pétrole et la population

577. Evaluation d'un pays– La Bolivie

578. Nuclear Issues

579. Une lueur d’espoir pour le conflit au Moyen-Orient

580. Le ratio « Réserves sur Production » (R/P)

581. Un DVD sur le pic de production de pétrole

582. Air Miles

583. Le Venezuela montre l'exemple avec des mesures anti-affairisme autour de la pénurie

584. Lettre ouverte au Premier Ministre du Canada

585. Chevron reconnaît le Pic Pétrolier et la Déplétion

586. Le prix du gaz naturel anglais s'envole

587. Changement climatique et Pic Pétrolier

588. La fin du pétrole bon marché

589. Les découvertes offshore continuent à diminuer

590. Efficacité énergétique

591. Le pic du pétrole à Washington

592. La conférence d’ASPO-USA.

Calendrier des conférences et réunions futures

Index des évaluations de pays avec la référence du bulletin d’information



Données globales de l’épuisement


PRODUCTION ESTIMEE JUSQU’EN 2100       (fin 2004) 

Quantités (Gb)

Débit journalier - Pétrole conventionnel (Mb/j)

Total

Année

Pétrole conventionnel

2000

2005

2010

2020

2050

(Gb)

du Pic

Passé

Futur

Total

US-48

4.5

3,4

2,7

1,7

0,4

200

1971

Champs connus

Nouveaux

Europe

6.3

5,2

3,7

1,9

0,3

75

2000

945

760

145

1850

Russie

6.3

9,1

8

5,4

1,5

220

1987

905

MO et Golfe

19

20

20

20

12

680

1974

Tous les liquides

Autres

28

28

25

17

6

675

2004

1040

1360

2400

Monde

58

66

60

46

20

1850

2004

Scénario de base de 2004

Débit journalier - Autres (Mb/j)

Le Moyen-Orient produisant à capacité

Lourd, etc.

1.7

2,3

3

4

4

160

2021

(reporting anormal corrigé).

Eaux prof.

1.7

4,8

7

6

0

70

2014

Le pétrole conventionnel exclut le pétrole de

Polaire

1.0

0,9

1

2

0

52

2030

charbon, de schiste, de bitume, lourd, en eaux

LiquidesGN

6.3

8,0

9

10

8

275

2027

profondes, polaire et liquides de gaz naturel.

arrondis

0

2

-7

Révision du 17/07/2005

TOTAL

74

82

80

70

35

2400

2007


575. La Grande Bretagne discute l'introduction d'un rationnement energétique

Une bonne raison pour introduire un rationnement énergétique est que le pétrole et le gaz Britanniques indigènes vont continuer à diminuer pour être quasiment épuisées dans une quinzaine d'années, comme l'a confirmé le ministère du commerce et de l'industrie. Une aura plus politique est évidemment gagnée en le décrivant comme une réponse au changement climatique causé par la consommation de combustibles fossiles. Dans tout les cas c'est une excellente proposition, spécialement si le rationnement peut devenir une forme de monnaie d'échange, faisant du contenu énergétique des biens et des services une composante essentielle de leur coût.

La Grande Bretagne envisage un rationnement de l’énergie pour remplir les obligations de Kyoto
Par Mike Wendling, Correspondant de CNSNews.com

21 juin 2005
http://www.cnsnews.com//ViewSpecialReports.asp?Page=\\SpecialReports\\archive\\200506\\SPE20050621a.html

Londres (CNSNews.com) – Les résidents Britanniques pourraient faire face à une forme de rationnement de l'énergie dans la prochaine décennie selon des propositions actuellement en cours d'étude pour réduire les émissions de dioxyde de carbone du Royaume-Uni pour remplir le protocole de Kyoto. Selon ces propositions, connues comme Quotas Domestiques Transférables (QDTs), chaque individu se verrait délivrer une «carte carbone», de laquelle des points seraient déduits chaque fois que son détenteur achèterait des combustibles fossiles, par exemple en faisant le plein d'une voiture ou en prenant l'avion. Au cours du temps, le nombre de points alloués à chaque carte diminuerait. Les grands utilisateurs d'énergie pourraient acheter des points des utilisateurs plus économes, ce qui avec le temps conduirai à un marché d'échange du carbone similaire à celui déjà en place au Royaume-Uni pour les utilisateurs industriels.

Un rapport prévu pour cette semaine par la Commission au Développement Durable, qui conseille le premier ministre Tony Blair sur les problèmes environnementaux, recommandera qu'en 2007, le gouvernement Britannique devrait sérieusement considérer l'introduction des QDTs. Le rapport, une copie préliminaire de celui qui a été obtenu par  Cybercast News Service, appelle à plus de recherches sur la manière dont ces propositions fonctionneraient en pratique.

Le Ministre de l'environnement Britannique Elliott Morley a dit dans un entretien téléphonique que le plan QDT, aussi appelé allocation personnelle de carbone, est un de ceux actuellement considérés par le gouvernement.

«Les allocation personnelles de carbone sont une idée intellectuelle très séduisantes» a t-il dit. «Leur mise en place serait potentiellement très coûteuse, mais cela ne devrait pas nous empêcher de peser les arguments,» dit-il.

Morley a dit que le gouvernement considérait aussi une taxe directe sur le carbone, et a reconnu que la complexité d'un système centralisé pourrait être un obstacle majeur.

«Il y a un grand travail pour expliquer l'idée des allocations de carbone au public (mais) nous ne devons pas écarter toute idée à cause de cela,» dit-il.

Un des plus grands scientifiques Britanniques regardant ces propositions a caractérisé les QDTs comme une forme de rationnement et a dit que le projet commencerait d'un point de stricte égalité dans l'allocation des «points carbone», en dépit des larges disparités dans l'usage énergétique individuel.

«Chaque individu, qu'il s'agisse de la Reine ou de quelqu'un vivant dans un quartier pauvre recevrait la même allocation carbone», a dit Kevin Anderson du Centre Tyndall de l'Université de Manchester.

Une proposition pour établir les QDTs et un système d'échange a été introduit dans la dernière session parlementaire par MP Colin Challen, un membre du parti travailliste de Blair. Le projet de loi de Challen a été introduit comme une proposition privée, où le débat est limité à dix minutes, et n'a quasiment aucune chance de passer. Challen a dit qu'une sorte de programme énergétique obligatoire serait nécessaire pour remplir les promesses environnementales de Blair. Selon l'accord de Kyoto, que les USA ont rejeté, le Royaume-Uni devra réduire ses émissions de 12,5 pourcent d'ici 2012.

Washington s'est retiré du protocole de Kyoto en 2001. Le président George W. Bush a dit que des limites sur l'émission de gaz à effet de serre seraient trop coûteuses à mettre en place, faisant souffrir l'économie U.S -- avec des effets défavorables sur les travailleurs Américains. Le Président Bush a aussi argué que cet accord nécessitait que les pays développés réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre, alors même que certains de ces pays -- tels que la Chine et l'Inde -- sont parmis les plus gros pollueurs mondiaux.

Certains scientifiques se demandent si le réchauffement global existe pour commencer -- et si le protocole de Kyoto est une solution efficace. Le gouvernement de Blair, toutefois, a plaidoyé unilatéralement pour réduire les émissions de carbone du Royaume-Uni de 60 pourcent d'ici 2050. Les scientifiques disent que plus de recherches sont nécessaires pour comprendre comment les QDTs et les autres propositions mises au point pour remplir ces objectifs affecteraient l'économie Britannique.

«Nous devons devenir bien plus personnels sur les manières dont nous traitons les émissions de carbone, » a dit Challen dans un entretien téléphonique. «Une approche volontaire ne toucherait qu'environ 20 pourcent de la population.»

Challen a dit que ses propositions avaient le support de plusieurs officiels gouvernementaux dans le ministère Britannique pour l'Environnement, la Nourriture et les Affaires Rurales, mais a dit que certains ministres étaient «compréhensiblement circonspects» d'un plan obligatoire avec des conséquences potentiellement sévères pour l'économie.

Le chercheurs ont aussi suggéré que ce plan pouvait être relié à la carte d'identité obligatoire proposée par le gouvernement de Blair, un projet de loi controversé qui doit être réexaminé au parlement plus tard ce mois.

Une proposition pour assigner à chaque résident du Royaume-Uni une carte contenant des informations biométriques telles que des empreintes digitales et un scan de l'iris a été combattue  par les partis Conservateurs et Libéraux Démocrates dans le dernier terme législatif, et elle échoua faute de temps.

Les détracteurs anti-carte ont exprimé des inquiétudes sur la possibilité que la vaste majorité des transactions énergétiques du Royaume-Uni soit enregistrée dans une base de données centrale. «Il y a clairement beaucoup d'autres moyens qu'un tel schéma (d'échange de carbone) soit offert sans ajouter à la bureaucratie massive d'un système de carte d'identité.» a dit Michael Parker, porte parole du groupe NO2ID.

Toutefois, les promoteurs du plan suggèrent que le système de rationnement pourrait être implémenté cette décennie. «Je ne suis pas parieur, mais je pense que cela pourrait être réalistement mis en place et fonctionnel d'ici quatre à dix ans,» a dit Anderson.          

(Référence fournie par Mark Griffiths)

576. Réaction au sujet 573: Le Pétrole et Population

Le sujet 573, dans lequel William Stanton discutait l'impact du déclin des réserves d'énergie fossile sur la population a déclenché des réponses vigoureuses prévisibles. Un ou deux correspondants se sont presque indignés à la fois de l'article et de son inclusion dans le bulletin d'information, tandis que les autres ont accepté la véracité des arguments, voyant sa pertinence.

Cela a conduit un des correspondants à envoyer une référence sur le paradoxe de Jevons.

Le paradoxe de Jevons, nommé d'après son découvreur, William Stanley Jevons, stipule que tandis que les améliorations technologiques augmente l'efficacité avec laquelle une ressource est utilisée, la consommation totale de cette ressource peut augmenter, au lieu de diminuer. En particulier, le paradoxe de Jevons implique que l'introduction de davantage de technologies efficaces en énergie peut, dans leur agrégation, accroître la consommation totale d'énergie.

Dans son livre de 1868 The Coal Question (La Question du Charbon) Jevons observa que la consommation Anglaise de charbon augmenta après que James Watt ait introduit son moteur à vapeur alimenté au charbon, qui augmentait grandement l'efficacité de la conception précédente de Thomas Newcomen. L'innovation de Watt fit du charbon une source d'énergie plus efficace, menant à une utilisation accrue du moteur à vapeur dans une large gamme d'industries. Cela à son tour augmenta la consommation totale de charbon,  alors même que le montant demandé pour chaque application particulière diminuait

L'observation de Jevon n'est pas un paradoxe logique, mais elle est toujours considérée comme un paradoxe car elle va à l'encontre de l'intuition commune qu'une efficacité améliorée permet à la population de moins utiliser une ressource.

Un corollaire au Paradoxe de Jevons

Les solutions localisées aux problèmes globaux se confondent souvent avec la solution du problème général. Le paradoxe de Jevons implique que, tandis que les individus deviennent peu à peu plus efficaces, l'économie globale le compensera en supportant plus d'individus et en augmentant la consommation générale.

Par exemple, considérerons une entreprise verte qui tente d'alléger les problèmes environnementaux globaux en utilisant des sources d'énergie renouvelables. Si l'entreprise sauve 10 unités d'énergie de la centrale électrique locale qui opère à 40% d'efficacité, ils sauveront 1000 unités de monnaie. Les économies permettront à l'entreprise de recruter un ou deux employés supplémentaires.

Toutefois, chacun de ces deux employés doit venir travailler en automobile. Ces automobiles consomment toujours 10 unités d'énergie car elles opèrent seulement à 15% d'efficacité énergétique. En conséquence, en se tournant vers des énergies renouvelables, l'entreprise a réduit l'efficacité énergétique globale par unité de ressources consommées de 40% à 15%.

En économisant d'abord de l'argent, puis en l'utilisant pour recruter deux nouveaux employés, l'entreprise verte a actuellement fait croître l'économie. L'expansion de l'économie causera très probablement une augmentation de la consommation énergétique globale, qui dans l'exemple ci-dessus montre aussi la possibilité de réduire l'efficacité énergétique par ses effets dans la communauté globale.

Ce paradoxe illustre combien il est difficile de résoudre les problèmes économiques globaux.

577. Evaluation d'un pays– La Bolivie

Limitrophe du Brésil, du Paraguay, de l'Argentine, du Chili et du Pérou, la Bolivie est un pays enclavé, situé au cœur de l'Amérique du Sud, sur plus de 1 000 000 km2. La Paz, la capitale, se trouve à près de 3500 m d'altitude, sur l'Altiplano, un plateau entouré de massifs neigeux andins s'élevant à plus de 6500 m. L'Altiplano est dominé par le Titicaca, lac d'altitude peu ordinaire, qui couvre près de 8500 km2, sur lequel des bateaux imposants font la navette. A l'est des Andes se situe l'Oriente, une large zone reculée composée de collines, de plaines et de forêts tropicales, qui occupe les 2/3 du pays.

BOLIVIE

Pétrole conventionnel

Population M

8.8

Taux Mb/j

Consommation            2004

0.05

    par personne b/a

2.0

Production                  2004

0.035

Prévision 2010

0.041

Prévision 2020

0.037

Découverte moyenne à 5 ans Gb

0.001

Quantité Gb

Production passée

0.45

Réserves prouvées reportées* 

0.4

Production future - total

0.8

De champs connus

0.55

De nouveaux champs

0.25

Production passée et future

1.25

Taux d'épuisement actuel

1.6%

Date de mi-point d'épuisement

2016

Date du pic de découverte

1966

Date du pic de production

2010

*Oil & Gas Journal

La Bolivie est un pays peu peuplé, avec 9 millions d'habitants, dont 70% sont de purs descendants d'indiens Quechua. L'Altiplano était déjà une zone peuplée au VIIème siècle quand s'y forma l'empire Tiohuanaco, qui gouverna une grande partie de la Bolivie et du Pérou. En 1524, Francisco Pizarro, un explorateur espagnol, débarqua au Pérou, y revenant en 1531 pour intégrer le pays dans l'Empire espagnol, avec le double objectif d'introduire le christianisme et d'exploiter l'or et l'argent du pays. Les riches mines d'argent du Potosi, dans le Pérou supérieur (maintenant en Bolivie), furent trouvées en 1545, et devinrent une source de revenus importante pour les siècles à venir.

La population indienne oppressée se révoltait de temps en temps, et un soulèvement notable eut lieu en 1780, qui fut mené par un descendant du dernier Inca. L'Espagne se soumit à Napoléon dans les dernières années du XVIIIème siècle, préparant le terrain pour l'indépendance latino-américaine menée principalement par Simon Bolivar, qui partit vers le sud à partir du Venezuela, et Jose San Martin, qui alla au nord en venant d'Argentine. Il y eut également de plus nombreux soulèvements locaux, menés notamment au Chili par Bernardo O’Higgins, d'origine irlandaise, et en Bolivie par le général Sucre. Une indépendance formelle fut déclarée en Bolivie en 1825.

Les années qui suivirent furent difficiles, comme dans le plupart des pays d'Amérique latine. Les dépôts de guano, sur ce qui était la côte bolivienne, constituaient un fertilisant synthétique d'une importance vitale pour soutenir l'agriculture d'une Europe surpeuplée. Ils menèrent le Chili, soutenus par des compagnies minières étrangères, à s'emparer de ces territoires durant les guerres du nitrate de 1879-84.

Durant les décennies suivantes, un gouvernement militaire alterna avec des administrations démocratiques, dans une société fortement stratifiée. Les richesses minières dominaient l'économie du pays, notamment après la découverte de dépôts d'étain substantiels ; des plantations de caoutchouc dans les territoires orientaux eurent leur période de prospérité, avant d'êtres vendus au Brésil en 1903. Le Chaco, une zone reculée au sud-est du pays, dont le potentiel pétrolier était important, fit l'objet d'une dispute de frontières, qui mena dans les années 1930 à une guerre causant près de 100 000 morts. La Bolivie nationalisa ensuite les propriétés de Standard Oil (Exxon).

La Seconde guerre mondiale vit l'émergence d'une nouvelle confrontation politique entre les fascistes et les communistes, reflétant en cela les éternels conflits d'une structure sociale constituée d'une élite propriétaire privilégiée, et un important prolétariat méprisé de mineurs et de paysans. En 1952, à l'occasion de la Révolution nationale, les compagnies minières furent nationalisées et le suffrage universel et des terres furent alloués aux paysans Indiens. Une réaction eut lieu en 1964, avec le retour d'un gouvernement militaire mené par le général Barrientos, qui survécut à une tentative de coup d'état organisé par le célèbre Che Guevara, devenu maintenant une icône pour T-shirt. Un régime encore plus oppressif lui succéda, interdisant les mouvements ouvriers et plaçant les mines sous contrôle militaire.

En termes géologiques, la Bolivie est dominée par la grande chaîne andine, constituée de la cordillère occidentale, coiffée par des volcans récents; par l'Altiplano et les massifs pampéens composés d'intrusions granitiques partiellement minéralisées; et par la cordillère orientale qui inclut des roches paléozoïques pliées et fracturées. A l'est se trouve une zone sub-andine légèrement déformée, qui borde le bouclier brésilien. Les gisements pétroliers sont principalement confinées dans la zone sub-andine, divisée en deux parties : la dépression de Beni au nord, et l'extension du bassin argentin de Neuquen au sud. Tandis que la partie septentrionale de l'Amérique du Sud profite de prolifiques roches mères du Crétacé moyen, la partie méridionale du continent doit se contenter de vieilles sources moins productives, essentiellement dans le silurien de l'est de la Bolivie et dans la bien nommée Vacas Muertas (vaches mortes), formation jurassique située au sud du pays et en Argentine. Sans surprise, la région est bien moins dotée en pétrole, et plutôt pourvue en gaz.

L'exploration débuta dans les années 1920, menée par Exxon, qui travaillait déjà dans le proche bassin de Neuquen en Argentine, mais eut des résultats décevants. Malgré cela, près de 380 puits d'explorations furent forés, pour un résultat estimé à 1 Gb de pétrole, dont 450 Mb ont été produits, la compagnie d'état YFPB étant bien positionnée. On estime les découvertes futures à seulement 250 Mb. Plus de 60 Tcf de gaz ont été découverts, principalement au nord, dans une zone sub-andine isolée, et on en a déjà produit 5 Tcf. Des projets d'exporter ce gaz au Brésil et au Chili sont étudiés depuis plusieurs années, mais ils ont rencontré une opposition politique. La production de GNL s'élève à 11 kb/j, la production totale se montant à 60 Mb. La production future peut atteindre les 600 Mb, une ressource très intéressante pour le futur du pays, s'il réussit à en empêcher l'export.

La production pétrolière commença en 1937, atteignant un premier pic en 1974 à 48 kb/j. Elle tomba alors à 19 kb/j en 1986, avant de revenir à son niveau actuel de 35 kb/j. On s'attend à ce qu'elle augmente jusqu'à près de 40kb/j, et qu'elle y reste jusqu'au mi-point d'épuisement en 2016, contrainte par le transport par oléoduc, avant de décliner au taux de déplétion de 2,3%.

Au début de cette année, l'opposition socialiste a réussi à faire passer un projet de loi pour élever à 50% les redevances payées par les compagnies pétrolières étrangères. Petrobras, du Brésil, et Repsol, d'Espagne, les deux principaux intervenants, ont fortement réagi à ce texte. Ce sujet a provoqué les troubles politiques récents, et la chute du gouvernement après des manifestations de grande ampleur, qui réclamaient la nationalisation des compagnies pétrolières étrangères. Les causes profondes sont sans doute liées à des conflits sociaux bien enracinés, compliqués par des efforts pour supprimer le trafic de cocaïne, qui fait vivre de nombreux paysans. Les riches compagnies pétrolières qui cherchent à exporter le patrimoine national sous la forme de gaz et de gaz liquéfies, constituent pour les politiciens un bouc émissaire utile.

578. NUCLEAR ISSUES

Le numéro actuel de Nuclear Issues (Vol 37/7 de juin 2005), un bulletin de l'industrie nucléaire, se consacre au pic de production de pétrole, à partir de données du séminaire de l'ASPO de Lisbonne. On peut résumer son message par l'extrait suivant : Les sociétés et les économies de la planète devront s'adapter à un nouveau modèle énergétique. Réduire et minimiser la consommation de pétrole dans le transport peut fournir un soulagement à court terme. Mais l’expansion rapide de l'énergie nucléaire constitue la seule alternative viable  pour éviter une réduction forcée et désastreuse de la population aux niveaux préindustriels, que l'utilisation des énergies renouvelables provoquerait.

579. UNE LUEUR D’ESPOIR POUR LE CONFLIT AU MOYEN-ORIENT

Il semble bien évident maintenant que les hommes politiques américains envisageaient, plusieurs années avant les événements du onze septembre, d'utiliser la force militaire au Moyen-Orient. James Baker, ancien secrétaire d'Etat, alla jusqu'à dire qu'il était intolérable qu'un dirigeant puissant, comme Saddam Hussein, puisse être en position de prendre le contrôle de l'approvisionnement de pétrole américain, dont les « emplois américains » dépendaient.

L'invasion de l'Irak fut entreprise en temps voulu, et l'Iran se voit maintenant menacer pour d'autres prétextes. Mais l'expérience irakienne a montré que les mouvements de résistance continuent à combattre, de la même manière qu'en Europe durant la Seconde guerre mondiale. De plus, l'Irak, qui était une sorte d'agencement artificiel, mis en place par la Grande-Bretagne après la Première guerre mondiale suite aux conseils de l’indomptable Gertrude Bell, peut toujours se séparer en diverses factions opposées les unes aux autres. L'Iran serait un cas encore plus compliqué, avec ses 60 millions d'habitants qui ont récemment élu un nouveau dirigeant nationaliste, et qui défendraient leur droit de naissance.

Un plan pour imposer une soi-disant démocratie, sous le couvert de laquelle des compagnies étrangères pourraient exploiter les réserves nationales de pétrole aussi rapidement que possible, a donc fort probablement peu de chances de réussite.

Mais ironiquement, les troubles, souffrances et morts que l'invasion de l'Irak auront amené, et de ce qui pourrait suivre en Iran, apportent d'une certaine manière des lueurs d'espoir. La production de pétrole ne progressera que très peu dans ces conditions, et il pourrait donc en rester plus pour l'avenir, quand on en aura désespérément besoin. Ceux qui souffrent horriblement des conséquences de ces attaques ne le font probablement pas en vain.

580. Le ratio « Réserves sur Production » (R/P)

Dans les premières années du commerce du pétrole, alors que ce qui restait à découvrir était encore immense, le ratio « réserve sur production » représentait une mesure empirique de la production. Ce mode de calcul est encore utilisé par certaines personnes directement intéressées (incluant le directeur général d’une compagnie très connue) afin de tromper les gens en leur faisant croire qu’il reste encore quarante années de production au niveau actuel, comme s’il était plausible que la production puisse s’arrêter brutalement au cours de la quarante-et-unième année.

Seppo Kopala (department of Mechanical Engineering The State University, USA) nous propose la critique suivante sur le  sujet :

La durée de vie des réserves

L’affirmation selon laquelle la production actuelle de pétrole peut être maintenue pendant 40 années, résonne familièrement à tous ceux qui suivent le débat sur le pic de production de pétrole. Pour le monde, cela signifie qu’une production annuelle de 25 milliards de barils laisse 1000 milliards de barils encore à produire. Comment cela coïncide-t-il avec la méthode de Hubbert ?

Selon l’équation logistique suivante[1] :

Q’ = aQ(1-Q/Qo)

utilisée par Hubbert, le pic de production se trouve à la moitié des réserves totales et le niveau de production au moment du pic de production est donné par l’équation suivante

P = aQo/4, dans laquelle « Qo » représente la production ultime et « a » est la croissance intrinsèque ou le facteur de déclin. Si « N » est utilisé pour indiquer le nombre d’années pendant lequel le pétrole restant peut être produit au niveau de production au moment du pic de production alors,

PN = Qo/2

En remplaçant le niveau de production  P par aQo/4 dans cette dernière équation et en la résolvant, on trouve

N = 2/a

Cette équation est indépendante de la production ultime Qo et ne requiert seulement qu’une estimation de la valeur de a. Elle peut être obtenu en traçant Q’/Q versus Q, comme cela a été montré par Hubbert dans son rapport « Techniques de prédiction appliquées à la production de pétrole et de gaz », US Department of Commerce, NBS Special Publication 631, mai 1982.

Ce graphique est montré ci-contre pour les Etats-Unis et pour le monde. Pour le monde, les coordonnées en abscisses inférieures donnent la production cumulative (en bas du graphique). Pour les US, la production cumulative est donnée sur les abscisses supérieures (a gauche du graphique).

Quand la droite intercepte l’axe des ordonnées Q’/Q, on obtient une estimation pour la valeur de a, alors une approximation satisfaisante de a = 0,05. En substituant cela dans la dernière équation, on obtient 40 ans[2].

Dans mes exposés sur la déplétion du pétrole, je n’étais pas parvenu à ce résultat intéressant auparavant. Mais sa signification est claire. Une durée de vie de 40 années pour les réserves ne devrait pas nous contenter mais devrait plutôt être pris comme un signal de l’imminence du pic de production, particulièrement quand les découvertes arrivent à leur terme.

Alors que la notion de durée de vie des réserves est très utilisée dans la presse, il n’est pas surprenant que les officiels de Saudi Aramco l’utilisent dans les discussions sur leur production future. Dans l’important livre récent de Matthew R. Simmons « Twilight in the Desert », la direction de Saudi Aramco est citée comme disant que l’Arabie Saoudite peut produire du pétrole à 20 millions de barils par jour pendant 20 ans. Cela veut dire que 146 milliards de barils sont encore à produire et que 10 millions de barils pourraient être produits pendant 40 ans. Cette durée de vie de 40 ans des réserves, avec l’analyse présentée plus haut, montre que, si ces déclarations faites par Saudi Aramco sont prises au sérieux, alors la production saoudienne de 10 millions de barils par jour représente, en fait, le niveau du pic de  production. 

581. Un DVD sur le pic de production de pétrole

Un DVD, dont le titre est « Peak Oil – Imposed By Nature » réalisé par Amund Prestegard, le producteur de télévision norvégien, est disponible sur le site www.peakoil.ie/dvd. Il fait figurer plusieurs personnalités de l’ASPO, dont le président d’honneur, vu en train de grimper sur les rochers d’Irlande.

582. Air Miles[3]

Une bizarrerie du monde moderne est que le kérosène, pour l’aviation et pour les bateaux, sont exempt de taxes. Les dirigeants du G8 proposent maintenant de taxer les billets d’avions pour lever des fonds pour l’Afrique, cherchant aussi des moyens d’annuler discrètement les mauvaises dettes. L’article suivant de John Busby s’intéresse à l’avenir de l’aviation face à la réalité de la déplétion du pétrole, insistant sur l’absurdité d’agrandir les aéroports, projets basés sur les évolutions passées de la croissance du trafic, sans que soit pris en compte les contraintes du carburant, et sans mentionner l’envolée des prix du carburant (même sans taxes).

Combien d’air-miles reste-il dans le réservoir mondial de carburant ?

Le kérosène

Dans le BP Statistical Review 2005, les graphiques sur  la consommation de kérosène sont obscurcis par leur inscription dans les statistiques régionales pour les « middle distillates » (produits distillés moyens), qui incluent le kérosène, le pétrole (lampe à pétrole), le diesel et les carburants divers. Pour obtenir une idée approximative sur la consommation de kérosène par les avions, les avions US ont consommé 18,5 milliards de gallons en 2004, alors que la consommation de « middle distillates » des USA est de 6087 milliers de barils par jour pour la même année. De ces chiffres, on peut conclure qu’environ 20% de la production de « middle distillates » est destinée au kérosène pour l’aviation civile.

La quantité de produits pétroliers dans le monde atteint 77,028 millions de barils par jour en 2004, extraits de 80,260 millions de barils de pétrole brut avec une capacité moyenne de raffinage de 96%. Les « middle distillates » totalisent 27,741 millions de barils par jour. En prenant 20% de ce chiffre et en convertissant ce résultat, on obtient une consommation de kérosène de 2Gb (milliards de barils) par an ou de 240 millions de tonnes.

Airbus prédit que le trafic de passager aurait consommé 180 millions de tonnes en 2004. Avec le trafic de fret qui aurait consommé 60 autres millions de tonnes ou 25% du total, un chiffre de 240 millions de tonnes ou 2Gb, pour le transport aérien de passagers et de fret, excluant les usages militaires, semble être une estimation raisonnable.

Les pistes d’atterrissages 

En 2002, le  ministère des transports de la Grande-Bretagne annonçait une consultation sur la capacité des pistes d’aéroports, supposant que l’usage des transports aériens doublerait en 2015 et triplerait en 2030. Ce calcul est obtenu par une croissance annuelle exponentielle du trafic de passagers aériens de 4,5% sur la période. Une expansion du trafic aérien en Grande-Bretagne devrait correspondre à une expansion similaire du trafic international. Le trafic domestique en expansion en Grande-Bretagne, et dans d’autres pays, alimenterait l’activité internationale croissante. Le ministère conclu que les aéroports devraient être étendu et des pistes construites afin de satisfaire l’anticipation de la demande.

Le trafic de passager

Airbus, le constructeur européen d’avions de ligne, prédit une croissance annuelle mondiale dans le trafic de passager de 4,5% à partir de 2000 à 3,2 x 1012 passager-km/année (ou 2 x 1012 air-miles/année). Avec ce taux de croissance, ce trafic de passager augmenterait jusqu’à 12 x 1012 passager-km/année (ou 7,5 x 1012 air-miles/année) en 2030. Le nombre cumulatif de passager-km sur 30 ans totaliserait 200 x 1012 passagers-km (ou 125 x1012 air-miles).

Le trafic de fret

Airbus prévoit une augmentation du trafic de fret de 5,9% par an ; passant de 120 x 109 tonnes-km (75 x 109 tonnes-miles) en 2005 à 440 x 109 tonnes-km ( 270 x 109 tonnes-miles) en 2023 pour atteindre environ 500 x 109 tonnes-km ( 310 x 109 tonnes-miles) en 2030, totalisant 7000 x 109 tonnes-km ( ou 4300 x 109 tonnes-miles).

Environ un tiers du fret est transporté dans les bagages des passagers aériens.

Les demandes en kérosène pour l’aviation civile

Avec l’introduction de l’Airbus A380 « super-jetliner » ainsi que celle d’autres avions de lignes de Boeing ayant de bons rendements en kérosène, on peut supposer que les demandes en kérosène pour une flotte graduellement renouvelée se réduiront de 2% par an. Une augmentation de 4,5% par an dans le trafic de passager et une croissance de 5,9% dans le trafic de fret engendreraient des croissances respectives de 2,5% et de 3,9% dans la consommation de kérosène par an.

Cela équivaudrait pour les 11 années qui viennent, en incluant 2015, à une consommation de 2930 millions de tonnes ou 24 Gb de kérosène ; et, pour les 26 années qui viennent, en incluant 2030, à 9370 millions de tonnes ou 76 Gb de kérosène.

Les usages militaires

Tout autant que pour l’aviation militaire, le kérosène est maintenant utilisé pour les véhicules blindés, sur l’idée que la logistique sur le champ de bataille peut être aidé par une uniformité du carburant pour les hélicoptères et les tanks de l’armée. L’utilisation du kérosène pour des buts militaires dépend du niveau d’activité guerrière, qui a été exceptionnellement élevée pendant la dernière décennie. Cependant le fait de savoir si c’est significatif dans la déplétion des ressources de pétrole, que cette activité guerrière est sensée sécurisée, reste un mystère.

Le rendement du raffinage

Il y a une réduction dans le rendement du kérosène de 25% à 8-10% alors que la production de pétrole dans la Mer du Nord fléchit et que davantage de pétrole du Moyen-Orient doit être utilisé. Cela signifie que la proportion de kérosène par rapport à d’autres produits pétroliers est progressivement réduite, sauf si les infrastructures de raffinage des produits pétroliers sont modifiées par l’installation d’équipements supplémentaires. Davantage de carburant est consommé dans le processus de raffinage, réduisant la production totale pour maintenir le rendement du kérosène. Par conséquent, un rendement réduit de raffinage d’environ 91 % s’applique à partir de maintenant car une plus grande proportion de pétrole provenant du Moyen-Orient est raffinée.

En 2004, la consommation de kérosène mondiale se situait à environ 2Gb ou 240 millions de tonnes, ce qui représente 7,2% du total des produits pétroliers. En 2015, la production de pétrole brut sera passée du pic en 2010 à 30 Gb à 27 Gb, alors que le pétrole brut nécessaire pour la demande projeté de kérosène sera de 2,65/0,91 = 2,9 Gb (ou 11% de la production de pétrole brut). Mais en 2030, la production de pétrole sera tombée à 18 Gb, alors la demande équivalente de pétrole brut (pour produire du kérosène) sera montée à 4,9/0,91 = 5,4 Gb (ou 30 % de la production de pétrole brut). La demande pour les autres produits pétroliers sera telle qu’atteindre 11% de la production de pétrole brut pour la consommation de kérosène deviendra impossible. Ne parlons même pas de 30%.

Bien que la synthèse de kérosène à partir de gaz naturel ou de charbon pourra offrir quelques possibilités, il n’y a aucun substitut potentiel pour le volume de kérosène actuellement obtenu à partir du pétrole brut. Dans tous les cas, le gaz naturel et le charbon restant seront requis pour une myriade de besoins consommateurs d’énergies actuellement dépendant du pétrole.

Un taux de croissance exponentiel dans le trafic de passager de 4,5% et dans le trafic de frêt de 5,9% (conformément avec les prévisions d’Airbus) demandera une quantité de kérosène impossible à se procurer.

Air-Miles

En acceptant que le pic de production de pétrole surviendra en 2007, et en supposant que l’infrastructure de raffinage permette que 7,2% de la production de pétrole brut déclinante soit transformé en kérosène à un rendement thermique de 91%, alors des 600 Gb de production de pétrole conventionnel (ajouté aux autres liquides disponibles entre aujourd’hui et 2030), environ 40Gb ou 6400 milliards de litres de kérosène seront produits. En supposant que 25% de cela soit voué au fret aérien, 30Gb ou 4800 milliards de litres seraient disponibles pour le trafic mondial de passager. Sur cette période, une consommation moyenne spécifique de 3,8 litres par 100 passager-km permettrait 125 x 1012 air-km (ou 78 x 1012 air-miles), comparé avec les 200 x 1012 passager-km ( ou 125 x 1012 passagers-km) ou 60% du trafic anticipés par les projections du Ministère des Transports de la Grande-Bretagne.

Le fret par km

La consommation de 10Gb ou 1,235 million tonnes de kérosène pour le trafic de fret de 2005 à 2030 permettra un trafic de 3160 x 109 tonne-km de fret ( 2000 x 109 tonne-miles), comparé avec les 7000 x109 tonne-km (4300 x 109 tonne-miles), c’est-à-dire 45% du trafic projeté par Airbus.

Les pistes d’atterrissage

En effet, cela signifie que sur les 25 années qui nous conduiront en 2030, seuls environ 60% des passagers et 45% des prévisions du marché de fret pourront être satisfaits, bien que le déficit en carburant sera plus sensible vers la fin de cette période. Bien avant ce moment, les commandes d’avions seront annulées et l’amélioration prévue du rendement en carburant ne sera pas réalisée ; de même la proportion de vieux avions augmentera, exacerbant les pénuries de carburant.

Les prévisions du Ministère des Transports de la Grande-Bretagne et d’Airbus ne considèrent pas les implications inhérentes aux ressources en carburant dans leur projet d’expansion dans le trafic aérien. Puisque la production de kérosène sera dans l’incapacité de satisfaire la demande, la non prise en considération de ce facteur engendre le fait que la croissance envisagée dans le trafic ne pourra pas devenir une réalité. Plus le taux de déplétion des réserves limitées de pétrole sera haut, plus tôt le commerce du voyage aérien s’effondrera.

La construction de pistes supplémentaires visant à satisfaire une croissance du nombre de passagers aériens, génère des espoirs qui ne pourront pas être comblés. Les pistes d’atterrissage à Stanted et à Heathrow, si elles sont vraiment construites, serviront de parking pour les nombreux avions de lignes superflus.

Alors que la réduction de kérosène sera le premier indicateur de la fin de l’ère du pétrole, la mort de l’industrie aérienne sera marquée par des flottes d’avions cloués au sol.

Le réchauffement climatique

Entre 2005 et 2030, environ 40Gb (c’est-à-dire 5,04 milliards de tonnes) de kérosène seront consommés. En prenant en compte la perte en raffinerie de 91%, on obtient un équivalent de 5,54 milliards de tonnes de produit possédant une quantité de carbone de 85,8%. Quand il sera brûlé, il produira 5,54 x 0,858 x 44/12 = 17,4 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (ou 17 petagrammes, c’est-à-dire 17g x 1015).

583. Le Venezuela montre l'exemple avec des mesures anti-affairisme autour de la pénurie

L'ASPO avait déjà proposé le protocole dit de Rimini par lequel les importateurs limiteraient leurs importations pour correspondre au Rythme de Déplétion Mondial (actuellement de 2.6%). En adaptant  la demande à l'offre dont le déclin est imposé par la Nature, le Protocole stabiliserait les prix mondiaux à des niveaux correspondant raisonnablement aux coûts de production. Cela a deux principaux objectifs: d'abord, encourager les consommateurs à réduire le gaspillage et promouvoir les énergies renouvelables; ensuite, empêcher l'affairisme autour de la pénurie (bien que cela soit involontaire), qui entraînerait une déstabilisation massive des transferts  financiers vers le Moyen-Orient. 

D'autres plans s'engageant vers cette solution sont à l'étude. Il est remarquable que le Venezuela semble prendre la même direction.

Le Venezuela dirige le pacte énergétique

CARACAS, Venezuela, 30 Juin 2005, 17:11:37 IST
http://news.webindia123.com/news/showdetails.asp?id=92872&n_date=2005063

En accord avec l'article 17 § 107 du code des lois US, ce document est publié libre de droit à titre éducatif et informationnel.

Le Venezuela, premier exportateur de pétrole sud-américain, a présidé à la signature d'un accord de coopération énergétique entre 13 pays, dont Cuba.

L'Alliance Pétro-Caraïbe – signée lors d'un sommet d'une journée à Puerto La Cruz au Venezuela – fournira du pétrole moins cher à ses pays membres. Pour ce faire, l'accord prévoit la création d'un réseau régional de raffineries, supervisé par le Venezuela, pour produire et acheminer le pétrole vers les pays membres, rapportait jeudi le journal El Universal.

Le président Hugo Chavez s'est également engagé à prendre en charge 40% du coût du pétrole destiné aux pays de l'Alliance Petrocaribe si le prix du baril sur le marché mondial dépassait les 50$ tel qu'il le fait actuellement.

Il a ajouté que cet accord réduirait les coûts en éliminant les intermédiaires qui induisent inévitablement des prix plus hauts à la pompe. Le Venezuela veux partager ses capacités énergétiques avec l'Amérique du Sud et les Caraïbes, a affirmé Chavez aux dirigeants.

Deux nations caraïbes – la Barbade et Trinité-et-Tobago – ont choisi de ne pas signer l'accord Petrocaribe mercredi, affirmant qu'ils avaient besoin de plus de temps pour en étudier les termes.   
                (Référence fournie par Nick von Glahn)

584. Lettre ouverte au Premier Ministre du Canada

La lettre suivante de Peter Salonius a été envoyée au Premier Ministre du Canada, faisant partie des dirigeants présents au G8, manifestement toujours incapable de comprendre que le pétrole et le gaz sont des ressources limitées.

Sujet:  LETTRE A L'EDITEUR 
Envoyé le: 7/10/2005
Re: Augmentation des investissements dans l'énergie: G8, 9 Juillet

Les dirigeants du G8 ont finalement compris l'ampleur des effets que les limitations géologiques des sources d'énergie ont eu sur la croissance économique globale qui leur tient tant à coeur. Cependant, leurs suppliques pour "plus d'investissement dans la production énergétique [pétrole et gaz]" et "le développement des capacités de raffinage" indiquent qu'ils n'ont toujours pas compris que « l'Ere du Pétrole » doit finir; la nature ayant arrêté d'en produire depuis des millions d'années. La déplétion des ressources non renouvelables (dont les énergies fossiles et nucléaires) a été bien expliquée depuis les travaux de Hubbert dans les années 50. Ce scénario d'épuisement inévitable, qui a commencé pour le pétrole des USA dans les années 70, se répète pays après pays depuis le pic global de découvertes d'énergies fossiles dans les années 60. Nous assécherons même les vastes gisements du Moyen-Orient avec votre obsession d'une croissance économique mue par l'énergie. L'investissement nécessaire aujourd'hui devrait porter sur la réduction de la consommation et le développement des énergies renouvelables dont nous serons en fin de compte dépendants, à l'opposé d'une obstination bornée et illusoire pour  les énergies fossiles.

                                                               Peter Salonius , Durham Bridge, NB

585. Chevron reconnaît le Pic Pétrolier et la Déplétion

A son grand mérite, Chevron, une des plus grande compagnies pétrolières du monde, reconnaît maintenant l'imminence du pic et le déclin du pétrole, avec un site web intitulé www.willyoujoinus.com invitant aux commentaires et à la discussion. Chevron a également publié un impressionnant encart publicitaire dans le Financial Times et d'autres journaux, diffusant un mot de son président qui se termine par cette phrase :

Nous en appelons aux scientifiques, enseignants, politiciens, responsables, écologistes, industriels et à chacun d'entre vous pour contribuer au remodelage de la prochaine ère énergétique.

Il ne laisse planer aucun doute sur le fait que cette ère sera celle du déclin des réserves pétrolières, et mérite d'être Membre Honoraire de l'ASPO, en faisant ainsi écho à sa mission.   
                (Référence fournie par Chris. Skrebowski)

586. Le prix du gaz naturel anglais s'envole

L'Angleterre deviendra importateur net de gaz l'année prochaine d'après l'actuelle tendance fortement haussière, ce qui n'est guère surprenant étant donné la reconnaissance officielle de la déplétion (voir l'article 575). Les prix ont par conséquent commencé à s'envoler. La situation de l'Irlande devrait être encore pire. 40% de son électricité est produite à partir du gaz, essentiellement importé d'Angleterre qui devrait être plus réticente à ré-exporter alors qu'elle aura désespérément besoin de tout ce qu'elle peut obtenir. On dirait que toutes ces lumières et ordinateurs vont bientôt s'éteindre (NDT : article rédigé par ASPO-Irlande).

Intelligence Energétique (mercredi 13 juillet 2005)

Bien que le prix du pétrole brut ait dépassé les 60$ le baril mardi, la hausse la plus prononcée dans les prix de l'énergie et celle du gaz naturel britannique. En fait, la super-pointe prévue à plus de 100$ le baril se profile déjà si on considère les prix du gaz de cet hiver livré au NBP (National Balancing Point, NDT : marché à terme du gaz UK). Le gaz anglais livrable en janvier 2006 s'est acheté mardi matin à la fois hors cote (OTC) et à terme (IPE) à 1.07£ le therm (1 therm = 100.000 BTU). C'est équivalent à 18.65$ par méga-BTU, soit plus que le double des prix du gaz sur le marché US, et l'équivalent du pétrole brut au prix hallucinant de 108$ le baril. La cherté du gaz anglais reflète plusieurs facteurs dont le prix élevé du pétrole, sensé soutenir le gaz européen pour le reste de l'année. De plus, les sécheresses de cet été en Europe ont grevé les productions hydroélectrique et nucléaire, renforçant la dépendance au gaz et réduisant les stocks.               
                (Référence fournie par Julian Darley)

587. Changement climatique et Pic Pétrolier

Michael Meacher, ancien ministre britannique de l'environnement, apporte sa voix au consensus grandissant en soulignant le besoin d'intégrer les réponses au Pic du Pétrole dans le problème non sans rapport du changement climatique néfaste. Cela sera en effet un des sujets abordés à la Conférence de Rimini en octobre. 

J'ai pris conscience du Pic du Pétrole quand j'ai rencontré Colin Campbell à une conférence à Dublin sur ce sujet. Maintenant, avec du recul, c'est tout à fait clair: le pétrole est une ressource limitée qui va s'épuiser. Il y a des implications très sérieuses entre le spectaculaire déclin des découvertes de nouveaux champs pétroliers importants, le taux de déplétion qui en résulte et l'effroyable pétrin dans lequel plongeraient tant de domaines de l'économie mondiale par manque de pétrole. Ces problèmes ne sont pas bien admis. On pourrait dire que les conséquences sont si démesurées, si fondamentales pour la façon dont le monde tourne actuellement, que l'ampleur du problème devient un aspect du problème lui-même: quelque chose que peu veulent envisager.

Pourtant, cet aspect doit clairement être envisagé si nous voulons efficacement en atténuer les effets. Etant donné que la production de pétrole pourrait culminer dans cinq à dix ans, la faible prise de conscience de la part des politiques – et du public – doit être significativement renforcée. Avant le sommet du G8 à Gleneagles en juillet 2005, le changement climatique et la pauvreté s'étaient imposés dans l'ordre du jour avec une insistance qui devrait être aussi appliquée au Pic de Pétrole. Les mesures nécessaires pour s'attaquer au changement climatique – réduction de la dépendance aux énergies émettrices de carbone, augmentation de l'utilisation des énergies renouvelables – font bien écho à certaines préconisées pour traiter les conséquences du Pic de Pétrole. Peut-être que les points communs entre les deux stimuleraient les progrès pour les deux, ce qui est grandement nécessaire pour faire face à chacun de ces problèmes

.

588. La fin du pétrole bon marché

Un bon résumé du sujet ci-dessus par Kerr et Service est paru dans le prestigieux journal Science (v 209 juillet 2005). Il souligne l’importance du problème se posant au monde après le pic de pétrole. Le fait que la production atteindra un sommet est accepté comme allant virtuellement de soi, la discussion se limitant à une gamme comparativement étroite des dates où le déclin débutera.         

(Référence fournie par Walter Youngquist)

589. Les découvertes offshore continuent à diminuer

Le numéro de juin de Offshore Engineer rapporte les découvertes suivantes pour la première moitié de 2005 :

226 Mb dans 32 découvertes dans moins de 500m d'eau (taille moyenne 13 Mb)

390 Mb dans 9 découvertes dans 500 à 1500m d’eau (taille moyenne 43 Mb)

320 Mb dans 5 découvertes dans plus de 1500m d’eau (taille moyenne 64 Mb)

La faible taille moyenne suggère que peu de découvertes puissent être réellement développées commercialement. Il reste à voir combien sera trouvé sur terre et pendant le deuxième semestre, mais il est évident que l'écart entre les découvertes et la consommation continue à se creuser. Cela explique pourquoi les compagnies les plus responsables commencent à alerter le monde de la réalité de l'épuisement, si longtemps dissimulé par les pratiques de reporting (voir le point 585 ci-dessus).

(Référence fournie par Chris Skrebowski)

590. Efficacité énergétique

On prétend souvent que le monde est devenu beaucoup plus efficace en matière énergétique ces dernières années, comme le démontre la chute de la composante énergétique de la fabrication des biens, mesurée par rapport au produit intérieur brut. Si la production de pétrole suivait les règles économiques normales, une telle conclusion pourrait être valable, mais le prix du pétrole a peu à voir avec son coût de production réel, la plus grande partie en étant la quote-part des gouvernements, elle-même étant tronquée de manière endémique par le calcul des taxes. L'efficacité améliorée apparente du passé peut avoir été due à une chute des prix du pétrole liée à la politique de l'OPEP et aux découvertes plutôt qu'à l'efficacité réelle dans l'utilisation. Le prix élevé actuel du pétrole doit augmenter le composant énergétique des coûts de fabrication, mais ceci ne témoigne pas en soi d'une efficacité inférieure, malgré le gaspillage monolithique d'énergie caractérisant la société moderne. Cuba, où l'auto-stop est obligatoire et où des légumes sont cultivés aux fenêtres dans des bacs, pourrait bien avoir une des économies les plus efficaces du monde en matière énergétique, mais ce n'est pas tout à fait comme ça que le voient les économistes.   

                              

591. Le pic du pétrole à Washington

Une réunion importante, à laquelle ont assisté les principales figures politiques, a été tenue à Washington le 25 juillet sur la question du pic de pétrole. Les orateurs incluaient Jack Zagar (ASPO Irlande), Matt. Simmons, Herman Franssen, et Roscoe Bartlett, qui ont fait beaucoup pour informer sur le rôle de l'ASPO et sur sa mission aux Etats-Unis.

                                                                                              

592. La Conférence d’ASPO-USA

Les informations sur la conférence d’ASPO-USA sur le pic de pétrole les 10-11 novembre à Denver,  Colorado seront disponibles à partir du 1er août sur le site internet suivant : http://www.aspo-usa.com/fall2005/. La liste des orateurs de la conférence (20+) inclura Matthew R. Simmons (Simmons et Co-Int'l), le représentant de la Chambre Roscoe Bartlett (invité ; républicain du Maryland ; orateur sur le pic de pétrole à la Chambre), Jeremy Gilbert (ingénieur en chef du pétrole, BP, retraité), Roger Bezdek (prés. MISI, co-auteur du rapport sur le pic de pétrole pour le département américain de l'énergie), Tom Petrie (co-fondateur Petrie/Parkman), et beaucoup d'autres. La ville de Denver est un cosponsor actif, et le maire John Hickenlooper - un géologue pétrolier de formation - s'adressera aux participants. Des informations complémentaires sont disponibles sur le site internet.

                                                                                                                                                                                           



Calendrier des Conférences et Réunions futures 

Les membres de l’ASPO et associés [entre crochets] traiteront le sujet du pic pétrolier aux conférences et réunions suivantes:

23-25 sept – 2ème conférence U.S. sur le pic pétrolier et les solutions communautaires, Yellow Springs, Ohio

10-12 octobre – Peak Oil II, Alexander Oil & Gas, Koblenz, Allemagne [Campbell]

11 octobre – La fin du pétrole : le pic, la nourriture et l’économie, Londres, GB

20-21 octobre – Le pic de pétrole, Académies nationales américaines, Washington, USA [Gilbert]

28-30 octobre– Conférence de l’énergie de Pio Manzu, Rimini, Italie [Campbell]

10-11 novembre – Conférence sur le Pic Pétrolier, Denver USA  (ASPO-USA)

14-16 novembre– Sécurité et sécurisation des infrastructures énergétiques, Commission Européenne, Bruxelles [Aleklett]

Tout renseignement sur les événements futurs sont les bienvenus

               

Index des évaluations de pays avec la référence du bulletin d'information 

Abu Dhabi

42

Brésil

26

Gabon

50

Koweït

38

Roumanie

55

Algérie

41

Brunei

54

GB

20

Libye

34

Russie

31

Angola

36

Canada

48

Inde

52

Malaisie

51

Syrie

17

Arabie S.

21

Chine

40

Indonésie

18

Mexique

35

Trinidad

37

Argentine

33

Colombie

19

Iran

32

Nigeria

27

Turquie

46

Australie

28

Danemark

47

Irak

24

Norvège

25

USA

23

Azerbaïdjan

44

Egypte

30

Italie

43

Oman

39

Venezuela

22

Bolivie

56

Equateur

29

Kazakhstan

49

Pérou

45

Vietnam

53

Ce bulletin d’information est distribué par ASPO IRELAND. Veuillez adresser tout commentaire ou contribution à www.peakoil.ie  ou contactez Jake Gordon à jake@peakoil.ie. Veuillez éviter d’utiliser aspotwo@eircom.net pour autre chose que des messages personnels.

Permission est expressément donnée de reproduire ce bulletin d’information, avec mention de l’auteur.

Compilé par C.J.Campbell, Staball Hill, Ballydehob, Co. Cork, Irlande 

[1] Note du traducteur : Q exprime la production cumulative année après année et Q’ exprime la production annuelle par conséquent Q= å Q’ ou Q= Q’(année 1) + Q’(année 2) +...+ Q’(année n) ;

Q’= f(Q)= aQ(1-Q/Q0) exprime la fameuse courbe de Hubbert en forme de cloche de la production d’un gisement de pétrole ou de gaz. 

[2] Note du traducteur sur le calcul qui amène le calcul de la valeur de a :

Ce qui est dit plus haut signifie que Q’/Q= a quand Q, qui est la production cumulative en cours, est très petit, c’est-à-dire quand l’exploitation pétrolière vient de commencer et donc que Q peut être considéré comme une quantité négligeable par rapport à Q0 qui représente la quantité ultime de pétrole en place. Tout ceci découle de la résolution de l’équation de Hubbert :

Q’=  aQ(1-Q/Q0)

Q’/Q =  a(1-Q/Q0)

Q’/Q = a - aQ/Q0

Donc Q’/Q = a si Q/Q0 est considéré comme quantité négligeable et donc si Q est considéré comme une quantité négligeable par rapport à Q0

[3] Unité de mesure : passager-miles/année et passager-km/année


24 octobre 2005

"Nous mangeons du pétrole"

Nous mangeons du pétrole

Un article de Wikiverts, l'encyclopéde libre.

Nous mangeons du pétrole

by Dale Allen Pfeiffer

texte original (http://www.fromthewilderness.com/free/ww3/100303_eating_oil.html) sur le site http://www.fromthewilderness.com/ (FTW)

(Sur le même thème voir aussi le texte en anglais Why Our Food is So Dependent on Oil (http://www.energybulletin.net/5045.html) de Norman Church)

© Copyright 2004, From The Wilderness Publications, www.copvcia.com. All Rights Reserved. May be reprinted, distributed or posted on an Internet web site for non-profit purposes only.

Note de l'éditeur (Michael C. Ruppert (http://www.fromthewilderness.com/about.html)) Il y a quelques mois, interpellé par un rapport réalisé par le Professeur Kenneth Deffeyes de Princeton concernant son travail sur l'impact du pic de pétrole (Peak Oil) sur la production d'engrais, j'ai demandé à l'éditeur responsable de la section énergie de FTW, Dale Allen Pfeiffer d'étudier ce que produira la diminution de gaz naturel sur les coûts de production des engrais. Ses recherches le menèrent à étudier la production globale de nourriture aux USA et, puisque les USA et le Canada nourissent une partie du monde, les réponses ont une porté globale.

Ce qui suit est probablement l'article le plus effrayant que j'ai lu et la contribution la plus alarmante que FTW ait jamais publiée. Même si l'on a vu CNN, Britain's Independent ou Jane's Defence Weekly reconnaitre la réalité du pic de pétrole (Peak Oil and Gas) ces dernières semaines, admettant que les réserves mondiales de pétrole et de gaz sont inférieures de 80% à celles estimées, nous voyons le peu de réflexions consacrées à prévoir ces crises à venir ; au moins en terme de réflexions accessibles au public.

L'article qui suit est si sérieux dans ses implications que j'ai pris l'inhabituelle initiative de souligner certains points clés. J'ai fais cela avec l'intention que le lecteur considère chaque passage souligné comme un fait séparé incroyablement important. Chacun de ces faits doit être lu et digéré séparément pour assimiler son importance. Je me suis trouvé lisant un fait, me levant et marchant de long en large jusqu'à pouvoir revenir continuer (in)confortablement à lire la suite.

Tout ce que rapporte les recherches de Dale Allen Pfeiffer confirme les pires doutes de FTW à propos des conséquences du pic de pétrole, et pose de sérieuses questions sur ce qu'il faut faire après. La moindre n'est pas pourquoi, au cours d'une année d'élection présidentielle (aux USA) aucun des candidats n'a reconnu le problème. Aujourd'hui, il est clair que les réponses à ces questions, sans doute les plus importantes auxquelles l'humanité doit faire face, doivent nécessairement être trouvées par des individus et des collectivités privées, indépendamment d'aide gouvernementale. Savoir si la recherche de réponse débute maintenant, ou bien lorsque la crise deviendra inévitable, ne dépend que de nous. - MCR

3 octobre 2003, 1200 PDT, (FTW) -- Les humains (comme tous les autres animaux) tirent leur énergie de la nourriture qu'ils mangent. Jusqu'au siècle dernier, toute l'énergie de la nourriture disponible sur cette planète était dérivée de l'énergie solaire par photosynthèse. Soit vous mangiez des plantes soit vous mangiez des animaux qui se nourrissaient de plantes, mais l'énergie provenait finalement du soleil.

Il aurait été absurde de penser qu'un jour nous manquerions d'ensoleillement. Non, l'ensoleillement était une ressource abondante, renouvelable et le processus de photosynthèse nourrissait toute vie sur la planète. Il plaçait également une limite sur la quantité de nourriture qui pouvait être produite à chaque instant, et ainsi limiter la croissance de la population. L'énergie solaire a un flux limité sur la planète. Pour augmenter votre production de nourriture, il fallait augmenter la surface cultivable et déplacer vos concurrents. Il n'y avait pas d'autres moyens pour augmenter l'énergie disponible pour la production de nourriture. La population humaine crût en déplaçant tout et en s'appropriant de plus en plus de l'énergie solaire.

Le besoin d'augmenter la production agricole est l'une des causes qui motiva la plupart des guerres, associé à l'accroissement des besoins énergétiques (et la production agricole est vraiment une partie essentielle des besoins énergétiques.) Quand les Européens ne purent plus étendre leur surfaces agricoles, ils commencèrent à conquérir le monde. Les explorateurs furent suivis des conquérants, puis des commerçants et des colons. Les raisons annoncées de l'expansion pouvait être le commerce, l'avarice, l'empire ou simplement la curiosité, mais à l'origine, tout était question d'augmentation de la productivité agricole. Où que les explorateurs et conquérants voyagèrent, ils ont pu ramener des butins, mais ont laissé des plantations. Ensuite, les colons travaillent à rendre la terre cultivable pour y établir leur propre ferme. Ces conquêtes ont duré tant qu'il y avait des terres pour s'étendre. Jusqu'à aujourd'hui, les propriétaires terriens et les fermiers luttent et réclament plus de terres pour la production agricole, mais ils se battent pour des restes. Aujourd'hui, virtuellement toutes les terres productives de cette planète sont exploitées pour l'agriculture. Ce qui reste inutilisé est trop escarpé, trop humide, trop sec ou sur un sol trop pauvre en nutriment.1

Au moment où la production agricole ne peut plus s'étendre par accroissement de la surface, de nouvelles innovations rendent possible une meilleure productivité des terres disponibles. Le processus de déplacement des "nuisibles" et d'appropriation pour l'agriculture, accéléré par la révolution industrielle et la mécanisation de l'agriculture, a accéléré le nettoyage et le labourage de la terre et augmenté la taille des exploitations qui pouvaient être tenues par une seule personne. A chaque accroissement de la production agricole, la population humaine augmentait aussi.

A présent, les humains se sont approprié environ 40% des capacités de photosynthèse de toutes les terres.2 Aux USA, c'est plus de la moitié de l'énergie capturée par photosynthèse.3 Nous nous sommes approprié la meilleure moitié de la planète. Le reste de la nature est forcé de faire avec ce qui reste. Ceci est le premier facteur d'extinction des espèces et du stress de l'écosystème.

Sommaire

1 La Révolution Verte

2 Les coûts du pétrole fossile

3 Sol, terre arable et eau

4 La consommation des USA

5 Population et développement durable

6 Trois choix

7 Note de l'auteur

[modifier]

La Révolution Verte

Dans les années 1950 et 1960, l'agriculture a subit une transformation radicale souvent appelée la Révolution Verte. La révolution verte est le résultat de l'industrialisation de l'agriculture. Une partie des avancées provint de nouvelles plantes hybrides, donnant des récoltes bien plus productives. Entre 1950 et 1984, alors que la révolution verte transformait l'agriculture dans le monde entier, la production de semence mondiale crût de 250%.4 C'est un accroissement considérable de la quantité de nourriture disponible pour la consommation humaine. Cet accroissement d'énergie ne provenait pas d'une augmentation de l'ensoleillement, ni de l'apparition de nouveaux horizons de terres agricoles. L'énergie de la révolution verte provenait des énergies fossiles sous la forme d'engrais (gaz naturel), de pesticides (pétrole) et d'irrigation motorisée.

La Révolution Verte a accru la quantité d'énergie consommé par l'agriculture de 50 fois en moyenne par rapport à l'agriculture traditionnelle.5 Dans les cas les plus extrêmes, la consommation d'énergie de l'agriculture a été multipliée par 100 ou plus. 6

Aux USA, 730 kg d'équivalent pétrole (400 gallons) sont dépensés par an pour nourrir chaque Américain (données de 1994). 7 La consommation d'énergie pour l'agriculture se répartie comme suit :

  • 31% pour la fabrication d'engrais non organique
  • 19% pour les engins agricoles
  • 16% pour le transport
  • 13% pour l'irrigation
  • 08% pour élever le bétail (sans sa nourriture)
  • 05% pour l'assèchement des récoltes
  • 05% pour la production de pesticide
  • 08% divers8

Les coûts énergétiques pour emballer, refroidir, transporter vers les revendeurs finals et cuisiner ne sont pas pris en compte dans ces chiffres.

Pour donner une idée au lecteur du besoin en énergie de l'agriculture moderne, la production d'un kg d'azote pour les engrais requiert l'énergie équivalente de 1,4 à 1,8 litres de diesel. Sans considérer le gaz naturel de base.9 Selon le Fertilizer Institute (http://www.tfi.org), du 30 juin 2001 au 30 juin 2002 les USA ont utilisés 12 009 300 tonnes d'engrais azoté.10 En utilisant le chiffre bas de 1,4 litres de diesel équivalent par kilogramme d'azote, ceci correspond à l'énergie contenue dans 15,3 milliards de litres de diesel, soit 96,2 millions de barils.

Bien sûr, ceci n'est qu'une comparaison grossière pour aider à comprendre les besoins d'énergie de l'agriculture moderne.

Dans un sens littéral, nous pouvons dire que nous mangeons du pétrole. Cependant, à cause des lois de la thermodynamique, il n'y a pas de correspondance directe entre l'énergie consommée et l'énergie produire par l'agriculture. Tout au long du processus, il y a une perte d'énergie. Entre 1945 et 1994, l'énergie utilisée par l'agriculture a été multipliée par 4 tandis que les récoltes ont multipliées par 3.11 Depuis lors, l'énergie consommée n'a cessée d'augmenter sans d'augmentation correspondante des récoltes. Nous avons atteint le point des retours marginaux (?). A cause de la dégradation des sols, de la demande croissante de gestion des nuisibles et des coûts pour l'irrigation (qui sont détaillés ci-dessous), l'agriculture moderne doit continuer d'augmenter ses dépenses énergétiques simplement pour maintenir sa production actuelle. La révolution verte va à la faillite.

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Les coûts du pétrole fossile

L'énergie solaire est une ressource renouvelable limitée seulement par le flux de lumière du soleil vers la terre. Le pétrole fossile, au contraire, est une ressource stockée qui peut être utilisée à un taux presque sans limite. Cependant, à échelle de temps humaine, le pétrole fossile est non renouvelable. Il représente un stock d'énergie planétaire dans lequel nous pouvons piocher au rythme que nous voulons, mais qu'on finira par épuiser sans renouvellement. La Révolution Verte exploite ce dépôt d'énergie pour améliorer la production agricole.

Le total de pétrole fossile utilisé par les USA a été multiplié par 20 dans les 40 dernières années. Aux USA, nous consommons 20 à 30 fois plus d'énergie issue de pétrole fossile par personne que dans les nations en développement. L'agriculture compte directement pour 17% de toute l'énergie utilisée dans ce pays.12 En 1990, nous utilisions approximativement 1000 litres (6,41 barils) de pétrole pour produire de la nourriture avec un hectare de terre.13

En 1994, David Pimentel et Mario Giampietro estimaient que le rapport produits/intrants de l'agriculture était environ 1,4. 14 Pour 0,7 kcal d'énergie fossile consommée, l'agriculture des USA produisait 1 kcal de nourriture. Le chiffre d'entrée de ce ratio était basé sur des statistiques de la FAO (Food and Agriculture Organization des Nations Unies) qui ne considère que les engrais (sans inclure la matière de base des engrais), l'irrigation, les pesticides (sans inclure la matière de base des pesticides), et les engins agricoles et leur carburant. Les autres énergies en entrée de l'agriculture qui ne sont pas considérées étaient l'énergie et les machines pour assécher les récoltes, le transport des intrants et des produits de et vers la ferme, l'électricité, et la construction et l'entretien des bâtiments et infrastructures. Ajouter dans les estimations ces coûts énergétiques conduisent le ration produits/intrants vers une valeur proche de 1.15 Ceci n'inclut pas non plus les dépenses d'énergie de l'emballage, du transport vers les détaillants, le refroidissement ou la cuisson finale.

Dans un rapport ultérieur de la même année (1994), Giampietro et Pimentel réussirent à construire un ratio plus précis de l'utilisation de l'énergie fossile dans l'agriculture.16 Dans cette étude, les auteurs définirent deux types d'énergie en entrée : l'énergie endosomatique et l'énergie exosomatique. L'énergie endosomatique est générée par la transformation métabolique de l'énergie de la nourriture en énergie musculaire dans le corps humain. L'énergie exosomatique est générée par la transformation de l'énergie en dehors du corps humain, comme brûler du pétrole dans un tracteur. Cette donnée permet aux auteurs de se concentrer sur les entrées de fuel fossile uniquement et de son ratio par rapport aux autres entrées.

Avant la révolution industrielle, virtuellement 100% des énergies endomatiques et exosomatiques étaient d'origine solaire. Le pétrole fossile représente maintenant 90% de l'énergie exosomatique utilisée aux USA et dans les autres pays développés.17 La ratio typique exo/endo des sociétés pré-industrielles, basées sur le soleil, est environ de 4 pour 1. Le ratio a décuplé dans les pays développés, passant à 40 pour 1. Aux USA, il est supérieur à 90 pour 1.18 La nature de la manière dont on utilise l'énergie endosomatique a évolué de la même manière.

La grande majorité de l'énergie endosomatique n'est plus dépensée pour produire de la puissance dans les processus économiques. La majorité de l'énergie endosomatique est maintenant utilisée pour générer le flux d'information dirigeant le flux d'énergie exosomatique pour conduire les machines. En considérant le ration de 90/1 aux USA, chaque kcal d'énergie endosomatique dépensée aux USA induit la circulation de 90 kcal d'énergie exosomatique. Par exemple, un petit moteur à essence peut convertir les 38000 kcal d'un gallon (3,785 litres) d'essence en 8,8 kWh (kilowatt heure), ce qui équivaut à environ 3 semaines de travail pour un humain.19

Dans leur étude plus précise, Giampietro et Pimentel trouvèrent que 10 kcal d'énergie exosomatique étaient requises pour produire et fournir 1 kcal de nourriture au consommateur Américain. Ceci inclut l'emballage et toutes les dépenses de livraison, mais exclut la cuisson. 20 Le système d'alimentation Américain consomme 10 fois plus d'énergie qu'il produit en nourriture. Cette asymétrie repose sur les stocks de pétrole fossile non renouvelable.

Avec une hypothèse de 2500 kcal par personne pour une ration quotidienne aux USA, le ratio de 10/1 se traduit en un coût de 35000 kcal d'énergie exosomatique par personne et par jour. Cependant, considérant que le retour moyen d'une heure de travail endosomatique aux USA est d'environ 100000 kcal d'énergie exosomatique, le flux d'énergie exosomatique réquis pour fournir la ration quotidienne est atteint en seulement 20 minutes de travail dans notre système actuel. Malheureusement, si l'on supprime l'énergie fossile de l'équation, la ration quotidienne requiert 111 h de travail endosomatique par personne ; c'est-à-dire, qu'il faudrait près de 3 semaines de travail par personne pour produire la ration quotidienne américaine.

Assez simplement, quand la production de pétrole commencera à diminuer dans les années à venir, il y aura moins d'énergie disponible pour produire de la nourriture.

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Sol, terre arable et eau

L'agriculture intensive moderne n'est pas durable. L'agriculture améliorée technologiquement augmente l'érosion du sol, pollue et surconsomme les eaux souterraines et de surface, et même (essentiellement à cause de l'usage des pesticides) provoque de sérieux problèmes d'environnement et de santé publique. L'érosion du sol, les terres surexploitées et les ressources en eau surutilisées conduisent à leur tour à une encore plus grande utilisation des hydrocarbures. On utilise plus d'engrais à base d'hydrocarbure, ainsi que plus de pesticide ; l'irrigation par pompage consomme aussi plus d'énergie ; et les pétroles fossiles sont utilisés pour traiter l'eau polluée.

Il faut 500 ans pour remplacer 2,56 cm de terre arable.21 En environnement naturel, la reconstitution de la terre se fait par décomposition des matières végétales, protégée de l'érosion par les plantes qui apparaissent. Dans les sols fragilisés par l'agriculture l'érosion réduit la productivité de 65% tous les ans.22 Les prairies, qui constitue l'essentiel des terres aux USA, ont perdu la moitié de la couche arable après environ 100 ans d'exploitation fermière. Ce sol s'érode 30 fois plus vite qu'il ne se forme.23 Les récoltes sont bien plus gourmandes que l'herbe qui couvrait les Grandes Plaines. En conséquence, la terre arable restante est de plus en plus pauvre en nutriments. L'érosion du sol et l'appauvrissement en minéraux coute environ 20 milliards de dollars en nutriments à l'agriculture américaine chaque année.24 Le sol de la Grande Plaine est maintenant en grande partie comme une éponge qu'il faut alimenter en engrais carbonés pour pouvoir produire les récoltes.

Chaque année aux USA, plus de 800 000 ha de terre agricole sont perdues à cause de l'érosion, du sel ou du (water logging ?). De plus, l'urbanisation, la construction de route et les besoins industriels requièrent annuellement 400 000 ha de terre.24 Approximativement 3/4 des terres aux USA sont dédiées à l'agriculture et à l'exploitation forestière.25 L'expansion de la population humaine ajoute une pression croissante sur les disponibilité de terre. En conséquence, seulement une petite partie de la surface des USA reste disponible pour les technologies d'énergies solaires nécessaires à une économie basée sur l'énergie solaire. La surface pour exploiter la biomasse est également limitée. Pour cette raison, le développement du solaire et de la biomasse doit se faire au détriment de l'agriculture.

L'agriculture moderne contraint également nos ressources en eau. L'agriculture consomme 85% de toutes les ressources américaines en eau douce.26 De nombreuses ressources d'eau de surface sont surexploitées, particulièrement à l'ouest et au sud. L'exemple typique est la rivière Colorado, qui est détourné goutte après goutte avant qu'il n'atteigne le Pacifique. L'eau de surface ne représente que 60% de l'eau utilisée pour l'irrigation. Le reste, et par endroit la majorité de l'irrigation, vient de nappes phréatiques. Les nappes phréatiques se remplissent doucement par percolation de l'eau de pluie au travers de la croûte terrestre. Moins de 0,1% de l'eau souterraine stockée et puisée par an est remplacé par la pluie.27 La grande nappe Ogallala qui fournit l'eau pour l'agriculture, l'industrie et les foyers des états du sud et du centre des USA est exploité à 160% de son taux de rechargement. La nappe d'Ogallala deviendra improductive d'ici quelques dizaines d'années.28

Nous pouvons illustrer la demande que place l'agriculture moderne sur les ressources en eau en regardant un champs de maïs. Une récolte de maïs qui produit 118 bushels/acre/an (?) requiert plus de 500 000 gallons/acre d'eau pendant la croissance. La production d'un kilo de maïs requiert 1400 litres d'eau.29 A moins de faire quelque chose pour réduire cette consommation, l'agriculture moderne va propulser les USA dans une crise de l'eau.

Ces vingts dernières années, l'utilisation de pesticide aux USA a été multiplié par 33, et chaque année, il y a plus de pertes dues aux parasites.30 C'est le résultat de l'abandon de la pratique traditionnelle de rotation des cultures. Près de 50% des surfaces de maïs américain est dédiée uniquement à la monoculture du maïs.31 Cela provoque une augmentation des parasites du maïs, qui à son tour déclenche l'utilisation de plus de pesticides. L'utilisation des pesticides sur les récoltes de maïs a été multipliée par 1000 même avant l'introduction de maïs résistant aux pesticides par génie génétique. Et cependant, les pertes de maïs ont tout de même été multipliée par 4.32

L'agriculture moderne n'est pas durable. Elle abîme la terre, en drainant les ressources en eau et polluant l'environnement. Et ceci requiert de plus en plus de pétrole fossile pour pomper l'eau pour irriguer, pour remplacer les nutriments, pour protéger des parasites, pour compenser l'environnement et simplement maintenir le niveau de production constant. Pourtant cette entrée nécessaire de combustible fossile va devoir affronter la diminution de la production de combustible fossile.

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La consommation des USA

Aux USA, chaque personne consomme une moyenne de 987 kg de nourriture par an. Cela fournit au consommateur américain une moyenne d'apport quotidien d'énergie de 3600 kcal. La moyenne mondiale est de 2700 kcal par jour.33 Aux USA, 19% des apports en calorie proviennent directement des fast food. Les fast food participent pour 34% à la consommation totale de nourriture des citoyens américains. Le citoyen moyen mange en dehors de chez lui une fois sur quatre.34

Un tiers des apports caloriques des américains moyens provient de sources animales (y compris les produits laitiers), pour un total de 363 kg par personne et par an. Ce régime signifie que les citoyens américains dérivent 40% de leurs calories de graisse - près de la moitié de leur régime.35

Les Américains sont également de gros consommateurs d'eau. Il y a 10 ans, les Américains consommaient 4589 litres/jour/personne (l/j/p), la plus grande part utilisée pour l'agriculture. En tenant compte de l'augmentation de population prévue, la consommation d'ici 2050 est estimée à 2650 l/j/p, que les hydrologistes considèrent comme minimaux pour les besoins humains.36 C'est sans compter sur le déclin de la production de carburant fossile.

Pour fournir toute cette nourriture, il faut 600 000 tonnes de pesticide par an en Amérique du Nord. C'est plus d'un cinquième du total mondial des pesticides utilisés, estimé à 2,5 millions de tonnes.37 Au niveau mondial, on utilise plus d'engrais azoté par an que la nature ne peut en produire. De même, l'eau est pompée des nappes phréatiques à rythme supérieur à celui qu'elles ne se remplissent. Les stocks de minerais importants comme le phosphore ou le potassium s'approchent rapidement de l'épuisement.38

Le total d'énergie consommée par les USA est trois fois le montant de l'énergie solaire collectée sous forme de produits forestiers ou de récoltes. Les USA consomment annuellement 40% plus d'énergie que le montant total d'énergie solaire capturée en un an par toute la biomasse des USA. L'Amérique du Nord utilise par habitant cinq fois plus de carburant fossile que la moyenne mondiale.39

Notre prospérité est construite sur le principe d'épuisement le plus rapide possible des ressources mondiales, sans considération pour nos voisins, les autres formes de vie de la planète, ou nos enfants.

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Population et développement durable

En considérant un taux d'accroissement de 1,1% par an, la population des USA devrait doubler d'ici 2050. Comme la population croît, environ 0,4 ha de terre sera perdu pour chaque nouvelle personne ajoutée à la population des USA. A ce jour, il y a 0,73 ha de terre cultivable pour chaque citoyen américain. D'ici 2050, ceci devrait passer à 0,24 ha. Pour maintenir les rations standards il faut 0,48 ha par personne.40

Aujourd'hui, seules deux nations dans le monde sont des exportateurs majeurs de grain : les USA et le Canada.41 D'ici 2025, il est prévu que les USA cessent d'être un exportateur de nourriture à cause de la demande intérieure. L'impact sur l'économie américaine pourrait être désastreuse, puisque les exportations de nourriture rapportent 40 milliards de dollars annuellement aux USA. Plus important, des millions de gens pourraient mourir de faim dans le monde sans les exportations de nourriture américaines.42

Aux USA, 34,6 millions de gens vivent dans la pauvreté selon des données du recensement 2002.43 Ce nombre continue d'augmenter à un rythme alarmant. Trop de ces gens n'ont pas de ration quotidienne suffisante. Comme la situation s'aggrave, ce nombre augmentera et les USA seront témoin d'un nombre de plus en plus important de morts de famine.

Il y a plusieurs choses que nous pouvons faire pour alléger cette tragédie. On pourrait améliorer l'agriculture pour qu'elle se débarrasse des pertes, gaspillages et mauvaise gestion pour réduire la consommation d'énergie dédiée à la production de nourriture de moitié.35 On pourrait utiliser les engrais issus du bétail qui sont gaspillés pour remplacer les engrais basés sur le pétrole. On estime que les engrais issus du bétail contiennent 5 fois la quantité d'engrais utilisé chaque année.36 Le plus efficace serait peut-être de supprimer la viande de nos repas.37

Mario Giampietro et David Pimentel estiment qu'il serait possible d'avoir un système d'alimentation durable si quatre conditions étaient réalisées :

  1. Des technologies agricoles environnementalement saines doivent être mises en place.
  2. Des énergies renouvelables doivent être utilisées.
  3. Des augmentations majeures de l'efficacité énergétique doivent réduire la consommation d'énergie exosomatique par personne.
  4. La taille et la consommation de la population doivent être compatibles avec le maintient de la stabilité des processus environnementaux.

Si les trois premières conditions sont réalisées, avec une réduction de moins de la moitié de consommation d'énergie exosomatique par personne, les auteurs estiment à 200 millions la population maximale dans une économie durable.39 Plusieurs autres études ont produit des chiffres de cet ordre(Energy and Population, Werbos, Paul J. http://www.dieoff.com/page63.htm; Impact of Population Growth on Food Supplies and Environment, Pimentel, David, et al. http://www.dieoff.com/page57.htm).

Sachant que la population des USA actuelle est de 292 millions, 40 cela signifie une diminution de 92 millions. Pour réaliser une économie durable et éviter un désastre, les USA doivent réduire leur population d'au moins un tiers. La peste noire du XIVe siècle tua environ un tiers de la population européenne (et plus de la moitié de la population Asiatique et Indienne), plongeant le continent dans une période difficile dont il fallut près de deux siècles pour sortir.41

Aucune de ces études ne considère l'impact de la baisse de la production de pétrole. Les auteurs de toutes ces études croient que la crise de l'agriculture ne commencera à avoir un impact qu'après 2020, et ne deviendra pas critique avant 2050. Le pic actuel de production de pétrole (et le déclin qui va suivre), associé au pic de production du gaz naturel d'Amérique du Nord va très vraissemblablement provoquer cette crise de l'agriculture plus tôt que prévu. Il est fort probable qu'une réduction d'un tiers de la population des USA ne sera pas très efficace pour la durabilité ; la réduction nécessaire pourrait dépasser la moitié. Au niveau mondial, la durabilité ne pourrait être atteinte qu'après une réduction de la population de 6,32 milliards d'habitants42 à 2 milliards - une réduction de 68% ou plus des deux-tiers. La fin de cette décennie pourrait voir des prix de la nourriture se développer sans contrôle. La décennie suivante pourrait voir apparaître des famines à niveau jamais subit par la race humaine.

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Trois choix

Considérant l'absolue nécessité de la réduction de population, il y a trois choix évidents devant nous.

Nous pouvons, comme une société devenue consciente de ses options faire lucidement le choix de ne plus augmenter notre population. C'est la solution la plus raisonnable des trois options : choir volontairement et librement de réduire de manière responsable la population. Cependant, cela heurte notre impératif biologique de procréation. C'est aussi compliqué par la capacité de la médecine moderne d'étendre notre longévité, et par le refus des Religions d'accepter des règles de gestion de la population. Et puis, il y a aussi un fort lobby pour maintenir un niveau élevé d'immigration pour maintenir bas le coût du travail. Bien que ce soit probablement notre meilleur choix, il y a peu de chance qu'il soit retenu.

Si l'on n'arrive pas à diminuer volontairement notre population, on peut forcer des réductions dans la population à travers des règlements gouvernementaux. Est-il nécessaire de préciser à quel point cette option peut être désastreuse ? Combien d'entre nous choisiraient de vivre dans un monde de stérilisation forcée et de quotas de population maintenus par des lois ? Avec quelle facilité ceci pourrait mener à un sélection de la population utilisant des principes d'eugénisme ?

Reste le troisième choix, qui, à lui seul, présente une indicible image de souffrance et de mort. Si nous devions échouer à reconnaître cette crise à venir et décider de la gérer, nous ferions face à une décroissance dont la civilisation ne se remettra peut-être jamais. Nous perdrions probablement plus que le nécessaire pour assurer la durabilité. Avec ce scénario de décroissance, les conditions se détérioreraient tellement que les survivants seraient une fraction négligeable de la population actuelle. Ces survivants vivraient dans le souvenir de la mort de leur civilisation, leurs voisins, leurs amis et leurs familles. Ces survivants auront vu leur monde s'effrondrer.

Les questions que nous devons nous poser maintenant sont, comment peut-on laisser cela se produire, et que peut-on faire pour l'empêcher ? Notre façon de vivre actuelle signifie-t-elle tant que nous nous placions nous même et nos enfants devant cette tragédie approchant rapidement pour quelques années de consommation de plus ?

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Note de l'auteur

C'est probablement l'article le plus important que j'ai écris à ce jour. C'est certainement le plus effrayant, et la conclusion est la plus triste que j'ai jamais écrite. Cette article va probablement déranger le lecteur ; il m'a sans aucun doute perturbé. Pourtant, il est important pour notre futur que cet article soit lu, compris et discuté.

Je suis par nature positif et optimiste. En dépit de cet article, je continue à croire que nous trouverons une solution positive aux multiples crises qui nous font face. Bien que cet article puisse provoquer de nombreux courriels haineux, c'est un simple rapport factuel de données et de la conclusion évidente qui en découle.

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24 octobre 2005

"Le pétrole"

Le pétrole:

Si des astronomes annonçaient qu'un astéroïde géant se dirigeait vers la Terre et devait s'écraser avant, disons, 2015, cela ferait la une des journaux. On en parlerait tous les jours, l'assemblée générale de l'ONU serait convoquée et toute la société ferait des plans pour survivre. Si, par contre, on tente d'expliquer que le pétrole va bientôt manquer, personne ne réagit.... Vous trouvez ça logique ?

Tout le monde dit qu'il y a encore assez de réserves pour 40 ou 50 ans. Qu'en est-il en réalité?

La réponse à cette question dépend en fait de la personne à laquelle on la pose. Pour de nombreux économistes, il n'y a pas vraiment de problème fondamental. Bien sûr, des prix élevés sont mauvais pour l'économie, mais ils permettront d'exploiter des gisements qui ne sont pas rentables pour l'instant et ils stimuleront la recherche dans des sources d'énergie alternative. Certains pensent même que les ressources sont virtuellement illimitées, et que la recherche et la loi du marché sont capables de faire croître les réserves plus rapidement que les dépenses. Ces économistes sont si nombreux qu'on leur a même donné un nom : on les appelle les "économistes de la Terre plate". Pour ces personnes, la loi du marché est une vraie loi, au même niveau que les lois de la physique, et elle est capable de résoudre à elle seule tous les problèmes que peut rencontrer la société. Ils pensent que l'énergie à la même valeur que les différentes matières premières, alors quelle est en fait la condition nécessaire à l'obtention d'autres ressources (y compris l'énergie elle même). Ils pensent que l'économie "crée des richesses", alors qu'elle ne fait que transformer les matières premières et que, sans énergie, il n'y a tout simplement plus d'économie.

Quand des économistes discourent à la télé et qu'entre deux sujets (le chômage, le prix des matières premières, etc), ils évoquent les difficultés que font peser sur l'économie les prix du pétrôle, ils ont tout faux. Le pétrole n'est pas un problème.

Le pétrole est LE problème.


Et puis... Il y a les autres. Il y a les géologues, bien sûr, mais également les techniciens qui exploitent les champs pétrolifères, les mains dans le cambouis. Ils ont une vision très différente de la vision rose bonbon que je viens de vous présenter.


1. Le Pic de Hubbert


Tout d'abord, soulignons que la prévision classique "il reste assez de pétrole pour tant d'années" est faite en supposant que la consommation reste constante. Malheureusement, c'est très loin d'être le cas. Ces dernières années, de nouveaux très gros consommateurs (la chine et l'inde pour l'essentiel) sont apparus sur le marché et consomment autant qu'ils le peuvent. Ceci étant dit, poursuivons.

Comme toutes les ressources finies, la production de pétrole a commencé et finira à zéro. Entre ces deux extrêmes, la production passe nécessairement par un maximum. On appelle ce maximum le "pic de Hubbert", du nom du géologue qui l'a calculé le premier. Il se produit approximativement quand la moitié du pétrole disponible a été extraite, et tout laisse à penser que ce pic est imminent.

En 1956, le géologue King Hubbert a prédit que la production de pétrole aux USA atteindrait son maximum aux alentours de 1970 avant de commencer à décroître. Evidemment, tout le monde l'a ridiculisé. Et pourtant, il avait raison et, depuis 1971, la production de brut aux USA ne cesse de baisser. Bien sûr, ce phénomène n'est pas propre à ce pays mais commun à toutes les régions productrices. Seule la date diffère. A l'heure actuelle, la plupart des pays ont atteint ou dépassé leur pic de production. Les seuls pays ne l'ayant pas encore atteint sont au moyen-orient.

Maintenant il est évident que, si l'on considère la production mondiale dans son ensemble, le même phénomène doit se produire. Selon le site de l'ASPO, la date la plus probable est 2008... C'est plutôt proche, non ?

A ce point de notre raisonnement, quelques remarques s'imposent :

- Le gouvernement Américain actuel rassemble beaucoup de membres de l'industrie pétrolière. Il est très probable que leur invasion de l'Irak ait été planifiée en prévision du "peak oil".

- Pour extraire du pétrole, du charbon ou des sables bitumineux, on a besoin d'énergie (pompes, etc), et donc de pétrole. En d'autres termes, il arrive un moment où l'extraction n'est plus rentable, et ceci quel que soit le prix du marché. S'il faut brûler un baril pour en récupérer un, on ne le fera pas, même à 10 000 $ le baril. C'est un concept que les économistes de le Terre plate ont beaucoup de mal à comprendre... De nombreuses réserves d'hydrocarbures fossiles sont donc "hors de portée" et ne seront jamais utilisées sauf, peut être, comme source de matières premières.

Quelques liens pour vous faire votre propre opinion :

et il y en a bien d'autres.


2. Les conséquences


Quelles seront les conséquences ? Immenses. Une fois le pic atteint, la production ne peut que chuter, ce qui signifie une explosion des prix. Actuellement, on a une crise pétrolière si la production est inférieure même d'un demi pour cent à la demande, mais cette crise sera bien plus sévère ! Bien sûr, il restera encore du pétrole pour quelques années, mais il sera cher. Très cher. Et les prix ne feront que monter...

Plus concrètement, l'explosion des prix du brut signifie, entre autre joyeusetés :

- La fin de la globalisation

Plus personne n'ira faire fabriquer des T-shirts à 10 centimes la douzaine à l'autre bout du monde si le prix du pétrole atteint des sommets. Evidemment, ce n'est pas forcément une mauvaise chose, car ces emplois pourraient retourner chez nous. Toutefois, cela signifie également un bouleversement immense de l'économie qui aura le plus grand mal à s'adapter. Cela signifie aussi que nombre de produits redeviendront, comme autrefois, des produits de luxe (par exemple, les bananes et le cacao pour les européens).

- La fin de l'industrie aéronautique.

Cette industrie est extrêmement sensible au prix du pétrole. Dans un premier temps ils pourront survivre en augmentant leurs tarifs mais, passé un certain niveau, l'inévitable envolée du brut signera leur perte. Au tout début le l'aviation, le passage d'un avion poussait les foules, éberluées, à interrompre leurs occupations et à pousser des cris de joie tandis qu'ils désignaient de leur doigt l'appareil à leurs voisins. Ils se pourrait bien que, dans un futur proche, un phénomène similaire se produise à nouveau.

Regarde! Ça alors, un avion ! Ça doit bien faire dix ans que j'en ai pas vu un !

- La fin du tourisme international

Si vous voulez un jour faire le tour du monde, il vaut peut être mieux partir maintenant. Par ailleurs, faut-il vraiment que je vous rappelle que l'industrie touristique est une des premières industries mondiales et une source importante de devises ?

- D'immenses bouleversements dans notre mode de vie

Certains aspects de notre mode de vie devont être révisés entièrement. Un exemple parmi d'autres est celui des grandes mégalopoles qui ont été bâties après la découverte du pétrole. Elles ont été conçues en intégrant l'automobile depuis le début et deviendront en grande partie inhabitables.

- La fin de la croissance

La croissance, ce n'est pas uniquement plus de biens produits, c'est également plus de matières premières et plus d'énergie consommées. Une diminution de la production globale de pétrole n'a qu'une seule issue : la décroissance, que cela nous plaise ou pas.

- Un crash boursier global

La bourse dépend entièrement de la croissance et les investisseurs viennent pour gagner de l'argent, pas pour en perdre. Peu de temps après le crash, la bourse fermera, "provisoirement" bien sûr, juste le temps que le marché se rétablisse. Il ne se rétablira pas.

- Un crash du dollar

C'est un point presque anecdotique par rapport à la situation qui affectera toute la planète (même si cet évènement pourrait bien être le premier à se manifester, voire même le déclencheur) mais il mérite d'être souligné. Pour résumer, les USA ont réussi depuis la dernière guerre mondiale à imposer le Dollar comme monaie d'échange pour le pétrole. En conséquence, tous les pays souhaitant en importer doivent emprunter des Dollars, soutenant ainsi de façon artificielle cette devise. Dans la pratique, cela signifie que les USA peuvent ainsi se permettre un déficit commercial considérable sans conséquence immédiate. En contrepartie, si ce système s'arrête, ils seront les tous premiers à en souffrir.



- Et évidemment, un chômage explosif, des émeutes, etc, etc.

Enfin, ce n'est pas tout. La fameuse "révolution verte" a été rendue possible par le pétrole. Le pétrole sert à fabriquer les engrais et les insecticides indispensables à l'agriculture moderne. Sans lui, les rendements s'effondrent. Conclusion : la population actuelle (plus de 6 milliards) ne pourra plus être nourrie en entier. Il est fort possible que plusieurs milliards d'humains meurent de faim dans un futur proche...


Si vous voulez un aperçu de ce qui risque de nous arriver, vous n'avez qu'à regarder la situation en Corée du nord pour voir ce qui se passe quand il n'y a plus d'engrais ni d'essence pour les machines agricoles. Heureusement, tout n'est pas encore perdu puisque un peu d'aide humanitaire parvient encore à ce pays.

Grâce au pétrole.


3. En conclusion


Sachant :

- Que les derniers champs géants de pétrole ont été découverts dans les années 1960

- Que les champs géants d'Arabie Saoudite sont vieux de 60 ans, et devraient bientôt commencer à décliner

- Que les réserves des pays membres de l'OPEC ont été artificiellement gonflées dans les années 1980 suite à la "guerre des quotas" qui favorisait les pays possédant les plus grandes réserves, et que les réserves véritables sont donc inférieures à celles officiellement annoncées

- Qu'il faut trouver le pétrole avant de le consommer et que, depuis 1980, la consommation dépasse les réserves découvertes (nous dépensons actuellement quatre barils de pétrole pour chaque baril découvert)

- Que la fusion nucléaire ne sera pas maîtrisée avant une cinquantaine d'années au moins et que la fameuse "fusion froide" reste très hypothétique

- Que le gaz naturel commence déjà à manquer en Amérique du nord

- Que la plupart des énergies alternatives sont, en partie, rendues viables grâce à l'existence d'un pétrole bon marché (par exemple, il faut beaucoup d'énergie pour extraire le charbon et acheminer le minerai)

- Que le prix actuel du baril de brut est aux alentours de 43 $...

Je pense qu'il est temps de s'inquiéter sérieusement. Après tout, la crise de 1929 et les deux derniers chocs pétroliers n'étaient pas des évènements particulièrement joyeux. Il y a naturellement quelques optimistes qui prétendent que la situation est totalement différente, et que nous n'avons rien à craindre avant une quinzaine d'années supplémentaires (ce qui nous amène aux alentours de 2023). Je ne sais pas ce que vous en pensez mais, si la seule différence entre les pessimistes (ou plutôt les réalistes) et les optimistes est une misérable quinzaine d'années, c'est plutôt inquiétant.

Pour ceux qui seraient encore sceptiques, rappelez-vous les grèves des routiers (et des pêcheurs, mais on en a moins parlé et ils étaient plus faciles à ignorer). Le pays a été paralysé parce que le prix (hors taxes !) du pétrole était trop élevé. On parle ici de centimes. Imaginez ce qu'un prix à la pompe doublé, triplé, voire plus, engendrera ! Il suffit de moins d'une semaine pour que les produits frais commencent à manquer en magasin. Notez également que pendant la dernière grève des routiers en Grande Bretagne, les opérations chirurgicales non urgentes ont été annulées...

Au risque de vous surprendre, le pic de Hubbert a déjà eu des conséquences. Le pic global ne s'est, à priori, pas encore manifesté, mais les pics locaux qu'ont connus les pays producteurs ont eu au moins deux conséquences très intéressantes :

- Les USA ont connu leur pic de production en 1970. A peine trois ans plus tard, en 1973, les pays de l'OPEC se sentaient suffisament en position de force pour relever leurs tarifs, conduisant ainsi au premier choc pétrolier. Bien sûr, cette crise était politique. Néanmoins, elle ne se serait jamais produite si la géologie n'avait pas déjà limité la production des USA. De ce point de vue, cette crise était une répétition de ce qui nous attend. (La production hors du moyen-orient s'épuise plus vite, de sorte que, dans le futur, la production se concentrera de plus en plus dans cette région)

- L'ancienne URSS a connu son pic de production en 1987. Quatre ans plus tard, elle s'effondrait complètement. Bien sûr, on peut toujours dire que le communisme était inadapté et a fini par capituler devant le capitalisme triomphant. C'est peut être le cas, mais ce système a quand même tenu soixante-dix ans avant de s'en apercevoir.

Une dernière remarque pour finir. Les biocarburants ne sont pas non plus la panacée. Ces plantes ont aussi besoin d'engrais et de pesticides, et il faut donc du pétrole pour avoir un rendement suffisant. En outre, si l'on voulait faire rouler toutes les voitures au carburant vert, il faudrait une surface cultivable(*) supérieure à celle dévolue actuellement aux cultures agricoles(**) !

(*) Une possibilité alternative serait de cultiver ces plantes directement dans l'océan. Il y avait un article sur le sujet sur Slashdot, et vous pouvez aussi lire mon article sur le sujet.

(**) Et ce problème n'est pas nouveau. À l'age d'or du cheval, en Angleterre, vers 1900, une part considérable de la production agricole était destinéee aux chevaux. Que l'on voyage en voiture ou en cheval, la problématique énergétique est la même : Si on veut de l'énergie pour se déplacer, il en reste moins pour se nourrir. Le pétrole a permis pendant des decennies de faire les deux, mais il faudra bientôt choisir.

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